1 450 000 $ par année en moins pour les agences privées au CSSS de Laval

2014/03/06 | Par Maude Messier


Une entente découlant de négociations entre le Syndicat des travailleurs et des travailleuses du CSSS de Laval-CSN et le CSSS permettra la création de 12 postes d’auxiliaires aux services de santé et sociaux (ASSS) à temps complet, 2 postes à temps partiel et 27 postes à temps complet sur des équipes volantes.

En entrevue à l’aut’journal, la présidente du syndicat, Marjolaine Aubé, explique que la forte présence du personnel d’agences privées dans la catégorie des ASSS constituait à la fois un irritant et un obstacle à l’organisation du travail.

« Il faut comprendre que le personnel des agences n’a pas nécessairement la même formation ni les mêmes compétences que le personnel du réseau public. Certains sont formés adéquatement, mais c’est inégal. »

Mme Aubé ajoute qu’il y a des actes médicaux que le personnel d’agences ne peut effectuer, comme l’administration de certains médicaments par exemple, ce qui occasionne un déséquilibre et une surcharge de travail pour le personnel du réseau public.

Les ASSS constituent la première ligne des soins à domicile. Elles procurent des soins directs aux patients, parfois très intimes, tels qu’un bain complet, le changement de couches d’incontinence, le curage.

Pour assurer la qualité des soins et du suivi, et par respect pour les patients, âgés la plupart du temps, qui reçoivent les ASSS dans leur domicile, la stabilité des équipes est absolument nécessaire selon la dirigeante syndicale. Une stabilité grandement mise à mal par le recours accru au personnel d’agences privées.

Lors de la dernière négociation du secteur public, des lettres d’ententes ont été conclues pour que soient mis en place, localement, des comités paritaires ayant pour mandat de trouver des solutions permettant de diminuer le recours aux agences privées.

C’est dans ce cadre que s’inscrit l’entente au CSSS de Laval conclue le mois dernier. L’affichage des nouveaux postes devrait se faire dans deux semaines.

Les 27 postes à temps complet sur des équipes volantes auront le rôle d’une liste de rappel, en quelque sorte, pour effectuer les remplacements.

Marjolaine Aubé soutient que la partie syndicale privilégiait la création de postes à temps complets sur des équipes régulières, mais que la direction était frileuse à l’idée de créer autant de postes réguliers.

L’entente prévoit donc que, dans un an, le syndicat et l’employeur évalueront le nombre d’heures pour lesquelles les équipes volantes auront été utilisées et ces heures seront converties en postes permanents.

« C’est notre grande fierté. Dans un an, nous nous ajusterons. Cette entente permettra de stabiliser les équipes. »

« Mais vous savez, ajoute la dirigeante syndicale, on n’a pas réinventé la roue. La conversion des heures, qui permet d’évaluer en continu les besoins et les postes, était présente dans nos conventions collectives avant le décret du gouvernement Charest en 2005. C’est un dispositif qui était là depuis longtemps. »

Autrement dit, le recours accru à la main-d’œuvre privée des dernières années a considérablement mis à mal les équipes de travail dans le réseau public, avec des répercussions évidentes dans la qualité des soins dispensés. Un discours que tiennent aussi les infirmières, les infirmières auxiliaires et d’autres professionnels de la santé.

Aujourd’hui, pour contrer ce problème lié à l’organisation du travail, on revient donc à un dispositif rayé unilatéralement des conventions collectives en 2005. Un détour lourd de conséquences pour le réseau et qui aura coûté passablement cher aux contribuables.

1 450 000 $, c’est la somme déboursée annuellement par le CSSS de Laval pour de la main-d’œuvre indépendante en provenance d’agences privées, selon le syndicat.