Non à McGill en Outaouais ! Il faut intervenir

2016/11/09 | Par Collectif

Jean-Paul Perreault, Président d’Impératif français
Maxime Laporte, Président général de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal
Éric Bouchard, Directeur général du Mouvement Québec français
Pierre Allard, Ex-éditorialiste au quotidien Le Droit

Le gouvernement québécois vient de lancer le premier appel d’offres en vue de la construction du futur campus médical Outaouais qui logera une faculté satellite de médecine qu’on espère réalisée d’ici 2019 ou 2020. Or, le projet actuellement en chantier prévoit une faculté associée à l’Université McGill où la totalité de l’enseignement magistral (à distance) sera donné en anglais.

Le premier ministre Couillard et son ministre de la Santé ont maquillé la réalité en affirmant que 92% de l’apprentissage se ferait en français, mais la réalité est la suivante, confirmée par McGill : toute la base, toute la formation théorique, qui dure 18 mois, est livrée aux étudiants et étudiantes en anglais, par vidéo-conférence.

Que cela signifie-t-il pour les futures cohortes outaouaises en médecine ? Elles seront obligées de maîtriser un vocabulaire spécialisé en anglais (puis se voir obligées de le traduire en français pour les travaux pratiques et la clientèle).

De plus, elles devront interagir avec un professorat de langue anglaise et traiter avec une administration universitaire anglophone. C’est un fardeau linguistique qui n’est imposé à aucune autre cohorte de langue française (ou de langue anglaise) au Québec.

Le premier ministre Couillard ne voit là aucun problème, et nous dit que nous devrions nous considérer chanceux : c’est McGill ! De la part d’un politicien qui voudrait que tous les Québécois parlent et comprennent l’anglais, cela ne devrait guère surprendre.

Mais ça demeure une politique suicidaire dans des régions comme l’Outaouais et Montréal, où l’anglicisation menace déjà l’avenir de la langue française.

À l’instar de nombreux citoyens, ainsi que des pages éditoriales des quotidiens Le Droit et Le Devoir, nous réclamons que la médecine soit enseignée en français à Gatineau, et ce dès 2019, sans transition aucune.

La question se pose alors : doit-on faire pression sur McGill pour qu’elle crée une offre en français (pour le moment inexistante) ou faut-il s’adresser aux universités québécoises qui proposent déjà un enseignement de la médecine en français (possiblement en collaboration avec l’Université du Québec en Outaouais) ?

Si les Acadiens à Moncton et les Franco-Ontariens à Ottawa ont réussi à mettre sur pied leurs propres facultés de médecine de langue française dans des milieux où ils sont fortement minoritaires et où les ressources sont moins accessibles, comment peut-on même imaginer offrir moins à des Québécois francophones dans des régions où ils sont fortement majoritaires ?

Nous n’accepterons pas de nous faire traiter comme si nous étions minoritaires dans le seul territoire nord-américain où nous sommes majoritaires ! Les Acadiens et Canadiens français hors-Québec réclament de leurs majorités anglophones et obtiennent, de haute lutte, des institutions scolaires bien à eux… ce qu’ils appellent le «par et pour» : des écoles gouvernées par les francophones, pour les francophones !

Avec la faculté de médecine que le gouvernement Couillard nous propose, nous serons associés à une université conçue pour l’enseignement en anglais, et à une université sous gouvernance anglophone. Nous ne demandons pas à McGill de se franciser. Les Anglo-Québécois ont droit à leurs institutions.

Nous ne réclamons que ce qui nous apparaît normal, en tant que francophones, dans un État où le français est la langue officielle et commune : une faculté de médecine où la seule langue d’enseignement, de travail et d’administration est le français.

N’allez pas dire que c’est impossible. Nous avons ici l’Université du Québec en Outaouais qui propose déjà des programmes en santé, et d’excellentes facultés de médecine dans trois universités de langue française : Montréal, Laval et Sherbrooke. Avec une injection suffisante de ressources, doublée d’une ferme volonté politique, tout devient possible.

Nous en appelons aux citoyens de l’ensemble du Québec, à nos élus et aux recteurs des universités de langue française : il faut intervenir pour renverser cette décision du gouvernement Couillard, qui a pour effet d’inférioriser le français.

L’Outaouais a depuis longtemps un problème de pénurie de médecins. La présence d’une faculté de médecine, à laquelle nous tenons, fait partie de la solution. Mais confier à une université anglophone la formation de nos futurs médecins dans une région francophone, dans un Québec français, cela ne fait pas partie de la solution! De fait, cela n’a aucun sens!

 

 

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