Brèves syndicales

2014/01/24 | Par Maude Messier


Régime de retraite d’Air Canada: un retour à la solvabilité?

Toronto – Le déficit du régime de retraite d’Air Canada cause bien des inquiétudes aux travailleurs et aux retraités depuis quelques années. Sans compter qu’il crée un climat de négociation défavorable.

Ce mercredi, l’entreprise a publié des rapports préliminaires sur la solvabilité de son régime de retraite, prévoyant des résultats favorables en date du 1er janvier 2014, résultats qui laissent entrevoir l'élimination possible du déficit de 3,7 milliards $, selon le syndicat Unifor.

Le président national de l’organisation, Jerry Dias, souligne que les efforts déployés pour maintenir le régime à prestations déterminées étaient donc justifiés, « malgré la pression constante de la part de l'entreprise et du gouvernement pour y mettre fin ».

L’amélioration des rendements sur le capital investi et la hausse des taux d'actualisation ont contribué à l’amélioration de la solvabilité du régime. C’est aussi le cas de nombreux autres régimes au Canada, indique Unifor. Les réductions des prestations négociées constituent aussi un facteur dans le cas d’Air Canada.

« Unifor continuera de veiller à ce que les employeurs conservent leurs régimes de retraite à prestations déterminées et à rechercher des régimes dont la solvabilité est sûre afin que les travailleurs puissent prendre leur retraite à un âge raisonnable et bénéficient alors de revenus stables », a fait valoir M. Dias.

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Forum sur les régimes de retraite : le travail ne fait que commencer

Québec – À en croire les déclarations qui ont suivi les discussions du forum sur l’avenir des régimes de retraites des municipalités ce mardi, tout le monde semblait sur la même longueur d’ondes.

La ministre du Travail, Agnès Maltais, se réjouissait de pouvoir devancer le dépôt de son projet de loi qui encadrera les négociations sur la restructuration des régimes de retraite. Le dépôt est donc prévu dès la rentrée parlementaire en février.

Les médias ont aussi largement fait état du gain réalisé par le maire de Québec, Régis Labeaume, qui a obtenu que le projet de loi contienne un outil permettant de négocier un règlement pour partager les déficits passés.

Dans la mêlée, tout le monde s’entendait pour dire que la priorité sera accordée à la négociation, surtout du côté syndical. Plusieurs y ont vu un «consensus» et une «unanimité nouvelle».

Pourtant déjà, des voix discordantes se font entendre. Joint par l’aut’journal, Ronald Martin, président de l’Association des pompiers de Montréal et président du Regroupement des associations de pompiers du Québec, soutient que les vrais travaux débuteront la semaine prochaine lors des rencontres du comité technique restreint, lequel doit produire un rapport en vue de la rédaction du projet de loi de la ministre. « Le forum, c’est surtout une rencontre pour exposer les positions de chacun des intervenants, c’est politique. »

Si le maire de Montréal, Denis Coderre, n’a pas fermé la porte à la négociation d’un partage des déficits passés, M. Martin est catégorique : « On ne négociera pas sur les acquis. »

Michel Parent, président du Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, s’est aussi exprimé en ce sens plus tôt cette semaine. Rappelons que les cols bleus ont déjà signé une entente qui prévoit que la Ville de Montréal est la seule responsable du déficit passé de leur régime.

Mme Maltais a clairement indiqué qu’elle tenait à l’objectif gouvernemental proposé en décembre dernier sur une répartition égalitaire des coûts des régimes entre les municipalités et les employés. Sur ce point, Ronald Martin fait valoir que les pompiers partent de loin, compte tenu que le partage se fait actuellement dans une proportion 70%-30%.

« Il faut comprendre qu’il y a un historique de la rémunération globale. Le poids du régime a limité les hausses salariales. C’est du salaire différé alors on ne peut pas revenir ce qui a été négocié comme ça. Ce serait un vol monumental. J’espère que la ministre va tenir compte de la particularité du régime des pompiers dans son projet de loi. De notre côté, on va faire nos représentations et mettre notre poids. »

Des consultations en commission parlementaire suivront après les trois semaines de travaux du comité spécial et le dépôt du projet de loi.

