Aide à domicile : une main d’oeuvre sous-payée

2016/01/26 | Par Jacques Fournier

L’auteur est organisateur communautaire retraité

Radio-Canada nous informe que les budgets alloués à l'aide à domicile sont en baisse dans les cinq Centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l'île de Montréal. Ils ont diminué de 9 % cette année par rapport à l'an dernier, ce qui représente une somme de 9 millions $. Le ministre Barrette, à tort, nie cette réalité en amalgamant les divers postes budgétaires : soins infirmiers à domicile, physiothérapie, ergothérapie, inhalothérapie, aide à domicile, etc.

Car les politiques décrétées par le ministre obligent maintenant les CIUSSS à référer, sauf exceptions, les demandes d’hygiène personnelle (bains et autres services connexes) aux entreprises d’économie sociale en aide domestique (EESAD).

Or, dans la région de Montréal en particulier, les EESAD ne sont pas en mesure de fournir ces services car elles n’ont pas le personnel qualifié pour le faire, n’offrant pas des salaires compétitifs décents pour assurer cette tâche.

Les EESAD proposent un taux horaire d’environ 11 $ (à peine plus que le salaire minimum) alors que les auxiliaires familiales qualifiées des CIUSSS touchent une rémunération bien méritée de plus de 18 $ l’heure pour la même responsabilité.

De plus, les auxiliaires familiales des CIUSSS sont en contact direct avec l’équipe des autres intervenantes, ce que n’offrent pas les préposées des EESAD. Enfin, les usagers doivent payer les services d’hygiène personnelle des EESAD alors que ceux des auxiliaires familiales des CIUSSS sont gratuits. Bref, le ministre Barrette veut faire faire un travail délicat, nécessitant doigté et professionnalisme, par une main d’oeuvre non qualifiée et sous-rémunérée. C’est une forme de privatisation et une exploitation d’une main d’oeuvre essentiellement féminine.

Notons que les EESAD offrent par ailleurs des services d’entretien ménager pour lesquels elles ont un personnel adéquatement formé mais très mal rémunéré. Les tarifs sont fixés en proportion des revenus de l’usager.

L’Association québécoise de défense des droits des retraités (AQDR) demande que tous les services d’hygiène personnelle (bains et autres services connexes) soient donnés par les auxiliaires familiales des CIUSSS, qu’ils continuent à être gratuits et directement en lien avec le travail des autres intervenantes de leur établissement.