Plein le dos des nombrilistes

2015/03/23 | Par Jean-Simon Carrier

J’ai marre des égoïstes, nombrilistes et jememoiistes. Vous savez ces personnes, qui s’abreuvent des paroles du gouvernement et des tenants du néo-libéralisme. Ces personnes qui commentent l’actualité et qui chialent contre tous ceux qui rêvent de conserver ce que nous avons, qui rêvent d’une meilleure société. Celles et ceux qui ignorent que nous pouvons nous le permettre, que l’argent est disponible.

Elle l’est, disponible, le seul problème est qu’elle est entre les mains des amis du pouvoir. Ce qu’il faut comprendre dans les manifestations ou le mouvement de contestation que l’on vit et vivra dans les prochains mois au Québec, c’est que l’argent nécessaire à la conservation de nos acquis, on n’ira pas la chercher dans les poches de la classe moyenne.

Ils accusent les étudiantes et étudiants de n’avoir jamais rien fait et d’avoir tout obtenu trop facilement. C’est tout un jugement. C’est faire confiance en l’avenir de notre province (lire le sarcasme). C’est carrément méprisant. Malheureusement pour eux, lorsque l’affirmation est cinglante, la réponse le sera d’autant plus. Ce n’est pas vrai que parce qu’ils sont jeunes et qu’ils n’ont pas encore « participé » à la société qu’ils ne peuvent rien dire, rien faire. Au contraire, c’est eux qui vivront le plus longtemps dans ce nouveau Québec austère, à deux vitesses, qui ne donnera des chances qu’à ceux qui sont nés au bon endroit, qui ont les bons parents. Ils ont tout à fait le droit de s’insurger pour que mes enfants, les leurs aient la même chance que moi, qu’eux!

Je suis enseignant, je suis syndicaliste, je participe à ce mouvement. Je suis en négociation de mes conditions de travail et j’ai l’intention de passer beaucoup de temps à défendre nos acquis sociaux (j’en passe déjà beaucoup).

Ce n’est pas vrai que je vais me taire. Je vais manifester, je vais crier mon message et je vais me battre. Il ne faut pas oublier que mes conditions de travail ont un impact sur les élèves. Qu’il y ait plus d’élèves par classe ou qu’on abolisse certaines définitions d’élèves en difficultés, ç’aura un impact sur mon travail, certes, mais aussi et surtout sur les élèves qui en sont les fruits!

Nous pouvons donner le même type d’exemple pour les secrétaires d’école, pour les psychologues ou pour les inspecteurs en eau potable. Coupez-leur les vivres, rendez leur travail plus difficile et c’est le Québec tel qu’on le connait qui disparaît.

Il est vrai qu’en écoutant les discours alarmistes de certaines personnes sur la dette, on peut se dire qu’il faut régler cela. Que les générations futures vont s’engouffrer si l’on ne le fait pas. Ces mêmes personnes oublient de dire que cette année on a augmenté cette dette de 2 milliards parce qu’on met ce montant dans le fonds des générations qui sert à… régler la dette. Il me semble qu’il y a un manque de cohérence dans tout cela.

Je vais les déranger. Je vais tout faire en mon pouvoir pour que nous soyons une majorité à le faire. Parce que la classe moyenne, celle qui est et sera la plus touchée par cette réforme, représente la majorité de la population. Que le profit des banques explose, qu’on subventionne des minières milliardaires pour qu’elles exploitent nos ressources et qu’on laisse les amis du parti profiter des paradis fiscaux, ça me met en colère. Surtout quand moi, le prof, je paierai le même prix pour une garderie subventionnée (le maximum selon la nouvelle échelle) que le dirigeant d’une compagnie qui gagne 500 000 $ en omettant ses gains en capital et ne parlant pas des avantages fiscaux dont lui seul peut bénéficier.