Brèves syndicales

2013/12/06 | Par Maude Messier

Fast food : la mobilisation grandit, dans la rue

États-Unis – Ce jeudi, c’était jour de grève aux États-Unis pour des milliers d’employés de chaînes de restauration rapide qui réclament un salaire décent et le droit de former un syndicat sans entraves ni représailles.

Ils sont l’image même de ceux qu’on appelle les « working poors ». Avec un salaire moyen autour de 8$ de l’heure, la plupart d'entre eux vivent sous le seuil de la pauvreté, doivent cumuler deux emplois pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires et recourir aux bons alimentaires.

Si le salaire minimum avait évolué au même rythme que la productivité depuis 1968, il serait aujourd'hui de 21,72 $US l'heure, selon plusieurs économistes.

Rappelons que des campagnes de mobilisation et d’organisation des travailleurs, soutenues pour la plupart par des organisations syndicales, ont vu le jour dans différentes villes américaines au cours de la dernière année, réclamant toutes un salaire plancher de 15$ de l’heure.

L’industrie rétorque qu’une hausse des salaires induirait inévitablement une pression sur les emplois et pourrait mener à une hausse des prix.

Les organisateurs ont indiqué que la vague de débrayages cette semaine aurait touché jusqu’à une centaine de villes américaines, le mouvement de protestation prenant sans cesse de l’ampleur depuis un an et gagnant de nouvelles villes.

Les premières manifestations, suivies d’un débrayage historique au coeur de New York en novembre 2012, ont lancé le bal d’une série d’actions au cours de l’été suivant, dans une dizaine de villes. Puis, en août, il y a eu un débrayage massif dans une cinquantaine de villes, incluant des zones du Sud qui, traditionnellement, sont plutôt hostiles aux organisations et aux actions syndicales.

En ces jours qui précèdent la période des Fêtes et où, une fois par année, on parle abondamment des « pauvres », mais peu des causes de leurs maux, réflexion : la Grande guignolée des médias, c’est bien, mais le travail décent, c’est mieux.

Pour des témoignages et plus de détails :

The Nation

Salon

***

La FIQ en faveur de la Charte

Laval – La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) annonçait jeudi qu’elle prenait position en faveur de la Charte de la laïcité, de la neutralité de l'État, du principe de l'égalité entre les hommes et les femmes, de balises pour encadrer les demandes d'accommodements religieux et de l'interdiction des signes religieux visibles pour tous les employés de la fonction publique.

C'est dans une proportion de 60,6 % que les professionnelles en soin se sont prononcées pour l'interdiction du port de signes religieux visibles.

« À la lumière des résultats du sondage dirigé par une firme spécialisée auprès d'un échantillon représentatif des membres, d’expliquer la présidente de la Fédération, Régine Laurent, les déléguées réunis en conseil fédéral ce jeudi à Laval ont adopté une recommandation reflétant la volonté d'une majorité des membres de la FIQ. »

D’après les données de ce sondage, 76,1 % des membres sondés estiment nécessaire de baliser et d'encadrer les demandes d'accommodement religieux.

55 % disent recevoir des demandes d'accommodements pour motifs religieux de la part des patients. « Ainsi, ce pourcentage élevé vient confirmer notre prétention à l'effet que les demandes d'accommodements sont, contrairement à ce que les gestionnaires peuvent dire, relativement nombreuses », d’indiquer madame Laurent.

Soulignons que les délégués de la FTQ ont rejeté la semaine dernière une proposition d’appui au projet de loi 60. La CSN doit se pencher sur la question au cours de la semaine prochaine dans le cadre de la tenue d’un conseil confédéral. La CSQ doit faire de même dans les prochaines semaines.

Les délégués de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), réunis en conseil général en novembre dernier, ont choisi de poursuivre leur réflexion, l’interdiction du port de signes religieux créant une division importante au sein des membres.

Le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) s’est rapidement prononcé en faveur de la Charte plus tôt cet automne. Au Syndicat des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), les instances ont décidé de ne pas se prononcer sur la question.

***

Deux projets de lois pour les travailleurs


Québec – Les députés de Québec solidaire, Amir Khadir et Françoise David ont déposé mercredi deux projets de loi « visant à mieux protéger les droits des travailleurs et travailleuses ».

