Élections 2014 : Unifor-Québec réclame une politique de plein emploi

2014/03/19 | Par Maude Messier

Réunis en assemblée spéciale dans le cadre de la campagne électorale ce mardi, à Trois-Rivières, les présidents des quelque 50 sections locales québécoises affiliées au syndicat Unifor ont adopté une plateforme de revendications.

Le syndicat invite ses membres à s’impliquer activement dans la campagne électorale pour faire valoir, auprès des différents candidats, les préoccupations des travailleurs.

« Cette campagne électorale n’est pas une fin en soi. Nous la voyons plutôt comme le début de quelque chose. Chez Unifor, nous pensons qu’il est primordial que nos gens s’impliquent en campagne électorale. Nous allons interpeller, partout au Québec, les partis politiques et les candidats sur les préoccupations qui interpellent nos membres », d’indiquer Sylvain Martin, directeur adjoint d’Unifor-Québec, en entrevue à l’aut’journal.

Sylvain Martin indique que les candidats tant du Partis Québécois, de Québec Solidaire et d’Option nationale sont susceptibles d’être en accord avec les revendications d’Unifor. Il précise que l’organisation n’a pas de « mot d’ordre » en vue du scrutin du 7 avril, mais qu’il en appelle plutôt au vote stratégique.

« Il faut aider les candidats favorables à notre plateforme qui ont des chances réelles d’être élus. Le but, c’est d’avoir un gouvernement le plus proche possible de ce à quoi nos membres aspirent. On risque un gouvernement libéral. Est-ce que c’est ça qu’on veut, comme syndicalistes? Il faut voir, analyser, la situation dans chaque comté. »

L’organisation vise plus spécifiquement une trentaine de comtés gagnés seulement par plus ou moins 2 000 voix lors des dernières élections. « On pense que notre monde peut faire une différence en s’impliquant activement sur le terrain. »

Quatre enjeux sont au cœur des revendications défendues par les syndicats québécois d’Unifor.

Ils réclament d’abord une politique de plein emploi qui comprendra plusieurs mesures précises d'aide à la création d'emploi, de protection des emplois et de filet de sécurité pour les travailleuses et travailleurs.

« Tous les partis sont en faveur du plein emploi, mais aucun ne présente de véritable politique qui regroupe l’ensemble des ministères : environnement, éducation, ressources naturelles, tous. » Manque de cohérence et de conséquence dans les décisions et les gestes du gouvernement, selon Sylvain Martin, qui souligne que notre société n'est actuellement pas en mesure d'offrir les emplois de qualité pourtant essentiels, tant d’un point de vue économique que personnel.

En matière de santé, Unifor rappelle que le Québec a choisi, il y a plus de quarante ans, de partager collectivement les risques associés à la maladie individuelle en permettant un accès égal aux soins et services de santé, selon les besoins de chaque personne.

Devant les problèmes que connaît le réseau public, l’organisation syndicale rappelle aux partis politiques que tous les travailleurs doivent avoir accès à des soins et des services de qualité en fonction de leurs besoins et non pas de leur richesse.

Unifor s’oppose ainsi à la place grandissante que prend le privé dans le réseau pour la dispensation de certaines catégories de soins et s’érige contre les différentes formes de tarification, dont la taxe-santé.

Les régimes publics n'arrivant pas à assurer un revenu décent à la retraite, Unifor revendique une bonification substantielle des régimes publics de retraite et des modifications législatives afin de mieux protéger les régimes de retraite privés lorsque les entreprises sont en difficulté financière. Le syndicat reprend ainsi les revendications portées par la campagne de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), « Une retraite à l'abri des soucis ».

L’éducation constitue le quatrième enjeu de cette plateforme de revendications. Unifor réclame un engagement des partis politiques afin d'assurer l'accessibilité aux études en fonction du potentiel et des aspirations des étudiants et « non pas de leurs portefeuilles ».

Sylvain Martin déplore ce qu’il qualifie de « discours économique réducteur », qui laisse entendre que l'État québécois n'a pas les moyens de se payer la gratuité scolaire. 

Les syndicats locaux sont invités à adapter cette plateforme de revendications aux préoccupations régionales et locales « pour que ça parle aux monde », ajoute Sylvain Martin.

Il cite en exemple les projets de développement des phases 2 et 3 de Rio Tinto Alcan au Saguenay, un dossier majeur pour les emplois du secteur des alumineries, auxquels s’ajoutent les préoccupations liées à l’industrie forestière.

« À Montréal et sur la Rive-Sud, c’est beaucoup le développement de l’aérospatial. À Trois-Rivières, le secteur manufacturier qui s’est écroulé, emportant avec lui de bons emplois. Quand on parle de politique de plein emploi, c’est de ça dont on parle. »

À son avis, l’annonce d’investissements en Gaspésie du gouvernement Marois pour la construction d’une nouvelle cimenterie qui met en péril des emplois ailleurs au Québec constitue aussi un bel exemple d’incohérence. « Pourquoi déshabiller Jean pour habiller Jacques? Il faut une stratégie concertée pour réfléchir aux impacts et aux conséquences globales des décisions sur les emplois. »

L’adoption à l’unanimité de la plateforme ce mardi marquait le coup d’envoi d’une série d’actions qui seront menées sur le terrain au cours des trois prochaines semaines.

Unifor compte d’abord publiciser ses revendications à la fois auprès du grand public et auprès de ses membres dans les milieux de travail. Des rencontres seront organisées, des affiches distribuées. Des énergies seront aussi investies pour sensibiliser les membres d’Unifor à se rendre aux urnes le moment venu.