Sortie de crise : près de 7 G$ de moins pour les femmes

2015/03/05 | Par IRIS

Une nouvelle étude de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) montre que les femmes ont été davantage pénalisées que les hommes par la sortie de crise du gouvernement du Québec. En effet, tant les stratégies de relances que d’austérité mises en place depuis 2008 auront creusé un fossé de 6,7 G$ entre les hommes et les femmes.

L’IRIS a tout d’abord démontré que le Québec vivait bel et bien une période d’austérité. « Malgré ce que dit le gouvernement, nous sommes actuellement en période d’austérité. En prenant compte de l’inflation, les dépenses ont été négatives en 2011-2012 et 2012-2013 et le seront probablement en 2015-2016 », explique Simon Tremblay-Pepin, chercheur à l’IRIS et auteur de l’étude.

Pour sortir de la crise économique de 2008, le gouvernement du Québec a d’abord mis en place des mesures de relance : l’accélération de son plan d’infrastructures et le démarrage du Plan Nord représentent à eux seuls 38% des sommes investies. « Les mesures de relance économique ont surtout favorisé les hommes, car elles étaient axées sur le secteur de la construction. Ceux-ci ont bénéficié de 7,2 G $, contre 3,5 G$ chez les femmes, ce qui signifie que sur toute la période, ils ont profité de 3,7 milliards $ de plus, soit le double de ce que les femmes ont obtenu », affirme Eve-Lyne Couturier, également chercheure à l’IRIS et auteure de l’étude.

En plus, depuis 2010, le gouvernement adopte des mesures d’austérité pour atteindre l’équilibre budgétaire : coupes générales, hausses de taxes et de tarifs, réductions ou gels des salaires, etc. L’IRIS en a identifié pour 23 G $. « Encore une fois, le portrait est clairement au désavantage des femmes. Collectivement, celles-ci assument 3,1 milliards de compressions de plus que les hommes. Quand le gouvernement coupe dans le secteur public – le plus grand employeur féminin –, ce sont les femmes qui sont plus durement pénalisées », explique Eve-Lyne Couturier

Bien que le ministre des Finances, Carlos Leitao, ait affirmé en commission parlementaire que les mesures imposées étaient «neutres» et «technocratiques», une analyse différenciée selon les sexes permet de dresser un portrait plus clair de l’effet de l’austérité sur les femmes. « La stratégie de sortie de crise, tant avec ses mesures de relance qu’avec ses budgets austères, aura approfondi les inégalités entre les hommes et les femmes de près de 7 milliards de dollars », conclut la chercheure.

Les mesures d’austérité et les femmes : analyse des documents budgétaires depuis novembre 2008 est disponible gratuitement sur : www.iris-recherche.qc.ca. L’Intersyndicale des femmes et Relais-femmes ont participé au financement de cette étude.