Justin Trudeau et la langue française

2016/05/12 | Par Paul de Bellefeuille

Justin Trudeau éprouve manifestement de la difficulté à bien s’exprimer en français. Il est de loin plus à l’aise lorsqu’il s’exprime en anglais. Ce ne serait pas si tragique s’il respectait au moins les règles grammaticales de l’une et l’autre langue. Ce qui est loin d’être le cas quand il parle dans la langue de Molière.

Je vous donne un exemple récent. Évidemment notre premier ministre canadien a dû prendre la parole sur la tragédie de Fort McMurray. Il a déclaré qu’il allait adresser la catastrophe. C’est évidemment un calque d’une expression anglaise que tout un chacun, car il n’est pas le seul à l’utiliser, prononce abondamment quand il s’agit de s’occuper d’un sujet en particulier.

Il serait plus juste de dire que nous nous attaquerons au problème ou que nous aborderons le problème de la catastrophe de Fort McMurray. (1)

Cette expression, adresser un problème, est passée dans le langage courant et est dorénavant utilisée à toutes les sauces et par de nombreuses personnes. Cela m’écorche particulièrement les oreilles lorsque je l’entends et encore plus lorsque c’est le premier ministre du Canada qui tombe dans le panneau.

Comme le disait si clairement Gaston Miron lors d’une entrevue avec Wilfrid Lemoine le 31 octobre 1975, les Québécois parlent un français de calque, c’est-à-dire calqué sur la structure linguistique de l’anglais. (2)

Et il semble que ce soit toujours le cas aujourd’hui lorsque l’on entend Justin Trudeau s’exprimer en français mais dans une structure que n’est pas celle du français en utilisant l’expression adresser un problème qui est une expression typiquement anglophone.

Gaston Miron précisait, lors de cette entrevue, que c’est le tout (le Canada anglais) qui définit la partie (le Québec français). Et ce sera le cas tant et aussi longtemps que le peuple québécois ne sera pas souverain linguistiquement et politiquement.

Dans le cas contraire, nous serons continuellement sur la défensive dans ce combat pour l’affirmation de notre langue commune, le français, face à un adversaire numériquement plus imposant. Ce qui explique certainement ce sentiment collectif de fatigue culturelle qui nous habite actuellement.

Il peut arriver que David batte Goliath mais il s’agit là d’une exception et non pas de la règle. Il faudra bien un jour nous attaquer au problème de notre aliénation linguistique en nous déclarant souverain et indépendant.

 

  1. Banque de dépannage linguistique, Office de la langue française du Québec

  2. http://archives.radio-canada.ca/grandes_entrevues/6805/