Tuerie de Polytechnique : En tant qu’hommes, nous devons rompre le silence !

2014/12/05 | Par L’aut’journal 

Nous reproduisons ci-dessus, le texte publié dans les pages de l’aut’journal, suite à la tuerie de Polytetechnique.

Nous sommes profondément troublées par l’assassinat des 14 jeunes femmes de l’École Polytechnique.

Au-delà du geste d’un dément, nous y voyons le symbole de la violence faite aux femmes dans notre société.

Violence quotidienne reprise à la une de certains journaux dits « à sensation » ou dans de minuscules entre-filets dans d’autres, comme cet homme qui agresse sexuellement sa fille, ou cet amant éconduit qui abat sa fiancée, ou encore ce viol collectif commis par des étudiants.

Sans parler de de toutes ces femmes battues par leurs conjoints, de ces dames agressées dans le métro ou dans leurs maisons pour une poignée de dollars, dont l’histoire est considérée trop banale pour être rapportée par les médias.

Puis, il y a cette violence véhiculée par les stéréotypes publicitaires, la pornographie, subventionnée maintenant par la Banque fédérale de développement, sans oublier le harcèlement sexuel au travail et, aussi, dans les organisations démocratiques dans lesquelles les femmes militent.

N’en doutons pas un seul instant, le massacre de l’École Polytechnique est le symbole d’un ressac contre les avancées démocratiques, conquises de haute lutte, par les femmes au cours des dernières décennies, que ce soit dans le monde de l’enseignement, sur le marché du travail ou dans l’ensemble de la société.

Le geste de Marc Lépine se situe dans le prolongement des actions juridiques de Jean-Guy Tremblay à l’encontre de Chantal Daigle.

Trop souvent, les hommes demeurent silencieux devant toutes ces violences, passifs devant des cas manifestes, n’intervenant pas auprès d’un mari dont on sait qu’il bat sa femme, ne se portant à la défense de camarades de travail victimes de harcèlement, faisant comme si la lutte contre la pornographie était le lot uniquement des femmes.

Aujourd’hui, des groupes de femmes nous interpellent et nous demandent de prendre clairement position en tant qu’hommes.

Nous répondons à leur appel. Nous déclarons que la violence faite aux femmes, quelle qu’en soit la forme, est inacceptable. Et nous ne l’acceptons pas. Nous déclarons qu’il ne suffit plus de s’indigner individuellement, qu’il faut riposter, prendre position publiquement, poser des gestes collectifs.

Aussi, les signataires de cette déclaration lancent un appel à toutes les organisations démocratiques, syndicats, groupes communautaires, associations étudiantes et autres, afin qu’elles mettent à l’ordre du jour cette question, s’interrogent sur leurs pratiques, prennent position publiquement et apportent un soutien moral et matériel aux organisations de femmes.

Nous sommes conscients qu’il est impossible d’éliminer complètement la violence faite aux femmes sans changer profondément notre société, mais une telle transformation est irréalisable sans la lutte commune des hommes et des femmes.

Ont signé à l’époque, les collaborateurs réguliers suivants : Guy Bouthillier, Pierre Dubuc, François Légaré, Hans Marotte, Raul Padilla, Patrick C. Pilotte, Pierre Richard et Paul Rose.