L’Empire anti-laïcité contre-attaque, prise 2

2015/02/02 | Par Martin Lachapelle

La hausse de l’appui pour la laïcité de l’État agace le gouvernement libéral qui y est allergique et les journaux libéraux de Gesca. Dans la foulée des récents attentats terroristes intégristes, les libéraux reprochent aux partisans de la laïcité de faire un amalgame entre laïcité de l’État et lutte contre l’intégrisme (trop souvent synonyme de terrorisme).

Or, les libéraux ont eux-mêmes récupéré les attentats pour pouvoir continuer à tergiverser sur ces deux enjeux, en réorientant ensuite soudainement leur plan d’action en retard de seulement sept ans pour épargner l’intégrisme et faire la lutte à la « radicalisation ».

« Radicalisation » est un mot fourre-tout qui a surtout le mérite d’éviter de faire une allusion directe à la religion. Contrairement à « intégrisme ». Et « radicalisation » est un mot au sens large qui porte à confusion, en excluant maintenant les gentils intégristes non-terroristes (gentiment à contre-courant avec les fameuses valeurs libérales de l’Occident, tout en l’habitant) depuis que le gouvernement libéral a cautionné l’intégrisme comme mode de vie acceptable en démocratie.

Sans oublier que, si les gentils intégristes non-terroristes ne font plus partie de la liste des « radicaux », la liste demeure toutefois très longue selon la définition des journaux libéraux : les partisans de la laïcité, la gauche, les syndicats, les défenseurs du français, les nationalistes, les indépendantistes, les environnementalistes, etc. Tous des « radicaux ». (Sans parler de la menace de la « radicalisation » à l’étranger, suite à la prise du pouvoir en Grèce d’un parti anti-austérité de gauche dite « radicale ».)

Bref, « radicaux » est une étiquette qui s’applique par conséquent au terrorisme religieux ainsi qu’à tous ceux qui s’objectent pourtant pacifiquement aux dogmes dominants : néolibéralisme, fédéralisme et multiculturalisme pro-religion selon le modèle anglo-saxon.

On comprend également que le changement d’orientation du plan d’action libéral qui ne parlera plus de lutte contre l’intégrisme mais bien de lutte contre la « radicalisation » vise principalement à ne pas froisser leur clientèle électorale religieuse opposée à la laïcité.


Publication partielle d’un sondage embêtant sur la laïcité

Oui, La Presse n’a fait que relayer un article de La Presse Canadienne sur certains résultats du sondage de SOM commandé par Cogeco Nouvelles avec un titre mentionnant que 59 % des Québécois appuient l’idée d’une charte de la laïcité. Mais ce même article laconique pour le moins curieux met plutôt l’emphase sur une autre statistique du sondage en réponse à une autre question qui n’a aucun lien direct avec la laïcité : soit le 16 % de Québécois ayant une perception négative des musulmans et des immigrants.

Résultat : encore une fois, on fait un rapprochement entre une charte de la laïcité et la xénophobie, en cachant le fait que le tiers des anglophones et plus de la moitié des allophones appuieraient aussi la laïcité! Ce que d’autres médias tel que le Devoir ont révélé. Comme quoi l’appui à la laïcité ne se limite pas qu’aux « nombreux » vilains francos « radicaux ». Les huit...


Les attentats en France seraient apparemment la preuve de l’échec de la laïcité

Non, une charte de la laïcité de l’État n’est pas une garantie contre le terrorisme intégriste. Mais l’inverse est aussi vrai : la prétendue « neutralité » de l’État des pays multi-culturalistes anglo-saxons pro-religions ne protège en rien non plus. Et dire NON à la laïcité de l’État équivaut beaucoup plus à dire OUI à l’intégrisme que l’inverse.

Contrairement à ce que prétend Lysiane Gagnon, dans « Couillard et les valeurs libérales », le triste record de l’horreur terroriste intégriste en Occident ne revient pas à la France laïque, mais bien à un pays religieux : les USA. Gagnon a déjà oublié le 11 septembre 2001 ?


