Langue française: Cloutier déçoit

2016/10/04 | Par Mouvement Montréal français

Le Mouvement Montréal français (MMF), sa porte-parole Sophie Stanké et son président Maxime Laporte, se sont dits déçus que le candidat à la chefferie du Parti québécois, Alexandre Cloutier, refuse de s’engager à rétablir l’affichage commercial français au Québec, quitte à invoquer, au besoin, la clause dérogatoire, à l’instar du libéral Robert Bourassa à la suite de l’arrêt Ford rendu en 1988 par la Cour suprême.

Madame Stanké a fait valoir: «Lors son passage dimanche dernier à Tout le monde en Parle, le candidat a semblé se satisfaire du bilinguisme avec nette prédominance du français qui prévaut présentement en matière de publicité commerciale ; une règle imposée par les tribunaux à l’encontre de la Loi 101 adoptée en 1977 par notre Assemblée nationale, et jamais avalisée démocratiquement par le peuple québécois. Avant de capituler aussi facilement face aux diktats des tribunaux canadiens, encore faudrait-il tenir une discussion démocratique à ce sujet, ce qui n’est pas le cas.»

«Même s’il parle avec passion de l’intégration et de la francisation des immigrants notamment en milieu de travail, ce qui est bien, Alexandre Cloutier ne parvient pas à se démarquer sur la question linguistique, réaffirmant des propositions déjà énoncées par les autres candidats, voire même par la CAQ et François Legault dans certains cas. Bref, rien de très original de la part d’un candidat qui souhaite faire de la politique autrement», a mentionné Sophie Stanké.
 

Cloutier hué: retour sur le débat du 25 septembre

Maxime Laporte a affirmé: «Lors du second débat officiel de la course, tenu le 25 septembre, monsieur Cloutier avait déjà exprimé cette vision peu porteuse et peu originale quant à l’avenir du français dans le paysage commercial du Québec. À cette occasion, il s’était opposé, de plus, au rétablissement des dispositions initiales de la Loi 101 faisant du français la seule langue officielle des lois et de la justice au Québec, rapidement invalidées par la Cour suprême dans les affaires Blaikie en 1979. "Il y a un cadre légal, Martine, et c’est malheureux, mais il faut le respecter", avait-il lancé à madame Ouellet, avant d’être hué par la foule.

«À la suite de cet incident, sur les réseaux sociaux, des militants de l’équipe Cloutier se sont affairés à prétendre que cette mesure n’était pas défendable en droit, tentant de faire passer Martine Ouellet pour une ignare en droit constitutionnel… - Une manœuvre fort regrettable et particulièrement mal avisée de la part du camp Cloutier, car il existe bel et bien des arguments juridiques solides, relatifs à une jurisprudence récente et à des questions de droit nouveau, susceptibles de renverser ces diktats de la Cour suprême et de rétablir l’unilinguisme français en matière de législation et de justice, tel que voulu en 1977 par l’Assemblée nationale. Or, il est regrettable que des journalistes et autres acteurs des médias, comme Yves-François Blanchet à RDI et Josée Legault dans le JdM, soient tombés dans le panneau de ce "spin". Nous les invitons à prendre connaissance des écrits à ce sujet, notamment ceux du doctorant en droit linguistique et constitutionnel de l’Université de Sherbrooke, Me Poirier», a ajouté l’avocat de formation.


Le français dans l’affichage, enjeu névralgique à Montréal

Madame Stanké a poursuivi: «Le député de Lac-Saint-Jean ne semble pas tenir compte de la réalité de la langue française à Montréal. Il n’entend pas conférer un sens véritable à l’article 1 de la Charte de la Ville qui énonce que «Montréal est une ville de langue française». Au Québec, la défense de la langue ne se fait trop souvent qu’en paroles, alors que c’est l’action qu’il faut privilégier! Les vœux pieux ne suffiront pas. Face à cette situation, le MMF va continuer à défendre des mesures progressistes pour le français au Québec.»

«Contrairement à ce que semble croire l’aspirant-chef du Parti Québécois, l’affichage en français au Québec constitue un facteur-clé afin de pérenniser notre langue commune et s’assurer que le Québec préserve son visage français. Comme disait René Lévesque, l’affichage bilingue envoie le message aux immigrants que le français est facultatif», a enchaîné la comédienne et animatrice d’origine lituanienne.

«À l’heure actuelle, les francophones sont en voie de devenir minoritaires sur l’Île de Montréal. Dans seulement quatre décennies, en 2056, la proportion de Montréalais francophones aura diminué à 43%, d’après les projections du réputé démographe Marc Termote. Dans cent ans, si rien ne change, l’usage du français sera marginal à Montréal», a affirmé madame Stanké.

«Rappelons aussi qu’en janvier dernier, une étude de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) a révélé que plus de 200 000 immigrants ne parlent toujours pas français au Québec, et que 80% d’entre eux adoptent l’anglais. On peine malheureusement à imaginer que la situation va s’améliorer. Et ce n’est pas parce que plusieurs de nos nouveaux citoyens ont une certaine connaissance du français qu’ils l’adoptent pour autant comme langue d’usage dans la vie de tous les jours. Pour cela, l’environnement linguistique, tant visuel que sonore, n’est pas à négliger. Au-delà de l’aspect symbolique, le français dans l’affichage a démontré ses effets structurants», a conclu Me Laporte.

Le Mouvement Montréal français est voué à faire du français la seule langue normale, commune et officielle dans la métropole.
 

Photo du photomontage : quartierlibre.ca