Quand Gilbert Lavoie pogne les nerfs

2015/05/26 | Par Martin Lachapelle

Des lecteurs du blogue de Gilbert Lavoie, chroniqueur politique au Soleil, lui reprochent souvent d’occulter la gouvernance erratique des libéraux en parlant de la pluie et du beau temps. Résultat? Gilbert a piqué une surprenante colère et songe maintenant à imiter certains collègues ayant cessé de bloguer. Or, les chroniqueurs pro-Charlie sur le payroll libéral de Gesca, qui aiment bien parler de liberté de presse depuis l’arrivée au PQ de PKP, ont visiblement l’épiderme très sensible face à la liberté d’expression de leur propre lectorat.

Après les Marissal, Boisvert et Lagacé, voilà que Gilbert Lavoie pense à tirer la plogue de son blogue. Pas facile la job de vendeur de couleuvres libérales chez Gesca quand on est confronté aux réactions d’un public qui refuse de les avaler. Surtout avec un gouvernement libéral aussi menteur que gaffeur à épargner.

Deux textes publiés récemment par Gilbert Lavoie nous ont d’ailleurs démontré que parler de liberté de presse et de liberté d’expression est un exercice assurément périlleux pour un chroniqueur de l’empire médiatique le moins pluraliste et le plus aveuglément partisan.


Gilbert et la liberté d’expression

«Allez, faites-vous aller, les frustrés, les rejets, et les cons.

Après 148 981 commentaires publiés sur mon blogue, sans compter ceux qui ont été rejetés, j’en viens à la conclusion qu’il y a des gens qui ont vraiment du temps à perdre.

Peu importe la nature du sujet proposé, ce sont les injures, les insultes, et les propos grossiers qui prennent le dessus. Une véritable pollution.

Je me console en me disant que ceux et celles qui s’adonnent à cet exercice ont besoin de se défouler.

Il vaut peut-être mieux qu’ils le fassent sur la toile qu’en injuriant leurs voisins ou leurs proches.

Mais tout de même.

Alors allez-y, les frustrés et les partisans à outrance: faites-vous aller. Si ça vous épargne une visite chez le psy, tant mieux pour vous, et pour le psy.»

Fallait y penser : déplorer la pauvreté des débats, en insultant les gens.


Réactions des lecteurs

Plusieurs ont souligné poliment que Gilbert Lavoie devrait probablement lui-même consulter un psy. Car le déni ou la projection sont des mécanismes de défense bien connus en psychologie de la personnalité.

Tel que le faisait justement remarquer un lecteur nommé St-Henri, en citant d’abord Gilbert :

««Je me console en me disant que ceux et celles qui s’adonnent à cet exercice ont besoin de se défouler.»

En tout cas, vous venez de le faire vous-même.»

D’autres ont démontré que les chroniqueurs d’un empire médiatique d’allégeance libérale sont bien mal placés pour reprocher à leurs dénigreurs d’être «partisans à outrance», lorsqu’ils pratiquent la diversion. Tel que le rappelait ce commentaire d’Olivier Paquin :

«Je comprends très bien votre impuissance face à ces ”chialeux” mais il reste un dénominateur commun…… Votre manque de critique face aux libéraux. Allez, un petit effort….. Un ou deux sujets sur notre super gouvernement au pouvoir et la moitié des critiques vont disparaitre comme par magie.»


Faits saillants du blogue à Gilbert

Aucun billet sur les libéraux provinciaux en janvier. 0 en 7. Mais le PQ et PKP y ont goûté avec 4 billets… consécutifs!

Sur 22 billets publiés depuis janvier 2015, seulement 6 concernaient la gouvernance libérale pour un maigre total de 27 %. 6 billets diplomates et indulgents. Alors que Gilbert fut plus cinglant envers PKP, le PQ et les conservateurs de Stephen Harper. Rien contre les déboires des libéraux fédéraux.

Au total, depuis janvier, Gilbert Lavoie passe donc environ le ¾ de son temps à détourner son regard des libéraux de Philippe Couillard (ou de Justin Trudeau), pour nous parler de leurs opposants ou de sujets non pertinents.

