Plier bagages : exode à pointe-saint-charles

2015/10/20 | Par Marie-Sophie Banville

L’auteure fait partie de la Campagne À qui la Pointe ?­

En cette journée de scrutin, des hordes de citoyens ont été aperçus, chargés de valises et l’air hagard, quittant le quartier Pointe-Saint-Charles, sous les sourires affables des candidat-e-s électoraux, tous partis confondus. Depuis des années les élu-e-s ne sont d’aucun recours pour enrayer ce triste exode, ce Grand dérangement.

Une dame, portant une lourde valise sur laquelle sont écrits les mots « loyer, trop cher », réprime un soupir de dépit : « J’habite le quartier depuis ma naissance. Des rénovations majeures et une hausse de loyer importante m’obligent à partir ». Un monsieur dans la cinquantaine s’approche, lui aussi chargé d’une valise sur laquelle les mots « loyer condo » sont inscrits, et révèle : « Mon nouveau propriétaire m’a annoncé que sa sœur prenait l’étage supérieur du duplex. Je doute fortement de l’existence de cette sœur mais les délais à la Régie du logement rendent toute résistance de ma part complètement inutile. » Une jeune fille qui tient dans ses mains une petite valise marquée des mots « coop en péril » ajoute : « Le loyer de notre coopérative a subitement doublé. Les gens appellent ça la fin des conventions fédérales. »

 

Pointe-Saint-Charles n’est pas une opportunité de développement

Ces différents témoignages sont désormais monnaie courante dans Pointe-Saint-Charles, un quartier situé dans le sud-ouest de Montréal. La pression immobilière exercée par l’attrait du canal de Lachine, les nombreux duplex trop facilement transformables en condos ou en maisons unifamiliales et le désinvestissent massif et la stratégie du laisser-faire des pouvoirs publics dans l’important parc immobilier communautaire et social sont autant de facteurs pouvant expliquer cette véritable déportation orchestrée.

 

Le grand dérangement, ça suffit !

En pleine campagne électorale autant fédérale que provinciale, une première au Canada, Pointe-Saint-Charles exige des candidat-e-s et des élu-e-s éventuels beaucoup, beaucoup plus que des poignées de main et des sourires. Des actions concrètes doivent être entreprises de façon urgente. Pointe-Saint-Charles n’est pas une « opportunité de développement », c’est NOTRE milieu de vie accessible, familial et solidaire qui refuse de se vendre aux plus offrants.