Tournée des cols bleus : plus de 26 000 signatures !

2016/05/18 | Par Pierre Dubuc

Mise à jour: à la fermeture de la pétition, le 18 mai, à 23h59, après à peine deux mois, elle totalisait 30 626 signatures et se classait au 18e rang sur 1190 pétitions inscrites sur le site de de l'Assemblée nationale.

 

Quand Denis Maynard m’a rejoint au téléphone, ce mardi matin, 17 mai, il sortait tout juste du congrès du Conseil provincial des employés du secteur municipal où il venait de prendre la parole.

« Mon équipe et moi avons reçu une ovation quand je leur ai dit que nous avions recueilli plus de 26 000 signatures pour la pétition contre le Pacte fiscal et pour le droit à la libre négociation », me déclare Denis encore sous le coup de l’émotion.

« Ce n’est pas rien, poursuit-il. Nous sommes actuellement au 21e rang sur la liste des 1187 pétitions déposées depuis 2009 dans le cadre des pétitions électroniques sur le site de l’Assemblée nationale. Et nous, c’est en deux mois de récolte! Alors que les autres pétitions, c’est en trois mois! »

Il faut dire que les Cols bleus regroupés de Montréal ont mis le paquet. Ils ne se sont pas contentés de mettre des messages sur Facebook ou Twitter. Ils ont loué une roulotte et leur caravane parcourt le Québec depuis le 2 mai.

Nous avons relaté le périple de Denis, son co-directeur Normand Weaner et leurs huit autres camarades – cinq confrères et trois consoeurs – dans quatre articles précédemment et je croyais que la tournée s’était terminée avec la manifestation du 12 mai devant les 95e assisses de l’Union des municipalités du Québec (UMQ).

Mais il n’en est rien! La caravane a poursuivi sa tournée.

Il faut dire que les déclarations de Couillard et Coiteux et des maires Coderre et Labeaume, lors de ces 95e assisses, n’avaient rien de rassurant.

Dans un premier temps, le gouvernement a semblé vouloir renier la promesse faite à l’UMQ de déposer un projet de loi qui leur accorderait le droit de décréter les conditions de travail de leurs employés. De toute évidence, le gouvernement s’est rendu compte qu’une telle loi serait déclarée anticonstitutionnelle, étant donné trois arrêts récents de la Cour suprême, reconnaissant le droit d’association, à la grève et à la libre négociation.

Les maires Coderre et Labeaume ont grogné. Couillard et Coiteux les ont rassurés en leur promettant de leur donner les moyens de contrer le supposé « déséquilibre » en faveur des syndiqués dans les relations de travail municipales.

Que leur ont-ils promis? « D’après nos sources, nous confie Denis, le gouvernement voudrait imposer l’arbitrage obligatoire avec mandat donné à l’arbitre de choisir la ‘‘ meilleure offre’’ entre celles de la ville et du syndicat. C’est aussi pire que le décret! ».

« Nous avons déjà joué dans ce film-là à la ville de Montréal, ajoute-t-il. En 2004, l’arbitre nous a imposé la ‘‘ meilleure offre’’ de la ville et ça s’est traduit par des reculs historiques de 18% dans notre convention collective. »

Avec cette épée de Damoclès suspendu au-dessus de leurs têtes, on comprend que les cols bleus poursuivent leur combat avec et auprès de l’ensemble des travailleuses et des travailleurs du Québec.

« Nous avons au moins obtenu que le gouvernement ne dépose pas de projet de loi pour adoption avant les vacances d’été, comme tout le monde s’y attendait », nous déclare Denis, en même temps qu’il s’affaire à retrouver les bouts de papier sur lesquels il a noté les activités de la caravane au cours des derniers jours.

« Si je me rappelle bien, la dernière fois qu’on s’est parlé, on manifestait devant les assisses de l’UMQ. Ce matin-là, on était sur le boul. René-Lévesque à Québec dès 6h30 pour accueillir les autobus des manifestants. Les travailleuses et les travailleurs venaient à notre rencontre et saluaient même notre mascotte Bô, mon caniche royal, toujours avec son bandage à une jambe. »

« Notre présidente Chantal Racette et des représentants du 301 étaient à l’intérieur, question de montrer aux maires de l’UMQ qu’on les surveillait. À l’extérieur, j’ai harangué la foule et nous avons recueilli plus de 800 signatures!»

Par la suite, la caravane a repris la route en direction de Trois-Rivières pour aller à la rencontre des employés du Centre d’appels de Cogeco.

« Avec Normand Weaner, on leur a fait état de la situation. Ils ont vite compris les enjeux. Les 130 personnes présentes ont toutes signé la pétition! »

Samedi, 13 mai, la caravane a fait relâche. « C’était jour de lavage, raconte Denis en riant. Mais on n’a pas perdu notre temps. On a enregistré les signatures que nous avions recueillies sur papier. On en a enregistré plus de 1000 ! »

Après avoir visité les casernes de pompier sur la route de la Côte de Beaupré, la caravane a fait escale au Mont St-Anne où se tenait le congrès des employé-e-s de techniques professionnelles et de bureau d’Hydro-Québec (section locale 2000 SCFP-FTQ).

« Notre plaidoyer a été chaudement applaudi et tout le monde a signé. Ça nous a donné des ailes, à toute l’équipe, un accueil pareil », relate Denis avec un trémolo dans la voix.

Il consulte à nouveau ses notes. « J’ai de la misère à lire mes pattes de mouche. Ah, oui!, après ce congrès, nous avons rencontré des pompiers de Québec et le capitaine nous a fait visiter la caserne. Je t’ai-tu dit qu’en Estrie et à Sherbrooke, l’état-major des pompiers nous ont donné la permission de visiter les casernes? Ce fut un succès dans notre parcours. »

Avant de quitter Denis, je lui demande s’il a lu l’éditorial du jour dans Le Devoir, dans lequel Jean-Robert Sansfaçon écrit que, dans le cadre des négociations municipales, « il faut réduire l’écart » entre les employés municipaux et ceux de la fonction publique.

« Non », me répond Denis qui m’invite à le lui résumer. J’ai à peine commencé qu’il me récite la suite…

« Écoute, ça fait depuis 1988 que j’entends les mêmes rengaines des éditorialistes. On serait des gras durs. On gagnerait plus cher que la fonction publique. Il faudrait niveler par le bas. Les éditorialistes font du copier-coller. Le pire, c’est que c’est souvent sous la plume de gens qui, dans d’autres éditoriaux, s’indignent de l’écart grandissant de revenus entre le 1% et le 99%. Ou plutôt je devrais dire : font semblant de s’indigner! On pourrais-tu renchausser vers le haut plutôt que niveler vers le bas!»

Sur ces mots, j’entends, en arrière-plan, Bô qui réclame son maître. « On se reparle bientôt pour un bilan complet », s’empresse de me dire Denis.
 

***

Denis et ses camarades vous invitent à signer la pétition pour la liberté de négociation, sur le site de l’Assemblée nationale, à l’adresse suivante : https://www.assnat.qc.ca/fr/exprimez-votre-opinion/petition/Petition-5901/index.html