L’Aliénation tranquille

2016/06/09 | Par Marie-Louise Morgane

J’ai apprécié Voir dès ses tout débuts. Dans les nonantines. 
C’était alors un hebdomadaire.

Puis j’ai « débarqué » avec l’arrivée de David Desjardins à sa barre. Un ado qui joue les adultes, c’est rasoir. (Ça n’a pas changé, plusieurs années ensuite, hélas, lors de son court séjour à titre de chroniqueur au Devoir).

Aujourd’hui, c’est Franco Nuovo qui nous la rejoue de manière comparable… Potins, Variétés-tendance, propos complaisants à la mode remplis de vide à ras-bord (« Ah ! A-t-on idée de s’appeler Robert… »). Transcendant ! Quel verbiage narcissique, vain et puéril. À suffoquer. On croirait entendre son copain Marc Cassivi.

Ou Radio-Canada.

Oui : Tendance ! Terme vulgaire s’il en est un.

Alors je dis : Carton rouge « vif » pour ce vocable conçu pour les bêtes à laine de Panurge.

Ce n’est que récemment, tout de même, que le nouveau format du Voir m’insuffla l’envie de revenir y plonger les yeux.

Tout à coup… me disais-je.

Mais avec des Tickled, des Food Trucks, des People et autres Roadtrip à profusion (édition de Juin 2016), je débarque de nouveau.

Je n’en peux plus.

De cette aliénation tranquille. 
Toute contente d’être heureuse.

(Même si tout n’est pas mauvais chez ce Voir, je l’admets sans réserve)

Non. Je n’en peux plus.
Vraiment plus.

De cet univers public national partout infesté de l’incommensurable esprit Elvis Gratton.

De ce Québec empressé d’être (à nouveau) anglais. Au moins autant que la France...

Non. Je n’en peux plus.
Vraiment plus.

De cet univers à la Philippe Couillard. 
Comme on dirait le Portugal de Salazar.

Ou l’Espagne de… Franco.

Non. Je n’en peux plus.
Vraiment plus.

De cet univers à la Elvis sauce Philippe Pétain. 
Radio-poubelles à la clé.

Parizeau, Laurin, Félix, Lévesque, Godin, Miron, Bourgault. Et al.
Vous n’aviez pas le droit de mourir...

Et de nous laisser seuls avec des Jean-Marc Fournier (La langue se porte on ne peut mieux…), des Justin fils-de-l’autre (Les Québécois, c’est une vue de l’esprit, et Yannick Nézet-Séguin n’est qu’un Canadien… de Montréal) et des Sam Hamad à la pelle (Ô Corruption ! mon amour…)

On appelle ça la Violence au Pouvoir.

Avec toute la complaisance de la plupart des médias. Activement pour les uns, par abstention (ce qui n’est pas moins révoltant, au contraire) pour les autres.

Bin oui ! La Liberté, celle des peuples comme celle des individus, c’est un absolu, un absolu absolument non négociable, partout sur la Planète. Absolu vissé aux tripes de tout homme (et femme) digne de ce nom. Et ce, depuis les origines mêmes de l’Humanité.

Partout et de tout temps.
Sauf au Québec. Où, paraît-il, ce n’est plus à la mode. C’est… dépassé.

Comme la chemise à longs cols ou le pantalon éléphant…

Mettez un ours, un tigre, un chien, ou même un rat, en cage. Et il cherchera à se libérer.

Or, mettez-y un Québécois. Et des Couillard par milliers rétorquent illico que c’est insensé.

Insensé d’aller voir ce qui se passe derrière les barreaux vus de l’intérieur.

Il y a même un ex-professeur de droit – je dis bien : de droit – qui dégouline partout dans les discugroupes à saveur politique qu’il s’agit d’une « idéologie » ! Rien moins. Un prof d’Université, madame… Un certain Michel Lebel. Hallucinant !

Sommes-nous un Peuple ou bien 8 millions d’asperges bien molles à déverser gaiement dans les mangeoires pour bétail ?

Non. Je n’en peux plus.
Vraiment plus.

De l’insignifiance généralisée. 
De notre espace.

National.