Cautionnement du passé saoudien de Couillard, le défenseur des valeurs « libérales »

Oui, c’était maladroit de laisser entendre que Philippe Couillard serait peut-être tenté d’importer les valeurs de l’Arabie Saoudite. Mais la palme du ridicule revient à certains journalistes de La Presse pour leur pathétique relativisme apolitique. On pense à Lysiane Gagnon. Ou à Paul Journet qui, dans « Les alliés involontaires », a affirmé que « Les étrangers qui séjournent en Arabie saoudite contribuent à libéraliser le régime, un pas lilliputien à la fois ».

Couillard, de « mercenaire » (obsédé par l’appât du gain déposé dans un paradis fiscal qui travailla volontairement pour un régime intégriste, antidémocratique, corrompu et macho), à « travailleur humanitaire » ?

Wow! Super belle job de Photoshop! Sûrement le logiciel pro-libéral version « compétition ». Avec ça, même le pire laideron en termes de valeurs morales pourrait avoir l’air de Gandhi en deux clics de souris.

Parlant de valeurs, « libérales » celles-là, Lysiane Gagnon en a poussé une autre bonne en déclarant que Philippe Couillard « promeut des valeurs libérales (au sens non partisan du mot) », alors qu’il a pourtant travaillé de plein gré pour un régime dictatorial, en s’opposant ensuite à la laïcité de l’État au Québec pour ne pas décevoir les électeurs religieux de sa clientèle électorale.


Les leçons de déni et de projection de l’apprenti Dr. Pratte : « Diagnostic : schizophrénie »

Bientôt diplômé de l’École de psychiatrie libérale, après une formation intensive par correspondance de cinq longues minutes offerte par le Dr. Vivian Rakoff (le psychiatre ontarien hostile au PQ et au OUI ayant reçu en 1997 la commande d’un député libéral fédéral de dresser un sombre portrait psychologique de Lucien Bouchard sans même le rencontrer), l’apprenti Dr. André Pratte a récemment commencé ses stages en livrant un premier diagnostic partisan concernant les partisans de la laïcité : schizophrénie.

Mentionnons cependant que l’apprenti Dr. Pratte n’a toujours pas suivi sa formation concernant les notions élémentaires sur les mécanismes de défense comme la projection et le déni.


Hiérarchisation de la liberté d’expression et récupération de l’exclusion à l’emploi

Concluons avec Vincent Marissal et Patrick Lagacé qui, dans « Charte prise 2 » et « PLQ : le parti avant la patrie », ont perdu leur beau vernis d’objectivité à 5 cennes en critiquant tous les deux une chose et surtout son contraire. C’est-à-dire qu’ils critiquent à la fois l’inaction chronique des libéraux à légiférer sur la laïcité de l’État, mais aussi et davantage les « péquistes-qui-font-peur-au-monde » et toutes leurs propositions même adoucies qui seraient mauvaises par définition...

Marissal s’est encore plus compromis en disant aimer l’expression « signes convictionnels » de la Belgique qui interdit l’affichage des différents signes ostentatoires (religieux, politiques, philosophiques) dans le secteur public, mais Marissal trouve encore trop « radical » d’empêcher les nouveaux fonctionnaires du Québec d’afficher leur religiosité.

Le problème est que cela équivaut à cautionner la hiérarchisation actuelle des libertés d’expression et d’affichage de convictions au profit exclusif de la religion. Car l’affichage politique et philosophique est déjà interdit. Comme si le besoin non vital d’afficher sa religion était un besoin plus légitime que d’afficher ses convictions politiques ou philosophiques. Ou encore son appartenance à une sous-culture marginale : punk, hippie, gothique, etc.

Alors la récupération du thème de l’exclusion à l’emploi au profit exclusif des personnes religieuses pourtant déjà privilégiées est définitivement le plus hypocrite des faux-fuyants anti-laïcité.

D’autant plus qu’environ 75 % des emplois relèvent du secteur privé et que personne à La Presse ne va exiger, au nom de la lutte contre l’exclusion à l’emploi, que le gouvernement libéral force les patrons à oublier les codes vestimentaires non liés à la sécurité en engageant malgré eux des personnes désirant affichant leur religiosité ou, encore mieux, leur marginalité.

Les « fuckés » qualifiés ont trop hâte de voir la dictature de la cravate et de l’apparence straight tomber.

À quand un punk instruit au visage tatoué… banquier ?