10 000 employés municipaux manifestent à Québec

2014/05/22 | Par Maude Messier

Au lendemain de l’ouverture de la session parlementaire à Québec, plus de 10 000 cols blancs, cols bleus, policiers, pompiers, professionnels et employés de sociétés de transport ont manifesté devant l’Assemblée nationale, mercredi midi, réclamant « la négociation, pas la confrontation ».

La Coalition syndicale pour la libre négociation, lancée le 20 mars dernier, regroupe plus de 65 000 membres, soit près de 97% des employés municipaux syndiqués du Québec. La Fédération des employées et employés de services publics (CSN) et la Fédération indépendante des syndicats autonomes (FISA), qui représente notamment les cols blancs de la Ville de Québec, se sont aussi récemment jointes à la Coalition.

Les syndicats n’entendent pas se laisser imposer les conditions de restructuration de leurs régimes de retraite et s’opposent catégoriquement à tout projet de loi visant à encadrer la restructuration des régimes de retraite du secteur municipal qui compromettrait la libre négociation.

Le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, a déjà confirmé à deux reprises à la Coalition qu’il entend bel et bien déposé un projet de loi pour «assurer la pérennité des régimes de retraite à prestations déterminées ».

Déjà échaudés par le projet de loi 79 sur la restructuration des régimes de retraite du secteur municipal présenté par le gouvernement péquiste en février dernier, les syndicats craignent maintenant une législation qui imposerait un partage à parts égales des déficits passés des caisses de retraite.

Pierre Moreau, qui a réitéré son intention d’aller de l’avant avec le dépôt d’un projet de loi rapidement en s’adressant aux manifestants mercredi, n'a pas écarter la question du partage 50-50.

« Pour nous, c’est clair : le partage des déficits passés, il n’en est pas question ! Ce n’est pas négociable, pas plus que le service passé. Pas question de toucher aux retraités. Aujourd’hui, c’était un aperçu de la mobilisation qui s’organise », d’indiquer le porte-parole de la Coalition, Marc Ranger, joint par l’aut’journal.

« Nous nous opposons au dépôt d’un projet loi. Maintenant, ce qu’on réclame, c’est que si cadre législatif il y a, on souhaite qu’il soit le plus souple possible pour respecter le droit à la négociation »,

Il s’attend à ce que le projet de loi soit déposé vers la mi-juin, suivi par les travaux en Commission parlementaire dès la mi-août.

« Laissez-nous travailler et négocier, parce que la négociation, ça marche. On obtient des ententes à la satisfaction des parties, là où il est encore possible de négocier. » Marc Ranger dénonce vivement le fait que plusieurs des quelque cinquante négociations en cours stagnent depuis que le dépôt d’un projet de loi est confirmé.

« Certaines municipalités attendant leur cadeau. Mais ils vont voir que ce sera un cadeau empoisonné. Ils vont s'apercevoir qu'une ville sans employés municipaux, ça ne marche pas ! »

Le 15 avril dernier, plus de 1000 délégués des différentes organisations syndicales se sont réunis au Palais des congrès de Montréal et adopté à l’unanimité une résolution d’opposition à une éventuelle «loi-bulldozer» qui imposerait des résultats «mur à mur».

Le 24 avril, ils étaient 2500 travailleurs à manifester devant le siège social de l’Union des municipalités du Québec à Montréal.

Le porte-parole de la Coalition assure que la mobilisation s’intensifiera. L’Union des municipalités du Québec tiendra aussi cette semaine, du 21 au 24 mai, son congrès annuel au Centre des congrès du Lac Leamy, à Gatineau. Marc Ranger indique que des membres de la Coalition sont inscrits.

« Le premier ministre Philippe Couillard doit faire une allocution jeudi et le ministre Moreau, vendredi. Nous y serons et nous réagirons sur leur terrain. Ce n’est pas fini, ça ne fait que commencer. »


Photo : SCFP