Brèves syndicales

2014/05/16 | Par Maude Messier

Les esprits s’échauffent sur la Côte-Nord

Côte-Nord – Quelques jours à peine après le dépôt du rapport de laTable régionale Côte-Nord sur la main-d'oeuvre dans les secteurs industriels et de la construction, plus d’une soixantaine de travailleurs de la construction et de chômeurs étaient réunis devant le bureau du député de René-Lévesque, Marjolain Dufour, à Baie-Comeau, réclamant la mise en œuvre rapide des recommandations du rapport.

D’autres ont aussi manifesté à Sept-Îles et à Havre-Saint-Pierre devant les bureaux de la Commission de la construction du Québec, responsable en grande partie, selon eux, du fait qu’autant de travailleurs venus de l’extérieur soient à pied d’œuvre sur les chantiers de la Côte-Nord, alors qu’un nombre élevé de travailleurs de la région sont sans emploi.

Ils enragent du fait que seulement 40% de la main-d’œuvre sur le chantier du complexe hydroélectrique La Romaine provienne de la Côte-Nord.

Les problématiques liées à la mobilité de la main-d’œuvre ont été maintes fois dénoncées par les travailleurs de la construction et les organisations syndicales, qui réclament un cadre gouvernemental imposant des quotas de 60 % à 70 % de travailleurs de la région sur les chantiers.

Steve Lelièvre est opérateur de machinerie lourde et actuellement sans emploi. Avec la reprise des travaux dans les prochaines semaines, il est évident, selon lui, que des perturbations sur les chantiers et des conflits sont à prévoir si des mesures ne sont pas prises très rapidement.

Joint par l’aut’journal, il explique que beaucoup de travailleurs, sans emploi depuis des mois, sont également sans prestations d’assurance-emploi depuis plusieurs semaines. Un cocktail explosif selon lui, qui pourrait bien dégénérer si la situation ne s’améliore pas avec l’« ouverture des nouvelles jobs en haut ».

« Ça pourrait commencer à être dangereux. Il y a du monde qui n’ont plus de chômage depuis un moment et qui ont faim. »

Le «fly in-fly out» constitue un irritant majeur pour les travailleurs de la Côte-Nord qui voient débarquer continuellement des travailleurs de l’extérieur. Une pratique qui met à mal l’économie de la région et qui affecte les communautés, d’indiquer le député de René-Lévesque.

Une rencontre devait avoir lieu sur le sujet, ce jeudi, entre Marjolain Dufour et le ministre du Travail, Sam Hamad.


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Colloque international sur le travail

Montréal – 300 chercheurs et experts du monde du travail en provenance de 25 pays étaient réunis cette semaine à Montréal pour un colloque portant sur la citoyenneté au travail, une initiative du Centre de recherche interuniversitaire sur la mondialisation et le travail (CRIMT). (http://www.crimt.org/)

Défis liés à la mobilisation des travailleurs migrants, à la conciliation travail-famille-communauté, au «verdissement» et à l’amélioration de la qualité des emplois, à l’équité intergénérationnelle, à la démocratie et à l'égalité au travail, à la sécurité du revenu, au partage des risques sociaux, aux méthodes alternatives de règlement des litiges en milieu de travail, à l’affaiblissement des syndicats, à la multiplication des emplois atypiques, etc.

Autant de réalités sur lesquelles les participants se sont penchés pendant trois jours qui affectent et métamorphosent le monde du travail dans un contexte de mondialisation.

« Personne ne pense ici avoir la solution précise à tous ces problèmes. L’idée est qu’en se réunissant à 300 experts et acteurs du domaine pour parler des vrais problèmes, on pourra commencer à élaborer des moyens de nous sortir de cette situation d’une importance et d’une ampleur grave et de redonner de la cohésion à nos sociétés », de déclarer Gregor Murray, professeur titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la mondialisation et le travail, dans une entrevue accordée au Devoir.


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Tous amis de Radio-Canada dénonce le sondage biaisé de CBC/Radio-Canada

Montréal – Problèmes d’échantillonnage, direction politique du sondage et formulation biaisée des questions, l’Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS) a publié ce mercredi une analyse du sondage mis en ligne par la Société Radio-Canada, « Transformer CBC/Radio-Canada pour l’avenir : dites-nous ce que vous en pensez », dans laquelle l’auteur, Francis Fortier, soulève des problématiques qui plombent la validité de l’exercice proposé par Radio-Canada.

Le président du Syndicat des communications de Radio-Canada (FNC-CSN), Alex Levasseur, dénonçait, dans un communiqué publié jeudi, qu’il s’agit surtout d’une opération de relations publiques et que les formulations tendancieuses du questionnaire invitent la population à opter en faveur d’un virage numérique intégral des services offerts par CBC/Radio-Canada.

