Pipeline Keystone XL

2014/02/14 | Par Pierre Dubuc


Dans son éditorial du 4 février du journal La Presse, André Pratte s’appuie sur sa lecture du rapport du Département d’État américain sur l’oléoduc Keystone XL pour affirmer que « Obama doit dire Oui ».

Selon André Pratte, « l'étude exhaustive publiée la semaine dernière par le département d'État conclut de façon convaincante que le nouveau pipeline entre le Canada et les États-Unis n'aura pas d'impact significatif sur les changements climatiques ».

Il ajoute que « même en supposant que, sans Keystone XL, ces 830 000 barils par jour ne seraient pas produits au Canada, l'impact du projet sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) serait peu significatif, pour ne pas dire insignifiant. En effet, le marché américain irait chercher ailleurs, notamment au Venezuela et au Mexique, le pétrole dont il a besoin. La différence entre les deux scénarios est au maximum de 27,4 millions de tonnes de gaz à effet de serre, une goutte d'eau dans l'ensemble des émissions produites par les États-Unis ».

Dans sa chronique publiée dans le Globe and Mail, le journaliste Jeffrey Simpson a une toute autre lecture du même rapport.

Il souligne que le rapport évalue à 17% l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre du pétrole des sables bitumineux par comparaison au pétrole raffiné aux États-Unis.

Le rapport du Département d’État contredit les affirmations des promoteurs du pétrole des sables bitumineux selon lesquelles il pourrait remplacer le pétrole lourd en provenance du Venezuela et du Mexique sans augmentation de GES.

Selon le rapport, précise Jeffrey Simpson, l’augmentation oscillerait entre 1,3 et 27,4 millions de tonnes métriques de plus de carbone par année, soit l’équivalent des émissions de 270 833 à 5 708 333 véhicules ou encore de 0,4 à 7,8 de centrales électriques alimentées au charbon.

Près de 6 millions de véhicules ou près de 8 centrales au charbon! C’est ce qu’André Pratte appelle une « goutte d’eau »!

Voilà pourquoi, alors qu’André Pratte voyait dans le rapport du Département d’État un feu vert à la construction de l’oléoduc Keystone XL, Jeffrey Simpson préfère coiffer sa chronique du titre : « Keystone a green light? Not so fast » (« Feu vert à Keystone? Pas si vite »).

Faut-il rappeler qu’André Pratte est l’éditorialiste en chef d’un journal propriété de Power Corporation qui est un des principaux actionnaires de la pétrolière Total, qui a d’importants intérêts dans l’exploitation des sables bitumineux.