Palestine : le Canada invité à suivre l’exemple de la Suède

2014/11/21 | Par Pierre Jasmin

L’auteur est vice-président des Artistes pour la Paix

Il y a six jours, la Suède est devenue le premier pays, comme membre de l’Union européenne, à reconnaître l’État de Palestine, se joignant ainsi à plus de 138 pays qui l’avaient admis comme État observateur (non-membre) de l'ONU le 29 novembre 2012. Comme pour les États-Unis, cette reconnaissance semble au Canada, dont vous représentez la diplomatie, prématurée.

Les Artistes pour la Paix vous expriment par la présente notre dissidence. Selon nous, votre homologue suédoise, Margot Wallström, encouragée par l’exemple de sept pays d’Amérique du Sud depuis quatre ans, affirme avec raison : «Le gouvernement considère que les critères de droit international pour une reconnaissance de l’État de Palestine sont remplis : il y a un territoire, une population et un gouvernement. J’ai peur que [cette décision] vienne plutôt trop tard que trop tôt».

La ministre des Affaires étrangères de Suède a de plus affirmé qu'il s'agissait d' «une étape importante, qui confirme le droit des Palestiniens à l'auto-détermination» et que son pays voulait ainsi «soutenir les forces modérées parmi les Palestiniens ».

Nous appuyons cette dernière affirmation, d’autant plus que nous n’avons pas hésité, l’hiver dernier, à imputer au Hamas et aux fusées Qassam une part de responsabilité dans l’atroce invasion militaire israélienne de la bande de Gaza.

Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a parlé d'une « étape historique » franchie par la Suède. Nul doute que cette reconnaissance apporte un baume à la situation de frustration extrême vécue actuellement par les Palestiniens face à l’agressive politique de colonisation israélienne en leur territoire, en particulier à Jérusalem, agression que notre pays devrait condamner.

Nous croyons qu’après le défunt processus de paix d’Oslo il y a vingt ans, l’initiative de la Suède représente une nouvelle clé à saisir pour empêcher une détérioration de la situation des Palestiniens. Or, toute situation désespérée entraîne, hélas, la possibilité d’actes terroristes. C’est pourquoi nous jugeons que la Suède vient d’accomplir un acte de paix, auquel le Canada doit songer à apporter son appui.