Laissez-nous enseigner !

2014/09/05 | Par Mario Beauchemin

L’auteur est professeur d’histoire et président de la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ)

Alors que la session vient à peine de commencer, que nous sortons d’un débat parfois déchirant sur l’introduction d’un cours d’histoire obligatoire et que le rapport issu du Sommet sur l’enseignement supérieur n’a même pas encore été rendu public, pourquoi créer de l’insécurité dans le milieu en affirmant vouloir revoir la formation générale au collégial ?

Encore une fois la formation collégiale et, plus particulièrement la formation commune obligatoire, est dans la mire de plusieurs. Le ministre de l’Éducation et le président de la Fédération des cégeps semblent vouloir l’assouplir et la rendre plus adaptée aux différents besoins des étudiantes et étudiants, du marché du travail et des régions. C’est pourtant exactement ce que font les enseignantes et enseignants de cégep depuis plusieurs décennies : s’assouplir et s’adapter !

En effet, ce n’est pas parce que l’encadrement légal de la formation générale n’a pas changé depuis 1993 que les cours et les exigences du milieu sont restés les mêmes. Outre l’introduction de l’approche par compétences, l’assouplissement des règles d’admission, l’arrivée des étudiantes et étudiants ayant des besoins particuliers ou encore les nouvelles technologies ont eu des impacts majeurs sur la profession. Sans compter la multiplication des contrôles de tous genres : politiques d’évaluation des apprentissages et des programmes, commission d’évaluation de l’enseignement collégial, plans de réussite et, depuis peu, l’assurance qualité. En plus d’être souple et adaptée, la formation collégiale est largement évaluée.

Plutôt que de relancer un débat qui revient régulièrement sur la formation générale, pourquoi ne pas s’occuper « des vraies affaires ». Une partie de ces « affaires » faisait d’ailleurs l’objet du rapport sur l’offre de formation collégiale entre les mains du ministère de l’Éducation depuis le mois de juin. Parmi celles-ci, mentionnons par exemple le renforcement de la coordination des activités des cégeps, l’encadrement de l’offre de programme pour éviter la concurrence privé-public ou encore le soutien aux cégeps de région. Afin de laisser les professeures et professeurs enseigner dans un climat serein en cette rentrée collégiale, il nous semblerait plus opportun de travailler ensemble à la mise en œuvre des recommandations issues du rapport Demers que d’ouvrir un nouveau débat déchirant et non justifié sur la place publique. Enfin, si le ministre a réellement l’intention d’aller de l’avant avec une modification du règlement sur le régime des études collégiales, nous l’invitons à prendre le temps de consulter au préalable le corps professoral.