Brèves syndicales

2014/04/04 | Par Maude Messier

Taisez ces PPP dont on ne saurait parler!

Montréal – « Au moment où la classe politique nous parle de la capacité de payer de l'État, on s'étonne que peu de politiciens s'inquiètent des sommes astronomiques qui sont actuellement dépensées dans les CHU en PPP. Pendant qu'on paiera ces PPP pendant trente ans, on devra continuer de subir des compressions budgétaires dans nos services publics », déplorent les porte-parole d’une coalition d’organisations, interpellant les partis politiques sur les CHU en PPP avant que ne se conclut la campagne électorale.

La coalition regroupe notamment Coalition Solidarité santé, la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), Médecins québécois pour le régime public (MQRP), le Secrétariat intersyndical des services publics (SISP) et le Regroupement provincial des comités des usagers (RPCU).

Ils soutiennent que les CHU en PPP représentent un poids considérable sur les finances publiques et que ces projets coûteront plus de 6 milliards $ aux Québécois. Ils rappellent que Secor-KPMG annonçait en 2012 que les coûts de construction du CHUM explosaient de 127 % et de 78 % au CUSM.

Ils dénoncent aussi l’opacité entourant les contrats de PPP des deux CHU, indiquant du même coup que les nombreuses demandes d'information ont toujours été rejetées.

La situation est préoccupante, à leur avis, puisque plusieurs entreprises liées au CHU en PPP sont présentement accusées de fraude et de corruption devant les tribunaux.

« Comment se fait-il qu'on n'ait pas tenu compte des signaux d'alarme lancés à plusieurs reprises par le Vérificateur général et plusieurs autres organisations? »

L’exemple du Centre Hospitalier Sud-Francilien (CHSF) de Corbeil-Essonnes, en France, fait beaucoup jaser dernièrement. À peine deux ans après son ouverture, l'État français a récemment racheté le contrat du plus gros PPP en santé de France, qui devait durer jusqu’en 2041, en raison de dépassements de coûts faramineux, de malfaçons, de mésententes, de frais exorbitants de réparation et d’entretien.

Des économies entre 600 et 700 millions d'euros sont anticipées, malgré la pénalité 170 millions d’euros en pénalité devant être versée au groupe Héveil, filiale du géant Eiffage.

Dans un article publié dansLe Monde, la représentent syndicale de SUD-Santé, Catherine Fayet, souligne : « Tout le monde refait un peu l'histoire. Il n'y a plus personne pour défendre le PPP, même pas Eiffage. Mais en 2006, les organisations syndicales étaient les seules à dénoncer ce choix ».


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Loblaw: les travailleurs en conflit de travail en visite à Toronto

Abitibi-Témiscamingue – Une délégation de lock-outés et grévistes des trois épiceries de la bannière Loblaw en conflit de travail en Abitibi-Témiscamingue s’est rendue à Toronto, ce mardi 1er avril, pour manifester dans le magasin phare de la chaine alimentaire au Maple Leaf Gardens, exigeant la reprise des négociations.

Rappelons que le Maxi de Rouyn-Noranda est en lock-out depuis août 2012. Le Provigo de Témiscaming est en lock-out depuis décembre 2012. Le Loblaws de Rouyn-Noranda est en grève depuis juin 2013. Les pourparlers sont au point mort dans les trois établissements depuis plus de six mois.

Joint par l’aut’journal, Sylvain Nolet, conseiller syndical de la CSN en Abitibi-Témiscamingue, explique que depuis le mois de janvier, les efforts sont investis pour amener la population de la région à communiquer le service à la clientèle.

Il soutient que les effets des conflits de travail commencent à se faire sentir dans différents secteurs et débordent du cadre des relations de travail avec Loblaw.

« À Rouyn-Noranda, par exemple, la seule bannière maintenant, c’est IGA. Les prix ont monté, ça pose des problèmes à la fois aux citoyens, mais aussi aux producteurs. C’est drôle, alors que Loblaw force des conflits sous prétexte de s’ajuster aux concurrents, ils lui laissent plutôt tout le champ libre! »

De plus, à Témiscaming, le Provigo était l’unique marché d’alimentation de la municipalité. Depuis le début du lock-out il y a plus d’un an, les citoyens doivent parcourir près de 70 km pour se rendre à l’épicerie la plus proche.

« Nous, on pense que si 5 000 personnes appellent au service à la clientèle pour se plaindre, ça peut avoir un effet et contribuer à faire avancer les négociations. On sensibilise la population, on fait des actions de visibilité et d’information, on met ça sur les réseaux sociaux, on fait de l’affichage, on parle à nos membres et aux autres syndiqués de la CSN dans la région. »

Situé dans la ville du siège social de l’entreprise, loin de la réalité des syndiqués à la rue en Abitibi-Témiscamingue, le Loblaw de Maple Leaf Gardens a été ciblé par les manifestants parce qu’il incarne le prototype des magasins que souhaite désormais implanter Loblaw au Québec. « Le joyau de Loblaw », ironise Sylvain Nolet.

Des actions-éclairs ont aussi été menées simultanément dans une soixantaine de magasins de la bannière dans différentes régions du Québec pour distribuer de l’information à la clientèle sur les enjeux des trois conflits en cours.


