Entente au Journal de Québec

2014/01/09 | Par Maude Messier


Le 12 décembre dernier, les employés syndiqués du Journal de Québec ont entériné en assemblée générale les ententes de principes pour le renouvellement des conventions collectives à forte majorité : 90 % pour les employés de l'imprimerie, 85 % pour la rédaction et 96 % pour les employés de bureau.

Les trois conventions collectives arrivaient à échéance en août 2013. À noter que les conseillers publicitaires avaient déjà renouvelé leur contrat de travail.

Le conseiller syndical du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui représente les 175 employés concernés, et porte-parole pour la négociation, Jocelyn Tremblay, a indiqué en entrevue à l’aut’journal que cette entente « était satisfaisante compte tenu du contexte difficile de la presse écrite et elle assure la pérennité du Journal. Des départs à la retraite permettront de consolider des emplois avec d’assez bonnes conditions pour les plus jeunes. L’entente permet un équilibre et rejoint les objectifs des deux parties. »

Il ajoute que Ies coupures chez Sun Media en août et septembre ont été perçues comme un mauvais présage. « On s’attendait ce que l’employeur [Québecor] soit agressif sur le modèle d’affaires. Mais les négociations se sont déroulées dans un climat cordial et de respect. »

Il faut dire que les dernières négociations, en 2007-2008, pour ces trois sections locales ont été ardues : 16 mois de lock-out. Ce qui en a fait, pendant un certain temps, le plus long conflit de l’histoire des médias au Québec, avant d’être «délogé» par le lock-out au Journal de Montréal.

Denis Bolduc, alors président du syndicat et aujourd’hui secrétaire général du SCFP, confiait en entrevue à l’aut’journal, il y a un an, que l’issue du lock-out avait été une victoire syndicale. Malgré la longueur du conflit et la concession sur la durée de la semaine de travail, des balises avaient été obtenues quant au travail multiplateforme et à la circulation des contenus sur les différentes plateformes de Québecor, enjeu principal du conflit.

À l’époque, les parties affirmaient aussi que l’entente permettrait d’assurer l’avenir de l’entreprise.

Selon Jocelyn Tremblay, l’entente qui vient d’être conclue amènera surtout des modifications sur les méthodes de travail et l’activité quotidienne des employés. Il souligne que le régime de retraite à prestations déterminées a pu être conservé pour l’ensemble des employés et que les échelles salariales n’ont pas été touchées.

« Au niveau des conditions générales, on maintient nos acquis. L’employeur était en demande sur des aménagements, une plus grande flexibilité dans les salles de rédaction, la mobilité des gens qui font la nouvelle et son modèle d’affaires. »

L’entente prévoit un gel des salaires en 2014, 1 % de hausse en 2015 et 1,5 % pour les deux années suivantes. Les conventions prendront fin le 31 décembre 2017.

Denis Bolduc faisait valoir que les employés n’étaient pas contre le multiplateforme et les changements technologiques, mais que ces changements ne devaient pas se faire au détriment des conditions de travail, pas plus qu’ils ne devaient servir de caution pour « défoncer le syndicat. La dernière fois, c’était ça la volonté de Québecor ».

Le climat des négociations aura été bien différent cette fois. Est-ce ce qui explique une proportion aussi forte des syndiqués en faveur d’une entente qui, au final, ne comporte pas de gains majeurs? Jocelyn Tremblay attribue cela plutôt au fait que l’entente constitue un équilibre.

Des 175 syndiqués, environ la moitié ont connu le lock-out. L’autre moitié ont été embauchés après le conflit. Nécessairement, en cinq ans, les méthodes de travail ont changé et certaines auxquelles on s’opposait auparavant ont fait leur chemin dans les pratiques, surtout chez les plus jeunes.