Tournée des cols bleus : La police de St-Félicien s’en mêle

2016/05/13 | Par Pierre Dubuc

Au bout du fil, Denis Maynard fulmine. « Tu as vu les journaux ce matin. On dit que Coiteux hésite à remplir sa promesse faite aux municipalités, dans le cadre du Pacte fiscal, de leur accorder le droit d’imposer les conditions de travail aux employés municipaux. C’est de la poudre aux yeux. »

Le responsable de la caravane des Cols bleus regroupés de Montréal, qui parcourt le Québec pour faire signer la pétition réclamant le droit à la libre négociation, craint que le gouvernement s’apprête à imposer l’arbitrage obligatoire avec mandat donné à l’arbitre de choisir entre la « meilleure offre » d’une des parties.

« On a connu ça à la ville de Montréal la solution de la ‘‘ meilleure offre’’. On s’est déjà fait imposer une convention collective par un arbitre qui devait choisir la ‘‘ meilleure offre’’. Il a fait un copier-coller de l’offre de la ville. Il avait même reproduit les erreurs qui étaient dans la proposition de la ville! C’est inacceptable ! C’est revenir 50 ans en arrière! », nous lance-t-il de la roulotte des Cols bleus, qui roule sur la 155 en direction de Trois-Rivières, où Denis doit s’adresser ce soir, 11 mai, à une rencontre avec les techniciens en communication de la section locale 3624 du SCFP.

Depuis notre dernière conversation téléphonique, alors que la caravane se dirigeait, au milieu des bourrasques de neige, de Baie-Comeau vers le Saguenay, le groupe de dix cols bleus – sept hommes et trois femmes – a rencontré, entre autres, des chauffeurs d’autobus et des citoyens au Saguenay, des profs et étudiants au cégep et à l’université de Chicoutimi, des employés municipaux à Alma, Dolbeau-Mistassini, des cols blancs et des cols bleus à St-Félicien, des pompiers et des citoyens à Roberval et des techniciens en communications du SCFP à Trois-Rivières. « Partout, l’accueil a été extraordinaire », de s’exclamer Denis.

Mais l’événement le plus spectaculaire de leur tournée est d’avoir déclenché une alerte policière à St-Félicien!

Denis explique : « On est allé rencontrer les cols blancs de St-Félicien à l’Hôtel-de-ville. Ils ont tous signé la pétition. Puis, on a décidé de se rendre sur les autres étages de cet édifice de six étages. On n’était pas au courant qu’au 5e étage, il y avait les bureaux du député du coin, le premier ministre Couillard. On a fait signer la pétition et on a pris une photo de la plaque. Puis, on s’est rendu au 6e rencontrer les employés de la CSST ».

Denis et ses camarades ne savaient pas que les caméras de surveillance du bureau du premier ministre avaient déclenché une alerte. Les cols bleus étaient à peine sortis de l’édifice que neuf autopatrouilles de la SQ sont arrivés en trombe et les ont escortés jusqu’au poste de la SQ pour les interroger.

« Je me suis rendu au poste pour faire sortir mes gars et ma fille. La police a pris la déposition de tout le monde. Mais je ne pense pas qu’il y aura des conséquences », précise Denis.

Il ajoute : « Mais on n’en est pas resté là. On a déposé, nous autres aussi, une plainte. Contre le directeur adjoint de la ville qui a intimidé deux de nos consoeurs, qui étaient assises, tranquilles, dans la sallle d’attente de l’Hôtel-de-ville après avoir fait signer des pétitions. Elles se sont senties menacer par le directeur-adjoint qui les a prises en photos et leur criait après ».

La caravane n’était pas au bout de ses peines. La mascotte Bô – le caniche royal de Denis – s’est blessée à une jambe en s’amusant. « Heureusement, rien de cassé. Le vétérinaire lui a bandé la jambe. Là, il dort à côté de moi. Il se remet de ses émotions. »

La caravane sera demain devant les 95e assisses annuelles de l’Union des municipalités du Québec. Denis et ses camarades vous invitent à signer la pétition pour la liberté de négociation, sur le site de l’Assemblée nationale, à l’adresse suivante : https://www.assnat.qc.ca/fr/exprimez-votre-opinion/petition/Petition-5901/index.html