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La Côte-Nord réclame sa part du gâteau

Baie-Comeau Le gouvernement du Québec a annoncé en début de semaine la mise en place d’une table régionale de concertation sur la mobilité de la main-d’œuvre dans les secteurs industriels et de la construction pour la Côte-Nord.

Cette mesure était réclamée par différents acteurs économiques et sociaux, dont la FTQ et la CSN, depuis environ deux ans. C’est que les Nord-Côtois estiment que les nombreux projets d’investissements dans leur région ne profitent pas comme ils le devraient à l’économie régionale, spécialement en ce qui concerne l’embauche de la main-d’œuvre.

« Par la création de cette table, le gouvernement du Québec témoigne de sa volonté de soutenir l'emploi dans la région, a indiqué la ministre du Travail, Agnès Maltais, par voie de communiqué. Nous sommes à l'écoute des préoccupations exprimées par la main-d'œuvre et les acteurs nord-côtiers et nous sommes conscients des problématiques vécues sur le territoire, particulièrement celles liées au phénomène de navettage. » 

« Ça fait plus de deux ans que nous demandons la création de cette table sur la mobilité de la main-d’œuvre. Il était temps que le gouvernement passe à l’action et se penche enfin sur le problème de ce qu’on appelle le fly in fly out et qui pénalise grandement l’économie régionale », a déclaré le représentant de la FTQ sur la Côte-Nord, Bertrand Méthot. 

La situation est frustrante pour les travailleurs. Par exemple, moins de 40 % de la main-d’œuvre régionale trouvent de l’emploi sur le chantier La Romaine, selon M. Méthot.

À preuve, selon ce que rapportait le Plein jour de Baie-Comeau, une centaine de travailleurs de la construction se sont présentés lundi au conseil municipal de Baie-Comeau lors de l’annonce pour manifester leur colère d’être tassés des chantiers en activité dans leur propre région.

La table de concertation se penchera sur les facteurs qui ont mené à la situation actuelle et proposera des solutions durables pour remédier au problème.

Elle réunit 24 membres issus d’une douzaine d’organisations, dont la Commission de la construction du Québec, la Conférence régionale des élus, Emploi-Québec, les députés provinciaux, des représentants d’entreprises et des porte-parole syndicaux.

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Rassemblement pour sauver le service postal

Ottawa – Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) soulignera la rentrée parlementaire par un rassemblement familial ce dimanche 26 janvier, à Ottawa, pour manifester contre les compressions annoncées en décembre par Postes Canada, la hausse des tarifs et l’abolition de la livraison à domicile.

Le syndicat convie l’ensemble de la population à l’événement et demande à ceux qui s’opposent aux réformes annoncées par Postes Canada de se faire entendre.

Les initiatives citoyennes en appui aux facteurs se multiplient, que ce soient des lettres individuelles adressées aux facteurs, des cartes postales, des pétitions ou encore via les réseaux sociaux, sur lesquels on peut d’ailleurs voir des photographies de boîtes communautaires en mauvais état, parfois carrément vandalisées et entourées de déchets.

Le rassemblement sera suivi d’une marche jusqu’au bureau du premier ministre, Stephen Harper, à l'angle des rues Elgin et Wellington.

Différents leaders syndicaux et personnalités politiques ont déjà confirmé leur participation à l’événement, dont Alexandre Boulerice, député fédéral du NPD de Rosemont-La Petite-Patrie, Sid Ryan de la Fédération du travail de l'Ontario (FTO) et Serge Cadieux, secrétaire général de la Fédération des travailleurs et travailleuses de Québec (FTQ).

Pour la section locale de Montréal seulement, déjà 1 200 réservations pour le transport en autobus vers Ottawa étaient compilées au moment d’écrire ces lignes.

D’autres événements et rassemblements auront aussi lieu simultanément ailleurs au pays et une journée d’action nationale dans les milieux de travail a été décrétée par le STTP pour le lundi 27 janvier.

