L’avenir des services publics : c’est quand le printemps?

2014/04/03 | Par Maude Messier


Restructuration, privatisation, rationalisation, compressions : les diktats des politiques économiques néolibérales exercent une pression énorme sur l’accessibilité et la qualité des services publics, ainsi que sur le personnel qui les dispense.

Le Secrétariat intersyndical des services publics (SISP) est convaincu de l’importance de faire la promotion des services publics de qualité puisqu’ils constituent « un filet de protection sociale qui contribue au bien être collectif et permettent une juste redistribution de la richesse. »

Le SISP est une coalition de trois organisations syndicales : l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) et la Centrale des syndicats du Québec (CSQ). Ensemble, ils représentent plus de 260 000 travailleurs et travailleuses oeuvrant dans les services publics.

« Ce n’est pas avec des politiques d’austérité qu’on va s’en sortir, même le FMI Fonds Monétaire International et l’OCDE Organisation de coopération et de développement économiquesle disent. A contrario du discours des coupures et des compressions, on veut poser un discours pour renforcer et développer les services publics pour une société gagnante et prospère », d’argumenter Louise Chabot, présidente de la CSQ, en conférence de presse, ce mercredi, à l’Hôtel Delta de Montréal.

Le SISP entame une campagne de mobilisation et d’information sur l’avenir des services publics, « Le printemps des services publics », qui mènera les trois porte-paroles dans une dizaine de régions à travers le Québec d’ici la fin du mois de mai. Lancée officiellement lundi dernier à Mégantic, la campagne comporte un volet médiatique, des assemblées et des rencontres en milieux de travail dans chacune des régions visitées.

Les trois présidentes des organisations membres de la coalition syndicale soutiennent qu’il faut cesser de voir les services publics comme une dépense, mais les considérer plutôt comme un outil de redistribution de la richesse et de bien être collectif.

Les dirigeantes syndicales citent une étude de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC), réalisée pour le compte du SISP en 2012, qui relève que 60% des ménages québécois reçoivent plus en services publics que ce qu’ils paient en impôts, taxes et contributions diverses.

L’étude de l’IRÉC relevait aussi que les baisses d’impôt successives entre 1999 et 2007 ont privé l’État de revenus d’environ 8,1 milliards $ annuellement, sommes qui ont dû être récupérées en partie à même le financement des services publics.

Elles se disent d’ailleurs déçues que la campagne électorale en cours n’apporte aucun angle neuf sur la question du financement des services publics.

« Ce n’est pas nous qui nous invitons dans la campagne électorale, c’est la campagne qui s’invite dans notre tournée », de lancer Louise Chabot, ajoutant que la tournée du SISP était prévue depuis plusieurs mois.

Conscientes que le principal défi de l’organisation est de combattre la résignation et le cynisme de ses propres membres, elles expliquent que cette tournée s’inscrit dans un plan d’action. « Il faut partager avec nos membres. Expliquer qu’on n’est pas devant une fatalité, que c’est une question de choix politiques, qu’il y a des solutions. C’est du travail de terrain qu’on doit faire. »

Lucie Martineau, présidente du SFPQ, souligne qu’il est par ailleurs de plus en plus difficile d’attirer et de retenir la main-d’œuvre au sein de l’appareil public compte tenu de l’écart de rémunération entre les employés du secteur public et du secteur privé qui se creuse depuis plusieurs années. « Ils restent deux ou trois ans, acquièrent de l’expérience et des contacts qui profitent ensuite à des entreprises privées! »

Mme Martineau rappelle que les données de l’Institut de la statistique du Québec confirment cette tendance lourde de conséquences depuis longtemps. « Et ces chiffres incluent les avantages sociaux. Avec autant de contractuels, la sécurité d’emploi, ce n’est plus vrai ça! »

« Il ne faut pas être gênés de ce que nous faisons, de notre travail et de demander des augmentations. Nos membres doivent être convaincus, c’est essentiel. Ce n’est pas l’affaire seule des dirigeants syndicaux », renchérit Carolle Dubé, présidente de l’APTS.

« De toute façon, les gouvernements, en période de négociation, n’ont jamais d’argent! Avant, ils disaient qu’il fallait couper dans le gras. Maintenant, on nous dit qu’on a plus les moyens de se payer de tels services. Nous croyons que ce n’est pas sous cet angle qu’il faut l’envisager, que ce sont des choix politiques

Rappelons que le SISP, la FTQ et la CSN ont annoncé, il y a deux semaines, qu’ils formeraient un front commun en vue des négociations pour le renouvellement des conventions collectives. Ensemble, ils représenteront 400 000 du secteur public.