Voici d’ailleurs le top 3 des billets pas rapport de Gilbert : «Je n’habiterais pas au 50ème étage», «Prudence sur les routes» et, en première position, «Sperme sacré».

Vous avez bien lu.

Un billet à classer dans la catégorie des p’tites vites! Car ce coquin de Gilbert, en nous présentant un copier-coller d’un texte de l’AFP sur le tabou de la masturbation chez certains juifs ultra-orthodoxes, n’a pas eu besoin de se branler les neurones bien longtemps avant que son clavier ou son crayon ne se mette à gicler le fruit pressé de son inspiration…


Je suis Charlie… à géométrie variable

Si Gilbert Lavoie ferme son blogue à diversion et à occultation, les lecteurs du site web de Gesca ne pourront donc plus commenter la politique provinciale et fédérale. On repassera pour le respect de la liberté d’expression de son lectorat.

Oui, les blogues, les réseaux sociaux et les espaces réservés aux commentaires sur les sites des grands médias permettent à plusieurs personnes mal engueulées et impertinentes de s’exprimer. (Au même titre que plusieurs animateurs des radios de droite semblent justement payés pour ça!)

Les petits médias alternatifs (comme L’aut’journal), qui peinent à engager du personnel en raison d’un budget hyper-limité, n’ont souvent pas les moyens d’entretenir une plateforme interactive avec un modérateur payé à temps plein pour assurer la tenue de débats respectueux. Mais les empires médiatiques, comme Gesca, propriété d’une famille de milliardaires, n’ont aucune raison de ne pas le faire.

La job de modérateur du blogue de Gilbert Lavoie appartient à ce dernier. Le problème est que Gilbert le modérateur n’a pas été en mesure d’empêcher Gilbert le chroniqueur de déraper.

La plus drôle est que RDI l’a ensuite invité à l’antenne, après sa montée de lait. Or, RDI a cité des extraits de son texte en amputant les passages où Gilbert insulte les lecteurs! Belle job de modérateur. RDI n’a cependant pas songé à le placer devant ses contradictions. Ni à présenter des commentaires des lecteurs les ayant relevées.

Une belle p’tite entrevue complaisante avec un pauvre chroniqueur prétendument «victime» de la méchanceté des lecteurs partisans et insolents ayant surtout servi à casser encore du sucre sur le dos des blogues et des réseaux sociaux. RDI en a même profité pour ploguer un reportage concernant les chicanes sur Facebook!

Comme si la démocratie se portait mieux avant Internet et la démocratisation de l’information et de l’expression.

Bref, cessez de débattre et contentez-vous de consommer et de vous montrer le selfie, en laissant les spécialistes officiels du prêt-à-penser vous informer. Comme dans le bon vieux temps où les grands médias traditionnels détenaient le monopole de la bonne parole.

Concluons sur la liberté de presse et les pressions patronales sur le contenu politique.

Combien de temps encore les chroniqueurs sur le payroll libéral de l’empire Desmarais vont-ils se ridiculiser à parler de liberté de presse et de PKP, quand Gesca nous démontre constamment que ses propriétaires n’ont pas besoin de se faire élire au sein des libéraux provinciaux ou fédéraux pour imposer une ligne éditoriale libérale ?

On peut se poser la question. Car Gilbert Lavoie, dans «Une relève politique impressionnante», chronique publiée le 9 mai dernier, en a encore parlé.

Le problème est que, trois jours plus tard, ses collègues et lui ont ensuite tous oublié de parler du cas d’entrave sur un journaliste du Devoir spécialisé en environnement, Alexandre Shields. Une entrave pourtant directe à la liberté de la presse exercée par le ministre libéral de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand.

Gilbert a plutôt pensé à critiquer les lecteurs de son blogue. Gilbert et Gesca ont ensuite aussi oublié de parler du communiqué de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec ayant dénoncé l’événement.

Que de mystères de La Presse -, le département de l’occultation des événements compromettant pour la Maison et son parti chéri.

Et que de surprises de La Presse +, puisqu’on a ensuite eu droit à un scoop sur les manquements à l’éthique d’un journaliste travaillant pour son principal concurrent…