Une 100ème vigile pour Raïf Badawi

2016/11/25 | Par Pierre-Luc Baril

Le 24 novembre 2016 se tenait à Sherbrooke la 100ème vigile en faveur de la libération du blogueur Raïf Badawi. Cette série de vigiles a été mise de l’avant pas Janes Hope, une proche de Ensaf Haidar, la femme de Badawi qui habite aujourd’hui Sherbrooke avec ses trois enfants.

Un peu partout au Québec, d’autres vigiles étaient organisées le même soir pour souligner cette centième mobilisation. Le mouvement a pris forme en décembre 2014, ponctuant par la suite l’année 2015 d’une vigile chaque semaine.

À Montréal, à la station Mont-Royal, Mme Anne Ste-Marie, porte-parole de la section francophone d’Amnistie Internationale Canada, expliquait toute l’importance de continuer à faire pression sur le gouvernement canadien, notamment depuis l’élection de Justin Trudeau. « Alors qu’il était dans l’opposition, M. Trudeau clamait qu’il fallait absolument faire quelque chose pour Raïf Badawi et que le Canada devait défendre la liberté d’expression. Pourtant, depuis qu’il est Premier ministre, il n’a jamais pris la défense de Raïf » dit-elle.

Mme Ste-Marie ne croit pas que le Canada doit rompre avec l’Arabie-Saoudite. Seulement, il est de sa responsabilité d’être ferme envers cet État qui répudie les droits fondamentaux de la liberté de parole et d’opinion. C’est un geste qui prend toute son importance lorsque l’on sait que l’Arabie-Saoudite siège au Conseil des Droits de l’Homme des Nations-Unies.

Elle souligne que « la pression populaire a déjà fait reculer l’Arabie-Saoudite, alors ça peut fonctionner ». C’est pourquoi elle encourage les Canadiens et les Québécois à faire pression sur le Gouvernement Trudeau pour qu’il s’adresse directement au gouvernement saoudien. « Si les gens sont nombreux à se lever, la pression populaire influencera directement le désir politique. Ce sont les deux critères pour que ça fonctionne. » lance-t-elle. 

Quant à ceux qui oseraient dire que Raïf Badawi savait à quoi s’attendre, car il connaissait les lois de son pays, en publiant ses opinions, Mme Ste-Marie répond de façon explicite : « Une loi injuste ne mérite pas d’être suivie ». Badawi est plutôt pour elle un exemple de courage que tous et chacun devraient adopter pour rendre le monde meilleur. 

De plus, Mme Ste-Marie invite les gens à visiter le site internet d’Amnistie Internationale Canada (https://www.amnistie.ca/) et le site Je Suis Raïf (http://www.jesuisraif.ca/) pour connaitre plus en détails les évènements et les conséquences de l’affaire Badawi ou pour connaitre des moyens de faire pression auprès des gouvernements tant canadien que saoudien.

Rappelons que Raïf Badawi a été arrêté en juin 2012 et condamné à 1000 coups de fouet, 10 ans de prison et 290 000$ d’amende. Il est accusé, entre autres, en raison de ses opinions favorables à l’égalité religieuse, opinions qu’il a partagé sur son blogue Free Saudi Liberals. En janvier 2015, il reçoit 50 premiers coups de fouet sur la place publique qui mettront sa santé dans un état critique. Cette sentence a pour le moment été suspendue en raison de la réaction internationale qu’elle a provoquée. En 2014, il a reçu le Prix Netizen décerné par Reporters sans frontière et le Prix Sakharov du Parlement Européen pour la défense des droits de l’Homme en 2015.