300 militantes et militants au colloque de Génération nationale

2014/05/12 | Par Louis-Philippe Sauvé

Montréal – Génération nationale, un groupe de jeunes indépendantistes de la société civile tenait cette fin de semaine un colloque intitulé Vers la recomposition des forces à la Place Dupuis à Montréal.

Animé par l’actrice Lucie Laurier, le colloque, qui s’est tenu pendant toute la journée de samedi, visait à nourrir la réflexion militante, alors que «la nouvelle conjoncture [le] force à revoir les paramètres de son action».

« Nous avons choisi de faire ce colloque, car nous pensions que le moment était approprié. Depuis longtemps, nous croyons que la stratégie du bon gouvernement est inefficace. L’élection du 7 avril en constitue la preuve par l’expérience», a affirmé Simon-Pierre Savard-Tremblay, président de Génération nationale lorsque que l’aut’journal lui a demandé l’objectif du colloque.

«Si nous n’adoptons pas un discours clair, nous allons vers une décompositions des forces. La bonne nouvelle c’est que nous avons quatre ans pour nous reprendre en mains», a-t-il affirmé.

Alors que près de trois cents militantes et militants se sont déplacés à l’occasion de ce colloque, il semblait se dégager un consensus parmi les conférenciers du matin vers un indépendantisme plus affirmé et décomplexé ainsi qu’une meilleure pédagogie de la souveraineté.

Le député péquiste de Saint-Jérôme, Pierre-Karl Péladeau, ainsi que l’ancienne présidente de la FEUQ Martine Desjardins étaient présents lors de cette portion du colloque.


Les causes de la défaites du 7 avril

Pour Mathieu Bock-Côté et Simon-Pierre Savard-Tremblay, la campagne électorale de 2014 a révélé l’incapacité des souverainistes à défendre leur option fondamentale.

M. Savard-Tremblay parlait « d’une campagne de peur digne des années 1970 » et Mathieu Bock-Côté a qualifié la campagne électorale du Parti Québécois « d’exécrable de A à Z » et de « terriblement désordonnée ». Il blâme le PQ de ne pas avoir suffisamment fait campagne sur l’identité nationale, son créneau fort, selon-lui.

Le professeur à la retraite Denis Monière a poursuivi en soulignant que l’électorat québécois est de plus en plus volatile et que l’ambiguïté du PQ sur son option est un « cul-de-sac ».

À contrario, l’ex-ministre Pierre Duchesne a dit ne pas vouloir trop intervenir sur les causes de la défaite, le débat devant se faire à l’interne. Il a néanmoins soulevé le fait que les Québécois ne voulaient pas d’une élection et qu’il y a « un bris de confiance important entre le population du Québec et sa classe politique».

Lors de son allocution, Martine Ouellet a affirmé que le mouvement indépendantiste doit faire du judo avec la défaite du 7 avril.


Course à la chefferie du Bloc Québécois

Pendant le colloque, on pouvait sentir que la course à la direction du Bloc Québécois était bel et bien entamée alors que les deux candidats officiels, le député de Richmond-Arthabaska André Bellavance, et l’ancien président de la SSJBM, Mario Beaulieu, étaient présents en vue de courtiser les militants indépendantistes présents sur place.

En après-midi, Mario Beaulieu a d’ailleurs fait une brève intervention durant laquelle il a sévèrement critiqué la stratégie « bonnententiste » que les partis souverainistes ont adopté au cours des dernières années. L’assistance a chaudement applaudit sa proposition d’obliger les députés bloquistes à donner une partie de leur salaire aux organismes de la société civile du mouvement indépendantiste.

Le député André Bellavance s’est également vu offert un temps de parole par les organisateurs de Génération nationale, mais la période qui lui avait était allouée ne convenait pas son agenda a indiqué son attaché de presse. Du côté de Génération nationale, on s’est déclaré heureux que les deux candidats se soient déplacés.



Débat socio-énonomique

Après le dîner, le colloque s’est poursuivi avec un panel portant sur l’approche socio-économique à privilégier pour le mouvement indépendantiste. Constitué de la députée péquiste et ex-ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, de l’avocat Guillaume Rousseau et de l’économiste Gabriel Sainte-Marie, le panel était unanime dans son opposition à la privatisation, même partielle, d’Hydro-Québec. Il y’avait également un consensus au sein des panélistes sur le fait que le Canada ne sert pas convenablement les intérêts économique du Québec.

La députée de Vachon, Martine Ouellet, a livré un vibrant plaidoyer en faveur de l’électrification des transports et du développement économique durable. Selon Mme Ouellet, si le Québec a tous les instruments nécessaires afin de devenir un leader en matière d’électrification des transports, encore lui faut-il parler de sa propre voix sur la scène internationale.

Guillaume Rousseau a surtout traité d’une certaine volonté de décentraliser les pouvoirs vers les municipalités craignant que cette ascension du modèle des « Cités-États » tel que favorisé par les maires de Québec et de Montréal ne dégénère en liquidation de l’État national du Québec. Il a plutôt prôné une approche équilibrée entre centralisation et décentralisation des pouvoirs.

Gabriel Sainte-Marie à quant à lui abordé la question du modèle socio-économique québécois. Il a soulevé l’importance de l’intervention de l’État dans la sphère économique notamment en ce qui a trait au contrôle des entreprises, en donnant l’exemple d’Hydro-Québec dont le 9/10 des dépenses sont réinvesties dans l’économie québécoise.

L’historien Frédéric Bastien, célèbre pour son ouvrage La Bataille de Londres, a prononcé la conférence de clôture.

À quelques semaines du congrès du Bloc Québécois et de la conclusion de sa course à la direction, alors même que le Parti Québécois entame tranquillement ce même processus de redéfinition profonde, le colloque de Génération Nationale était la première étape vers un grand réalignement du mouvement indépendantiste, vers la recomposition des forces.