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Electrolux : les travailleurs fixés sur leur sort

L’Assomption En 2010, la direction d'Electrolux avait annoncé son intention de délocaliser l’usine de L'Assomption vers Memphis, aux États-Unis. Les travailleurs ont finalement appris la semaine dernière que la clef serait mise dans la porte le 18 juillet prochain.

Les 1 300 travailleurs sont représentés par le Syndicat des Machinistes.

La nouvelle est survenue après une longue agonie, trois ans de reports qui n’ont en rien aidé le comité de relance de l’usine.

« Malgré l'annonce de fermeture, tant que la date n'était pas confirmée, les travailleurs et les travailleuses d'Electrolux étaient pris entre l'espoir d'une continuité des opérations et la fermeture annoncée, ce qui était très difficile sur le moral », d’affirmer cette semaine le président de la FTQ Laurentides-Lanaudière, Réal Richard.

Selon le président du Centre local de développement de la MRC de L'Assomption, Georges Robinson, l'usine représentait 33% des emplois du secteur manufacturier et 5 % des emplois totaux dans la MRC.


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Journées de grève en banque pour les travailleurs en loisirs Laval

Laval – Réunis en assemblée extraordinaire dimanche dernier, les travailleurs en loisirs de Laval représentés par la CSN ont voté en faveur de dix jours de grève dans une proportion de 97%. Ces journées pourront être utilisées au moment jugé opportun.

En négociation depuis plus de deux ans, les syndiquéssont sans contrat de travail depuis le 31 décembre 2011.

« Nous avons été très patients compte tenu des déboires de la ville, mais il est temps que les choses débloquent. Malgré 20 séances de négociation, il reste plus de 40 points à régler », d’affirmer le président du Syndicat des travailleuses et travailleurs des loisirs de Laval (CSN), Martin Collerette.

La discrimination salariale à l’égard des étudiants alors qu’ils constituent pourtant la grande majorité des membres du syndicat, le rattrapage salarial par rapport aux autres municipalités ainsi que les questions liées à la formation présaison et l’accès à un programme sont des points d’achoppement à la table de négociation.

Les quelque 900 travailleurs en loisirs sont très majoritairement des travailleurs saisonniers (75 %). Ils œuvrent dans les camps de jour, les parcs, les centres communautaires, les arénas et les piscines de la Ville de Laval.


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8 milliards $ en moins pour la santé

Montréal – Lundi le 31 mars dernier marquait l'échéance de l'Accord sur la santé entre le gouvernement du Canada, les provinces et les territoires, le gouvernement Harper ayant refusé de renouveler cette entente qui fixait un financement stable et des normes pour les services de santé.

En d’autres mots, le système de santé public du Québec sera privé de 8 milliards $ au cours des 10 prochaines années.

Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) rappelle qu’à l'origine du système d'assurance-maladie, le gouvernement fédéral finançait 50 % des coûts au Québec. L'Accord sur la santé établissait cette part à 21 %. Elle ne sera plus que de 18,6 % en 2024. 

Du côté du Conseil provincial des affaires sociales (CPAS) du SCFP, qui regroupe près de 20 000 membres œuvrant dans la santé et les services sociaux au Québec, on s'alarme des répercussions de ce manque à gagner sur l'avenir du système public et du fait que ce dossier ne soit pas un enjeu de la campagne électorale québécoise.

« Huit milliards de manque à gagner, c'est comme perdre 20 000 lits d'hôpitaux sur 10 ans, ou 13 300 postes d'infirmières par année. Les conséquences pourraient se faire sentir dans l'allongement des listes d'attente, par la fermeture d'établissements et la privatisation des soins aux aînés, par exemple », explique Marco Lutfy, président du CPAS.


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Assurance-emploi : la réforme sera un enjeu électoral

Montréal – Une centaine de manifestants bloquaient la rue Wellington, à Verdun, mardi midi devant les bureaux de Service Canada pour dénoncer la réforme de l’assurance-emploi mise en place par le gouvernement Harper il y a deux ans.

Pour souligner le deuxième anniversaire de la réforme, plusieurs autres activités se sont tenues tout au long de la semaine, dont une manifestation « Harper s'en fish » à Roberval devant le bureau du député conservateur Denis Lebel et des guignolées de la solidarité à Gaspé, Chandler, Carleton et Sainte-Anne-des-Monts.

Rappelons que plus d'une centaine d'organisations syndicales, communautaires et étudiantes ont adhéré à une déclaration pancanadienne qui dénonce les changements imposés par Ottawa forçant les chômeurs à accepter un emploi à 70 % de leur salaire régulier, à une heure de route de leur domicile, même si ça n’a rien à voir avec leur formation.

Les 5 et 6 mars, une trentaine de représentantes et représentants d'organisations syndicales, communautaires et étudiantes du Québec, de l'Ontario, du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve et Labrador se sont réunis à Ottawa pour discuter de moyens d'action.

La Coalition entend faire du retrait de la réforme et de la bonification du régime d’assurance-emploi un enjeu électoral en vue des élections fédérales de 2015, qui coïncideront d’ailleurs avec le 75e anniversaire de l'adoption de la Loi sur l'assurance-chômage en 1940.