Jour 4 du 64e Congrès de la CSN

2014/05/30 | Par Maude Messier

« Dans 98% des négociations collectives, on s’entend. Les propos de Monsieur Bouchard ne reflètent pas la dynamique des relations de travail au Québec », de déclarer le président de la CSN, Jacques Létourneau, en réaction aux propos tenus par Alain Bouchard, PDG de Couche-Tard connu notamment pour ses fresques contre la syndicalisation, mercredi devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Jacques Létourneau a dit souhaiter que le patronat québécois se dissocie de ces propos.

Alain Bouchard a déclaré que le Québec vit « sur le BS » en recevant de la péréquation de la part du gouvernement fédéral. Il est aussi d’avis que le Québec « dépense trop » depuis 40 ans, une situation « intolérable », à son avis.

« On laisse les groupuscules d'influence gérer pour nous. Nos gouvernements nous embarquent dans des situations impossibles et acceptent ça. » Il s’en est également pris aux gels de certains tarifs, d'électricité, des garderies et des droits de scolarité, « une véritable maladie ».

« J'aimerais moins de gouvernement, moins de réglementation et plus d'aide aux entrepreneurs. »

Près de 2 000 délégués sont réunis cette semaine à Québec à l’occasion du 64e Congrès de la CSN. Les réactions du président de la centrale, recueillies lors d’une entrevue réalisée par une journaliste de Radio-Canada, ont été rediffusées sur écrans géants dans la salle du congrès.

« Je souhaiterais qu’on arrête de faire porter à la classe moyenne et aux travailleurs la responsabilité d’une crise avec laquelle ils n’ont rien à voir. C’est odieux », a-t-il déclaré, ajoutant que le « monde occidental » est en crise depuis 2008 et que le Québec ne fait pas exception. S’il ne s’en sort pas si mal, c’est précisément en raison du filet social dont les Québécois ont fait le choix de se doter collectivement, selon Jacques Létourneau.

Alain Bouchard laissera les rênes de son entreprise à compter de septembre prochain. « Il fait bien de prendre sa retraite. » Des déclarations qui ont évidemment été chaudement applaudies par les délégués.

La quatrième journée du Congrès de la CSN aura surtout été occupée par des débats autour d’éléments de régie interne et de l’adoption du budget pour les trois prochaines années.

Les délégués ont aussi été amenés à se pencher sur des résolutions d’urgence, visant surtout à appuyer des travailleurs en lutte.

Le 64e Congrès de la CSN a notamment appuyé à l’unanimité le Syndicat des communications de Radio-Canada qui réclame un moratoire sur les compressions de 130 millions $ annoncées en avril dernier et la tenue d’une commission parlementaire publique sur l’avenir de Radio-Canada.

Pour consulter le Livre blanc sur l’avenir du diffuseur public préparé dans le cadre de la campagne Tous amis de Radio-Canada ici.

Les délégués ont aussi appuyé à l’unanimité une résolution dénonçant le dépôt prochain d’une loi sur les régimes de retraites du secteur municipal et du transport. La CSN appuiera donc les actions de la Coalition syndicale pour la libre négociation qui regroupe la presque totalité des travailleur du secteur municipal, dont la Fédération des employées et employés de services publics est membre.

La Coalition dénonce les mesures qui, selon toutes vraisemblances, pourraient se retrouver dans le projet de loi du gouvernement de Philippe Couillard: partage 50-50 des coûts courants des régimes de retraite et partage des déficits passés.

Les délégués ont donné leur appui au Syndicat des Teamsters, section locale 213, dont les 350 employés syndiqués du IKEA de Richmond, en Colombie-Britannique, sont en lock-out depuis plus d’un an.

Le Congrès a aussi appuyé le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes dans leur lutte pour la sauvegarde de Postes Canada, l’annulation de l’abolition de la livraison à domicile et la diversification des services de la société pour maintenir un service public de livraison de qualité.

Les élections à la vice-présidence sur le comité exécutif de la centrale avaient lieu jeudi midi. Les délégués ont élu au scrutin secret Véronique De Sève, actuellement secrétaire générale du Conseil central du Montréal métropolitain. Le comptage des votes n’a pas été dévoilé sur le plancher du Congrès.