« Or, c'est exactement cette vision que préconise la direction de la Société dans le plan stratégique qu'elle désire mettre en place d'ici à l'année 2020, c'est-à-dire une transformation radicale du diffuseur public sans aucune considération du mandat qui lui est confié. »

Le sondage proposé évacue complètement les questions liées au financement, à la gouvernance et à la programmation de la Société, s’inquiète M. Levasseur, qui estime que la population canadienne a besoin d'un véritable espace de débat sur l'avenir du seul diffuseur public.

La campagne Tous amis de Radio-Canada réclame un moratoire sur les compressions imposées par la direction de CBC/Radio-Canada et la création rapide d'une commission parlementaire publique sur son avenir.

Le sondage a été mis en ligne le 5 mai dernier, dans la foulée des nombreuses critiques formulées à l'endroit du diffuseur public national qui vient tout juste d'imposer des compressions budgétaires totalisant 130 millions $, affectant ainsi 657 postes.


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La Fondation Chagnon dans la mire des organismes communautaires

Montréal – Quelque 350 organisations communautaires, syndicales et féministes réclament du nouveau gouvernement du Québec qu'il cesse de conclure des partenariats public-philanthropie dans le champ du social (PPP sociaux).

La Coalition « Non aux PPP sociaux » dénonce le fait que le gouvernement ait conclu depuis 2007, sans aucun débat public, plusieurs partenariats publics-privés avec la Fondation Lucie et André Chagnon (FLAC) totalisant plus de 1 milliard $, dont 525 millions $ proviennent des coffres de l'État.

« Il s'agit d'une véritable dérive démocratique, s'indigne Nancy Harvey, porte-parole du Regroupement des organismes communautaires famille de Montréal. Avec ces partenariats, la Fondation Chagnon ne se contente pas seulement d'influencer les politiques sociales, mais elle participe activement aux décisions quant aux orientations et pratiques d'interventions sociales, de la période de la grossesse jusqu'aux soins de fin de vie. »

Elle fait valoir qu’un réseau d'organismes communautaires oeuvre déjà auprès des populations ciblées par ces partenariats de même que le réseau public en santé et services sociaux, lesquels souffrent tous deux du désinvestissement de l'État et des compressions.

Céline Métivier, du Réseau québécois de l'action communautaire autonome, rappelle que les 4 000 organismes d'action communautaire autonome auraient besoin d'une somme supplémentaire de 300 millions $ uniquement pour se sortir la tête de l'eau et réaliser adéquatement leur mission.

N'adhérant pas à la « philanthropie des affaires », voulant que les fondations privées soient plus efficaces que l'État pour réduire la pauvreté et les problèmes sociaux, la Coalition rappelle que les mesures les plus efficaces sont celles qui s'attaquent aux causes structurelles des problèmes sociaux et qui visent une meilleure redistribution de la richesse.

Les organismes interpellent le gouvernement de Philippe Couillard pour qu'il profite de l'échéance de ces ententes pour ne pas les renouveler, exigent qu'il mène un large débat public sur la responsabilité de l'État québécois quant aux orientations des politiques sociales et qu'il réinvestisse dans les services publics et la mission des organismes communautaires.


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Anticosti : fin de la « loto-pétrole »?

Montréal – Les grandes centrales syndicales et les groupes environnementaux exhortent le gouvernement de Philippe Couillard à respecter son engagement à tenir une évaluation environnementale stratégique sur la filière de l'exploitation des hydrocarbures au Québec avant tout forage, notamment sur Anticosti.  

Rappelons que, suite à l'annonce d’investissements de 115 millions $ pour le rachat partiel des permis d'exploration des compagnies Pétrolia, Corridor Ressources et Junex sur l'île d'Anticosti par l'ancien gouvernement Marois, le Parti libéral a dénoncé le fait que le Québec se lançait dans la « loto-pétrole » avec l'argent des Québécois.

Les organisations syndicales et environnementales réclamaient cette semaine un large débat public sur la pertinence pour le Québec de se lancer dans la filière pétrolière à l'heure des changements climatiques. Ils demandent également que le gouvernement adopte un plan pour réduire la dépendance aux hydrocarbures.

« Le nouveau gouvernement, de concert avec la société québécoise, doit tout mettre en œuvre pour réduire notre dépendance aux combustibles fossiles et reprendre, au-delà des lignes partisanes, les idées fortes que constituent l'électrification des transports et l'amélioration des transports en commun », a déclaré Patrick Bonin de Greenpeace.

Les dirigeants des grandes centrales syndicales invitent quant à eux le gouvernement à la tenue d’un débat démocratique au terme duquel la population aurait le dernier mot, à ce qu’il comprenne une réflexion sur la relance de l'emploi et sur les modèles de développement pour les régions du Québec et à ce que l'exploitation du sous-sol québécois se fasse dans le respect des populations locales et de l'environnement, avec une juste part des redevances.