Petite réflexion sur les réfugiés

2015/11/26 | Par Frédéric Lacroix

Ce qui est fascinant dans le dossier des réfugiés syriens, c’est qu’il révèle une fois de plus les zones de « non-dit » qui contaminent les débats au Québec. Ainsi, pas possible de discuter de l’accueil de réfugiés!

Pour partir le bal, le chef du gouvernement québécois lui-même affirme tout de go que les partis d’opposition ont un « lourd passif » envers les immigrants et que le Québec n’est pas « à l’abri de la xénophobie ».

Bref, selon le subtil Philippe Couillard, la majorité des électeurs du Québec seraient xénophobes, lui-même se trouvant bien sûr dans le camp du Bien.

Notons que M. Couillard a sorti l’arme nucléaire tout de suite, l’accusation de « racisme » disqualifiant l’adversaire et mettant fin instantanément au débat. Du beau travail M. Couillard! Mais on repassera pour ce qui est de l’honneur qui rejaillit sur votre fonction…

Je crois que très peu de gens sont contre l’accueil de réfugiés au Québec en autant qu’une condition de base soit respectée, soit qu’ils s’intègrent harmonieusement. Ceci soulève de nombreuses questions légitimes. En voici quelques-unes :

Que fera le gouvernement pour s’assurer que les immigrants allophones se familiarisent avec la langue officielle, seule façon de s’intégrer activement à leur nouvelle société?

Le gouvernement va-t-il enfin accepter de financer les programmes de francisation à la hauteur des besoins?

Que fait le gouvernement pour favoriser le français comme langue de travail alors que l’on sait que la majorité des allophones sont obligés de travailler en anglais sur l’Ile de Montréal, ce qui est une garantie d’un transfert linguistique ultérieur vers l’anglais?

Tant de questions et seulement le mépris du premier ministre comme réponse!

Une illumination m’est cependant venue en consultant le dernier sondage Léger publié le 21 novembre.

Le tableau 1 nous apprend que 75% des non-francophones voteraient PLQ si une élection avait lieu. En regardant bien, on comprend que la langue parlée à la maison est le premier déterminant du vote pour le parti libéral : ceux qui ne parlent pas français à la maison votent massivement libéral, tandis que les autres se divisent entre plusieurs partis.

Stupeur! Se pourrait-il que le chef du PLQ retire un avantage partisan de l’affaiblissement de la francisation? Se pourrait-il que M. Couillard sabote délibérément l’intégration future des réfugiés à la société québécoise afin de servir ses propres intérêts partisans?