Combattre l’austérité par la solidarité et l’indépendance

2014/09/30 | Par Martine Ouellet

J’ai bâti mon action citoyenne, civique et politique autour d’un seul objectif, l’amélioration du bien commun. Ce que j’observe et pressens comme opération de démantèlement de l’État québécois, de nos services publics et de notre filet social me perturbe et alimente en moi une grande colère. Qui plus est, le partage idéologique entre le gouvernement libéral et la seconde opposition caquiste rend encore plus sinistre le saccage de nos acquis sociaux au nom de l’austérité et du redressement annoncés en grande pompe par le premier ministre Couillard lors de la formation de son gouvernement.

Le Parti Libéral du Québec a trompé les Québécois en omettant d’énumérer lors de la dernière campagne électorale les coupes idéologiques qu’il s’apprête à exécuter. Aucun mot sur les coupures en éducation, dans le milieu communautaire, dans les centres jeunesse, dans les CPE, à l’aide aux devoirs, aux universités, à l’aide alimentaire dans les écoles défavorisées, au régime d’assurance parentale, aux représentations internationales du Québec ou encore dans les conservatoires – le premier ministre Couillard a berné les Québécois. Il disait qu’avec François Legault, c’était le chaos, maintenant il en est l’alter ego.

C’est un néo Parti libéral du Québec qui est au pouvoir. Il a clairement divorcé de l’héritage de Robert Bourassa, Claude Ryan et Jean Lesage. Il s’en prend aux fruits de la Révolution tranquille. La militante en moi ne peut rester les bras croisés. Le Parti Québécois, celui dans lequel je me suis engagée depuis plus de 20 ans, doit redevenir la seule alternative possible qui peut mettre fin à ce cauchemar libéralo-caquiste.

Contre l’austérité, nous devons proposer la solidarité et l’équité.

Pour moi, il est clair que nous devons miser davantage sur la solidarité pour contrer le discours d’austérité du gouvernement libéral. L’idéologie conservatrice du gouvernement ne doit pas appauvrir les familles, la classe moyenne et les plus démunis. Ce genre de logique à courte vue met en péril les assises économiques du Québec.

Les recettes de l’austérité ont fait chou blanc en Europe en minant la croissance économique et les capacités d’intervention gouvernementale. Les résultats ont été catastrophiques, notamment pour les jeunes dont le chômage atteint des niveaux records, pensons à l’Espagne et à la Grèce. Même les experts du Fonds monétaire international (FMI) ont récemment mis en garde contre les politiques d’austérité susceptibles de ralentir l’économie. Voir le gouvernement du Québec prendre aveuglément cette direction fait craindre le pire. Ce n’est pas le futur que je souhaite pour le Québec. La jeunesse québécoise mérite mieux.

Le Parti Québécois doit proposer une véritable solution progressiste face aux forces de l’austérité. Il faut faire barrage au saccage des acquis de la Révolution tranquille Nous devons préserver nos acquis sociaux et aller plus loin en matière de justice sociale, de lutte à la pauvreté, d’équité entre les générations et de soutien aux familles. Cette solution s’incarnera en plaçant le citoyen au cœur des priorités. Je veux en finir avec les solutions mitoyennes. Nous devrons lutter avec acharnement contre les lobbys de la privatisation et de la coupure qui n’ont que la maximisation des dividendes à leurs actionnaires comme modus operandi.

Je comprends bien la fragilité de nos finances publiques, mais je sais qu’il y a des alternatives pour augmenter les revenus de l’État. Voilà d’ailleurs ce que suggéraient récemment les experts du FMI en discutant précisément de la situation qui prévaut au Canada.

La meilleure gestion des dépenses passe par une meilleure efficacité administrative, non pas par des coupures de services idéologiques. Une meilleure gestion passe par l’élimination des dédoublements de pouvoir inefficaces, coûteux, par l’élimination de la double bureaucratie fédérale-provinciale en faisant l’indépendance du Québec. Contre l’austérité, je souhaite proposer un développement économique intelligent qui nous permettra de nous enrichir collectivement et d’aller plus loin ensemble.

Sur la question nationale, je ne le cacherai pas, je fais partie de ceux qu’on appelle les « pressés ». Il y a urgence à agir. Le statu quo constitutionnel, c’est bien plus que de l’immobilisme, c’est un constant recul. Le Canada nous fait reculer sur le plan économique, nous fait reculer sur le plan social et nous fait reculer sur le plan environnemental. Être « pressée » ne veut pas dire improviser, car on ne presse pas, on n’improvise pas l’arrivée d’un nouveau pays, on la prépare. Je compte travailler intensément sur la préparation du pays, en m’inspirant de ce que j’ai observé en Écosse, de ce qui s’en vient en Catalogne et de nos expériences passées.

De 2015 à 2018, le Parti Québécois doit préparer le pays en bâtissant sa maquette. Nous devons aussi obtenir l’appui de la société civile, particulièrement des jeunes et des groupes culturels, et créer un ralliement national des forces souverainistes derrière ce projet. Il ne s’agit pas de se concentrer sur le pays imaginaire et oublier le pays réel comme se plaisent à l’affirmer François Legault et Philippe Couillard, mais bien de créer dans le concret un pays qui saura prospérer comme nul autre.

La part de la question sociale dans le projet de pays est aujourd’hui plus qu’indispensable. L’austérité dans laquelle nous plonge le gouvernement libéral et le conservatisme idéologique du gouvernement de Stephen Harper nous démontrent la nécessité de faire naître un pays qui finalement aura l’ensemble des leviers pour mener à un projet de société égalitaire et juste.

Dans cette réflexion que je poursuis au sujet d’une éventuelle candidature à la chefferie, je lance un appel aux militants qui veulent réformer le Parti Québécois pour en faire un véritable moteur de changement, aux souverainistes qui veulent une nouvelle démarche concrète vers le pays, aux travailleurs et aux milieux communautaires qui veulent combattre l’austérité ainsi qu’aux familles et à la classe moyenne qui souhaitent préserver leurs acquis et les augmenter ; à tous ceux qui ne veulent pas faire les frais de ce gouvernement. Je vous demande de m’appuyer dans cette réflexion et de le faire en grand nombre.

D’une militante aux militants, je vous dis que nous pouvons réinvestir ce parti, que nous pouvons en faire quelque chose de grand pour nos concitoyens et pour nos enfants.

Levons-nous, disons non à l’austérité et oui à Québec plus solidaire, plus prospère, plus vert et indépendant.



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