Explosion des dépenses sécuritaires à Ottawa 

2014/02/05 | Par IRIS


Montréal, 4 février 2014 – Les dépenses sécuritaires du gouvernement fédéral ont été 56% supérieures à l’inflation au cours des 16 dernières années. Si elles avaient suivi la croissance des autres dépenses, c’est 4,5 G$ qu’économiserait le gouvernement fédéral cette année. C’est ce que montre le bilan des dépenses sécuritaires du gouvernement fédéral présenté aujourd’hui par l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS).

« Le gouvernement fédéral est engagé depuis plusieurs exercices financiers à résorber le déficit budgétaire. Cependant, l’appel à comprimer les dépenses de l’État ne semble pas s’appliquer à l’achat d’avions de chasse, aux prisons, aux corps policiers et aux services de renseignement. Au moment même où il exige des sacrifices des chômeurs et chômeuses, l’État fédéral défend que le rehaussement des capacités opérationnelles des forces armées est une priorité nationale », constate Philippe Hurteau, auteur de la note et chercheur à l’IRIS.

En 16 ans, les crédits alloués à la Défense nationale ont grimpé de 6,5 milliards $ (48 %) en dollars constants, c’est-à-dire en plus de l’inflation. Durant la même période, les fonds dédiés aux services correctionnels ont explosé de 1,5 milliard $ (95 %), ceux de la GRC de 1,1 milliard $ (70 %) et ceux du SCRS de 308 millions $ (140 %). Bref, il semble que l’austérité n’existe pas pour le bras militaire et policier de l’État canadien.

« Les faits ne justifient pas ces dépenses. La politique de la ligne dure (tough on crime) est mise en place alors que le taux de criminalité est en baisse depuis plus de 20 ans. Les dépenses militaires imposantes surviennent alors qu’aucune menace militaire directe ne pèse sur le territoire canadien. Dans le cas précis du ministère de la Défense nationale, la gestion des finances pose d’ailleurs problème depuis longtemps : les récentes révélations sur l’administration interne s’ajoutent aux dépassements de coûts colossaux dans l’affaire des F-35 ou dans l’intervention militaire en Afghanistan », constate Guillaume Hébert, auteur de la note et chercheur et à l’IRIS.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire à première vue, l’augmentation des dépenses sécuritaires n’est pas l’apanage des gouvernements conservateurs.

« Le gouvernement actuel a certes accéléré le processus de dépenses, mais il n’est pas le seul responsable de cette évolution. Dès 1998, la tendance se fait sentir et les dépenses sécuritaires croissent plus vite que les autres dépenses. Cependant, 70% de la croissance des dépenses supplémentaires à celles des autres ministères s’observe à partir de 2006, soit au moment de l’arrivée au pouvoir du gouvernement de Stephen Harper », souligne Philippe Hurteau.

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) a contribué financièrement à la réalisation de cette note socio-économique.

La note socio-économique Le coût de l’escalade sécuritaire au Canada est disponible gratuitement sur : http://www.iris-recherche.qc.ca.