Le projet de loi 498 propose une modernisation des dispositions anti-briseurs de grève en interdisant notamment aux employeurs dont l’entreprise est en lock-out ou en grève de recourir à des travailleurs de remplacement situés à l’extérieur du lieu physique de travail.

Cette modification répondrait à un besoin largement exprimé dans les milieux syndicaux quant à la désuétude des dispositions de la loi. On se souviendra que le travail réalisé par les salariés de l’Agence QMI, mise sur pieds par ailleurs pendant le lock-out au Journal de Québec, a certainement été l’un des facteurs de l’enlisement du conflit au Journal de Montréal.

« Ces projets de loi visent à rétablir un équilibre de force nécessaire pour que les syndicats puissent négocier librement. Les lois actuelles sont désuètes. Le recours aux briseurs de grève est de plus en plus facile particulièrement pour les entreprises dont le travail peut facilement être délocalisé », d’expliquer Françoise David.

Et les intérêts du patron de Québecor, Pierre Karl Péladeau, nommé à la tête d’Hydro-Québec et dont les rumeurs d’un saut prochain en politique au sein du PQ circulent largement, ne seraient pas étrangers au fait que le gouvernement du Parti québécois tarde à resserrer la loi anti-briseurs, a soulevé Amir Khadir.

Quant au projet de loi n499, il vise à interdire les disparités de traitement, ou « clauses orphelins », basées sur la date d’embauche et relatives aux régimes complémentaires de retraite et aux régimes d’assurance collective.

La loi actuelle comporte un flou qui permet que de telles clauses soient adoptées, discriminant dans les faits un salarié uniquement en fonction de sa date d’embauche, en lui accordant un régime complémentaire de retraite, un régime d’assurance collective ou des avantages sociaux moins avantageux que ceux accordés à ses confrères, pour le même travail, dans un même établissement.

La CSN et la FTQ se sont réjouies des deux projets de lois déposés par QS et demandent au gouvernement de les reconduire pour débat afin qu’ils puissent être étudiés par les parlementaires.

Sur la question des clauses de disparités de traitements, le comité des jeunes de la FTQ, le comité national des jeunes de la CSN, Force Jeunesse, la FECQ et la FEUQ ont aussi accueilli favorablement le dépôt du projet de loi 499 et demandent aussi qu’il soit soumis au débat à l’Assemblée nationale.


***


Conciliation travail-famille : ça pousse dans les rangs syndicaux

Montréal – Les 1675 employés syndiqués du Centre de finition Global de Bombardier, situé à Montréal, ont ratifié dans une proportion de 76% leur nouvelle convention collective en fin de semaine dernière.

Les négociations, entamées le 30 octobre, ont été menées rondement. Il n’aura fallu qu’une quinzaine de rencontres pour conclure une entente, d’indiquer à l’aut’journal Richard Gascon, président de la section locale 62 du syndicat Unifor.

La convention d’une durée de trois ans prévoit des hausses salariales annuelles de 3% ainsi qu’une majoration des contributions au régime de retraite à prestation déterminée de 4 $.

« Dans un contexte où les régimes à prestation déterminée sont attaqués de toutes parts, avoir réussi à le bonifier constitue  vraiment un gain majeur pour nos membres », a commenté M. Gascon.

La nouveauté, c’est l’introduction d'une nouvelle disposition concernant la conciliation travail-famille qui permettra aux travailleurs d'accumuler des heures en temps payé et non pas en argent uniquement. « Une disposition qui n’est pas fréquente dans le secteur privé. On retrouve ça plus dans le secteur public. »

Les femmes comptent pour à peine 15% du membership du syndicat, de confirmer M. Gascon. « On avait beaucoup de demandes sur la conciliation travail-famille. Il y a beaucoup d’hommes séparés qui s’occupent des enfants une semaine sur deux. Mais il y a eu beaucoup d’embauches depuis la dernière convention au cours des trois dernières années, beaucoup de jeunes. Ça reflète aussi leurs demandes. »


***


Flash-mob de la résistance 

États-Unis – Si Walmart continue de congédier des employés qui revendiquent leurs droits de former un syndicat, ils pourraient bien voir ces initiatives créatives se multiplier :