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46 456 $ pour Sylvie Therrien

Montréal – Le Conseil national des chômeurs et chômeuses a annoncé cette semaine que la campagne de soutien à Sylvie Therrien a dépassé tous les objectifs fixés.

Plus de 800 donateurs, individus, syndicats, organismes communautaires et communautés religieuses, ont contribué pour atteindre un montant total de 46 456 $, sans compter les dizaines de lettres de solidarité et les mots d'encouragement envoyés par des citoyens, souligne le CNC.

Rappelons que Sylvie Therrien, enquêtrice à l'assurance-emploi, a perdu son emploi après avoir transmis des informations aux médias référant au système des quotas et autres enquêtes sélectives. Elle a été identifiée à la suite d’enquêtes internes et congédiée sans solde.

« Cette campagne a été livrée avec un seul souci, celui d'exprimer clairement, et sans ambigüité, notre solidarité avec elle. Nous voulions que notre solidarité soit le prolongement de son courage, que les travailleurs et les chômeurs soient sa caisse d'assurance-chômage. Ce sont de véritables remparts de solidarité qui se sont levés », d’indiquer le Comité de coordination du CNC dans un communiqué.

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Le gouvernement Harper et la santé et sécurité au travail

Ottawa – Bien que les dispositions en matière de santé et sécurité du Code du travail canadien n'aient rien à voir avec l'équilibre budgétaire, des modifications importantes et lourdes de conséquences pour les travailleurs ont été introduites dans le projet de loi omnibus C-4, loi d’exécution du budget fédéral.

Essentiellement, c’est la définition de la notion de «danger» qui a sera modifiée dans le Code canadien du travail, en haussant le niveau de risque requis pour qu’une situation soit qualifiée de dangereuse.

Les nouvelles dispositions modifient aussi la procédure pour exercer un droit de refus en donnant notamment au ministre du Travail le pouvoir de rendre des décisions qui appartenaient auparavant à l’agent de santé et de sécurité.

Pour plus d’informations, visionnez la vidéo du Congrès du travail du Canada : ici.


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Hausser les salaires des médecins n’a rien donné

Montréal – En période de négociations entre le gouvernement du Québec et les fédérations de médecins, le rattrapage salarial par rapport à la rémunération moyenne des médecins ailleurs au Canada constitue toujours un point de litige. L’argument : hausser les salaires pour freiner l’exode. Vraiment?

Alors que les dépenses totales liées à la rémunération des médecins, la rémunération moyenne par médecin et le coût unitaire moyen par service ont tous trois connu une hausse très rapide de 2007 à 2011, la quantité totale de services, le nombre de services par personne et le nombre moyen de services par médecin ont soit stagné, soit décliné.

C’est ce que révèle une étude menée par Damien Contandriopoulos, professeur à la Faculté des sciences infirmières de l'Université de Montréal, et Mélanie Perroux, publiée récemment dans la revue canadienne Healthcare Policy.

« En d'autres termes, malgré l'ampleur de l'investissement effectué dans la rémunération des médecins, les Québécois n'ont connu aucune amélioration de l'accessibilité aux soins de santé », indique Damien Contandriopoulos, dans un article publié dans le Journal Forum, ajoutant que les hausses accordées aux médecins pour écarter un risque d'exode ont aggravé la situation plutôt que de l'améliorer.

De 2007 à 2011, les augmentations de salaire accordées aux médecins (en moyenne 15 % pour les omnipraticiens et 25 % pour les spécialistes), combinées avec le coût des services rendus (hausse du coût moyen de 25 % pour les omnipraticiens et de 32 % pour spécialistes ) et la hausse de 8 % du nombre de médecins, ont engendré des dépenses globales de 1,5 milliard $.

Pour la même période, le nombre moyen de services médicaux spécialisés par habitant a stagné et le nombre moyen de services en médecine familiale par personne à diminué de 5 %.

Le nombre moyen de services rendus par médecin spécialiste a diminué de 5% et de 7 % pour chaque médecin de famille.

Pour consulter l’étude : ici.