Le financement de la transition énergétique dans les transports

2015/10/08 | Par IREC

L’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) publie aujourd’hui un rapport de recherche sur le financement de la transition énergétique dans les transports. Trois experts ont commenté et validé l’étude « Le rapport dresse une feuille de route en phase avec les objectifs du Québec et de la communauté internationale. Le scénario de transition proposé est celui qui permet de s’approcher de l’atteinte d’une cible de -40 % des émissions de GES pour 2030. Il ouvre également la voie à la réalisation de réductions encore plus substantielles d’ici 2050 », ont déclaré Gilles L. Bourque et Michel Beaulé, respectivement chercheur et chargé de projet à l’IRÉC.
 
Les auteurs ont poursuivi en précisant que pour mener efficacement la lutte aux changements climatiques au Québec, il faut placer les actions en transport au cœur des stratégies. « En effet, disent-ils, compte tenu de l’importance de l’hydroélectri¬cité dans la production d’énergie au Québec, c’est principalement le transport routier qui produit les plus grandes quantités d’émissions de GES avec 35 % des émissions totales en 2012. De plus, le plan de transition proposé aurait un effet structurant pour l’ensemble de l’économie québécoise en lui faisant réaliser un important saut de productivité ».

Atteindre 80 % de l’objectif

Sur le plan plus technique, le rapport précise que le scénario proposé « conduit à une baisse de 7,7 mégatonnes (Mt) de CO2. Puisque la cible de réduction globale de 40 % des émissions par rapport à 1990 exige une diminution d’au moins 9,6 Mt du transport terrestre, ce scénario permettrait d’atteindre 80 % de l’objectif. Le 20 % restant pourrait provenir d’une politique énergétique plus volontaire en faveur des biocarburants et d’une bonification des incitatifs favorisant une accélération de l’électrification des transports.

Amélioration des transports en commun

Pour rendre les transports en commun urbains plus attractifs, « le scénario de transition implique, pour la période 2015-2030, des investissements gouvernementaux d’un milliard de dollars par année incluant l’inflation en plus de 5,8 milliards $ de la part des municipalités, pour un total d’immobilisations publiques de 23 milliards $. À ce montant, nous ajoutons trois projets de système léger sur rail (SLR) qui pourraient être réalisés par CDPQ Infra  et qui sont évalués à 7,5 milliards $, ce qui porte le total à 30,5 milliards $ dans les transports en commun (TC). Les nouveaux revenus du Fonds Vert, une augmentation de la taxe d’accise sur les carburants ainsi que les investissements réalisés par CDPQ Infra permettent le financement et la réalisation des immobilisations prévues », ont-ils précisé.

« Par ailleurs, les propositions de nouveaux revenus pour les municipalités (taxe à la congestion et taxe sur les stationnements non résidentiels hors rue) leur permettraient de faire face à leurs obligations (immobilisations et exploitation des sociétés de transport) sur l’horizon 2030 », ont ajouté les chercheurs.

Électrification des transports

Le scénario de transition comprend aussi un volet d’électrification des transports. C’est l’électrification des transports qui contribuera le plus à la réduction des GES au Québec et le scénario de transition du rapport propose une stratégie pour la financer. Pour le transport collectif, il passe par le transfert vers les autobus hybrides puis électriques à partir de 2025 ainsi que par les projets de SLR vers la Rive-Sud (pont Champlain), vers l’Ouest et vers l’Est-de-Montréal. Pour le transport privé, il propose un nouveau Plan d’action sur la voiture électrique qui bonifierait et prolongerait l’aide financière aux achats de véhicules électriques (VE), mais à un coût moindre pour l’État : il repose sur un mécanisme de bonus-malus qui serait financièrement neutre et sur une réduction temporaire et partielle de la taxe de vente sur les VE.

 

Effets structurants pour l’économie nationale

Pour ces auteurs, les investissements dans l’écosystème productif des transports sont essentiels afin d’ancrer les retombées de cette stratégie de transition dans l’économie nationale. « La transition vers des systèmes de transport plus durables, disent-ils, est profitable au Québec en raison de l’abondance et du faible coût de son énergie électrique, mais aussi dans la mesure où il peut développer des technologies et des savoir-faire qui pourront être exportés. Plusieurs mesures sont proposées avec une approche intégrée d’investissements dans la recherche et le développement des technologies vertes et dans les secteurs industriels stratégiques qui y sont associés ».

« C’est une proposition ambitieuse, mais réalisable qui est ici soumise au débat public. L’IRÉC entend ainsi contribuer au débat souhaité par le gouvernement du Québec qui, le 17 septembre, annonçait la tenue prochaine d’une consultation à propos de la cible de réduction d’au moins 37,5 % des émissions de GES au Québec à l’horizon 2030 », ont conclu Gilles L. Bourque et Michel Beaulé.  

Les experts qui ont commenté et validé le rapport sont madame Florence Junca-Adenot, professeure associée au Département d’études urbaines et touristiques, ESG UQAM, monsieur Daniel Breton consultant en matière d’énergie, d’environnement et d’électrification des transports et monsieur Gérald Gagnon, gestionnaire de portefeuille chez Optimum Gestion de Placements.

Il est possible de télécharger ici le rapport de recherche de l’IRÉC Financer la transition énergétique dans les transports.