Le gouvernement fédéral à l’origine du mal-financement universitaire

2013/12/09 | Par IRIS


Le mal-financement des universités qui a suscité beaucoup de débats en 2012 trouve une partie de son origine dans la modification des transferts fédéraux au milieu des années 1990. C’est ce que révèle une note publiée aujourd’hui par l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) qui montre également que cette transformation du financement a créé une pression en faveur de l’augmentation des frais de scolarité.

« À première vue, on pourrait croire que le financement fédéral des universités a beaucoup augmenté au cours des dernières années. Cependant, lorsque l’on prend le temps de regarder ce que finance le gouvernement fédéral, on se rend compte que ça a bien changé. En 1980, le fonds général des universités canadiennes qui sert principalement à financer leur mission d’enseignement était financé à 13% par le fédéral. En 2012, il a complètement disparu. Le gouvernement fédéral préfère maintenant financer la recherche universitaire, et depuis quelques années particulièrement la recherche commercialisable », constate Philippe Hurteau, chercheur à l’IRIS et auteur de la note.

« Ce que montre nos recherches c’est que même s’il n’est pas constitutionnellement responsable du financement des universités, le gouvernement fédéral y joue un rôle de locomotive. Les gouvernements provinciaux ont emboité le pas au fédéral à trois reprises. D’abord, au milieu des années 1990 en sabrant les fonds de fonctionnement universitaire dans le contexte de la recherche du déficit zéro. Ensuite, en investissant massivement en recherche lors de la fin des compressions au début des années 2000. Enfin, en priorisant le financement de la recherche face à celui de l’enseignement durant la décennie qui vient de s’écouler », souligne Simon Tremblay-Pepin, chercheur à l’IRIS et auteur de la note.

« Pour plusieurs provinces, ces importantes compressions dans les fonds de fonctionnement ont signifié une croissance des frais de scolarité. Le Québec, à cause de son mouvement étudiant combatif, fait figure d’exception. En effet, le gouvernement du Québec prend une part beaucoup plus grande dans le financement de ses universités que les autres provinces canadiennes. Nous avons démontré ailleurs que ce choix améliore l’accessibilité à l’université », rappelle Philippe Hurteau.

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) a contribué financièrement à la réalisation de cette note socio-économique.

La note socio-économique Transferts fédéraux et mal-financement universitaire est disponible gratuitement sur : http://www.iris-recherche.qc.ca.