Un plan d’action syndical contre les inégalités sociales

2016/12/01 | Par Richard Lahaie

Lors de la deuxième journée du 31e Congrès de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), qui a lieu au Palais des congrès de Montréal, les congressistes ont discuté du « Plan d’action syndical contre les inégalités sociales ». La FTQ s’engage dans cette lutte en proposant un plan d’action énergique, car l’égalité est une valeur importante pour la centrale syndicale.

Le plan d’action revendique auprès du gouvernement du Québec des réinvestissements massifs en faveur des secteurs de la santé, de l’éducation et des programmes sociaux. Il propose également une réflexion sur la pertinence d’établir un revenu minimum garanti et exige que les gouvernements luttent contre les paradis fiscaux, l’évitement et l’évasion fiscale.

Les inégalités sociales se déclinent sous différentes dimensions, soit par des revenus insuffisants, par des difficultés d’accès à un travail rémunérateur, par des problèmes de santé chez les plus démunis, par un accès limité à un logement salubre et par un taux de décrochage élevé à l’école. Elles touchent généralement les jeunes, les femmes et les personnes immigrantes, pour ne nommer que ceux-là.

La FTQ ne veut pas supporter une société où le travail enferme les travailleurs dans une spirale d’endettement et de pauvreté. Elle a donc agi en lançant une vaste campagne qui vise à faire la promotion d’un salaire minimum à 15$, afin de rehausser le pouvoir d’achat et la qualité de vie des plus démunis. Daniel Boyer, président de la FTQ, raconte que « 11% des utilisateurs de banque alimentaires à Montréal occupent un emploi à temps plein et au salaire minimum ».

Les inégalités sont le résultat des politiques néolibérales qui visent à concentrer la richesse dans les mains d’une infime minorité. La lutte contre les inégalités fait partie du combat syndical pour une meilleure répartition de la richesse et du pouvoir entre le 99% moins riche et le 1% plus riche.

La présence d’un filet social financé par un impôt progressif sur le revenu permettrait de lutter efficacement contre les inégalités. M. Boyer ajoute « il me semble que c’est pas trop demandé que ceux et celles qui créent de la richesse puissent vivre dans la dignité ».

À l’échelle canadienne, le 1% plus riche est présent dans les secteurs de la finance, des assurances, les services immobiliers, le commerce ainsi que dans les soins de santé. Ce 1% occupe des postes de dirigeants d’entreprises, de cadres supérieurs, d’avocats, de promoteurs immobiliers, de médecins, etc. Ils se sont accaparé une partie démesurée des revenus et des ressources de la société. Cette minorité s’est enrichi au détriment du 99%.

M. Boyer explique qu’« Alain Bouchard, le PDG de Couche-Tard, gagne 403 fois plus que ses employés. C’est étrange que ceux qui contestent nos campagnes sur le salaire minimum viennent nous faire la morale. Ça dit que : « le salaire minimum à 15$, on peut pas se le permettre ». Il faut avoir du culot en maudit ».

 

La troisième guerre mondiale sera sociale

La moitié de la population active, dans le monde, travaille sans contrat de travail et est soumis à la loi de la concurrence avec les travailleurs de son pays et également avec ceux des autres pays.

Bernard Thibault, membre du conseil d’administration de l’Organisation international du travail (OIT) et auteur du livre « La troisième guerre mondiale sera sociale » explique « qu’on estime aujourd’hui à 73% de la population mondiale qui ne bénéficie pas d’une protection sociale. Près d’une personne âgée sur deux n’a pas de régime de retraite. Seulement 12% des chômeurs ont droit à des prestations ».

Bernard Thibault poursuit : « Dans le monde, chaque année, 2 300 000 travailleurs meurent dû aux accidents du travail ou des maladies professionnelles. Il y a plus de victimes du travail, dans le monde, qu’il n’y en a dans tous les conflits et les guerres ensemble ».

Il ajoute que « du Brexit à la récente élection de Donald Trump, et demain où l’on risque une France qui oscille entre une droite extrême et une extrême-droite. La misère et la précarité pousse les peuples dans les bras du populisme et de la droite anti-social et ce qui risque d’aggraver leur situation ».

Si pendant plusieurs décennies le progrès social s’est illustré par une avancée des droits, des libertés et des conditions matérielles pour les travailleurs et travailleuses, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le chômage augmente, 40% des travailleurs et travailleuses dans le monde n’ont pas de contrat de travail, des dizaines de millions d’enfants sont contraints de travailler. Près de un milliard et demi de personnes vivent avec moins de 2$ par jour.

La pauvreté correspond à des conditions où une personne manque de ressources et de moyens pour répondre à ses besoins de base, s’épanouir et participer à la vie en société. Cette situation n’est pas passagère et entraîne des conséquences néfastes pour les gens. Les enfants des ménages moins bien nantis ont tendance à le rester et vice-versa pour ceux qui proviennent de milieux plus aisés.

Les inégalités ne sont pas uniquement une question d’argent. Les mieux nantis sont très éduqués, vivent dans de beaux quartiers, peuvent se procurer des aliments de qualité qui les maintiennent en santé et disposent d’un pouvoir politique important pour faire valoir leurs intérêts.

Les gouvernements négocient des accords de libre-échange, comme l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne, derrière des portes closes et sans débats. Ces accords limitent la capacité des États à prendre des décisions en fonction du bien commun et accordent d’immenses pouvoirs aux grandes entreprises.