Non, mais il faut les entendre!

2015/01/07 | Par Louis Bourgea

Lise Ravary qui se dit atterrée de cette attaque contre la liberté de parole et qui dit se rappeler tristement que lorsqu’une fatwa fut lancée contre Salman Rushdie la communauté journalistique internationale avait réagi avec indifférence, alors qu’elle avait suivi l’affaire avec intérêt.

Quel maudit front de bœuf! Il faudrait réécouter et relire les propos et les condamnations qu’elle a proférés contre la militante laïque Louise Mailloux pour voir à quel point elle chérit la liberté d’expression.

Puis, il y a Brian Myles qui, en sa qualité d’ancien président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, se pose en champion de la liberté d’expression. « Il faut non seulement la tolérer, mais l’encourager », affirme-t-il.

« Si on se laisse intimider par ceux qui veulent nous faire taire par le sang, on fait le jeu de la censure », déclare-t-il solennellement. Par le sang, précise-t-il. Car, quand on censure sans faire couler le sang, c’est autre chose.

Quand on se contente de taire, de ne pas dire, de ne pas poser de question. Ne pas accorder sa carte de journaliste à quelqu’un qui fait un excellent travail, professionnel, au sein d’un média alternatif et ne même pas avoir le courage de défendre sa décision, ça c’est acceptable. Ça ne tache pas le tapis.

Pas touche à ceux qui utilisent les tribunaux pour faire taire les critiques. La liberté d’expression ne s’en trouve pas menacée puisque c’est fait proprement.

Ces individus qui jouent les vierges affligées ne défendent la liberté d’opinion que lorsqu’ils sont en accord avec ce qui est dit. Quand un libre penseur est tué pour ses opinions, ils manifestent leur solidarité, mais à posteriori.

Alors, ils flairent l’aubaine, l’occasion de se faire voir, d’ajouter leur commentaire à ce concours de celui qui sera le plus affligé, le plus personnellement et profondément touché.

Ils rivalisent pour trouver la formule qui fera mouche, celle que tous reprendront en chœur. En résulte une accumulation malaucœurante, comme dirait VLB, de clichés et de lieux communs dont on ne peut s’étonner : habitués qu’ils sont de ne jamais transgresser les limites tacitement fixées par le patron et par l’élite bien pensante.

Eux qui pratiquent l’autocensure au quotidien et qui ensuite jurent n’avoir jamais subi de pression de la part du propriétaire de l’entreprise où ils travaillent. « Je suis Charlie » clament-ils. Je suis Charlie mon cul!

Ces gens s’octroient un courage qui leur fait gravement défaut. Pour eux le courage journalistique se limite à affronter le froid le jour de la guignolée, qui, comme par hasard, est une autre occasion pour eux de se faire voir.