Harper met en péril un contrat de 3,4 milliards de Bombardier en Russie

2014/05/27 | Par Pierre Dubuc

Le Globe and Mail rapporte dans son édition du 23 mai que Moscou évalue la possibilité de mettre fin à un contrat avec Bombardier qui prévoyait l’achat d’au moins 100 avions Q400 pour un montant de 3,4 milliards $.

Selon le Globe, l’attitude belliqueuse du gouvernement canadien à l’égard de la Russie à propos de l’Ukraine serait la cause de la remise en question du contrat.

Le gouvernement de Stephen Harper est un des plus virulents critiques de la politique russe, si bien qu’il s’est fait rabrouer publiquement par le président Poutine.

Rappelons que le premier ministre Harper et le ministre des Affaires étrangères John Baird ont comparé les actions de la Russie en Ukraine à l’annexion du territoire des Sudètes par l’Allemagne nazie en 1938. Une position identique à celle mise de l’avant récemment par le Prince Charles, lors de son voyage au Canada, et qui a fait scandale.

La politique du gouvernement fédéral est calquée sur les intérêts des pétrolières de l’Ouest canadien qui applaudissent à la détérioration des relations entre l’Europe et la Russie, y voyant une occasion de remplacer cette dernière comme fournisseur d’hydrocarbures pour l’Europe.


Le mal hollandais, prise 2

Déjà, plusieurs économistes ont démontré que le boom dans l’exploitation et l’exportation des richesses naturelles au Canada, et plus spécifiquement les hydrocarbures, avait contribué à une appréciation importante de la valeur du dollar canadien, qui avait provoqué en retour une perte de compétitivité des exportations des produits manufacturiers, qui sont fixés sur les marchés internationaux en dollars américains.

Les économistes ont qualifié ce phénomène de « mal hollandais ». L’expression tire son nom du déclin de l’industrie manufacturière hollandaise par suite du développement de l’exploitation d’importantes sources de gaz naturel mer du Nord au début des années 1960.

Entre 2002 et 2008, le « mal hollandais » serait responsable de la perte de près de 32 000 emplois dans le secteur manufacturier au Québec.

Il reste à évaluer combien d’autres emplois manufacturiers seront perdus chez Bombardier et dans d’autres usines québécoises par suite de la politique ukrainienne de Harper.


L’oléoduc TransCanada

Aujourd’hui, les pétrolières mises beaucoup sur la construction par TransCanada Corporation d’un oléoduc qui acheminera du pétrole de l’Ouest vers l’Europe par les ports de Cacouna au Québec et St-John au Nouveau-Brunswick.

Non seulement le Québec ne touchera aucun bénéfice en retour du passage de cet oléoduc sur son territoire, mais l’augmentation des exportations d’hydrocarbures qui en découlera aura pour effet de faire augmenter la valeur du dollar canadien et d’affaiblir encore davantage l’industrie manufacturière du Québec.

Mais les éditorialistes de La Presse et autres commentateurs fédéralistes nous inviteront à nous réjouir de cette augmentation des exportations de pétrole qui aura pour effet d’augmenter les revenus du gouvernement canadien… et les paiements de péréquation au Québec!

Le Québec comptera plus de sans-emploi, mais le chèque de bien-être du fédéral versé au gouvernement du Québec – c’est-à-dire la péréquation – sera plus généreux. Alors, qu’avons-nous à nous plaindre?