Changeons le Québec, pas le climat

2016/12/02 | Par Richard Lahaie

En cette troisième journée au Congrès de la FTQ, les membres de la centrale syndicale étaient fébriles à l’annonce de la déclaration de politique sur les changements climatiques intitulée « Changeons le Québec, pas le climat ».

Dans une vidéo, présentée en guise d’introduction, la FTQ rappelle qu’en 2015, elle a participé à la conférence de l’ONU sur le climat à Paris, mieux connue sous le nom de la COP21. La centrale était présente pour réclamer une transition juste pour tous les travailleurs touchés par les changements climatiques.

La conférence s’était conclue par un accord où la communauté internationale s’engageait à limiter la hausse de la température mondiale en deçà de 2ºC, afin d’éviter les pires conséquences. Dans le cadre de cet accord, il revient à chaque État signataire d’établir une cible de réduction de gaz à effet de serre (GES) et les moyens pour l’atteindre.

La déclaration sur les changements climatiques, votée en plénière, est composée de six points : Une transition planifiée, élaborer une véritable stratégie d’emploi, réduire les coûts humains et sociaux durant la transition, instaurer un nouveau modèle de consommation et assurer la participation des travailleurs.

 

Une transition planifiée

La crise climatique n’est pas uniquement environnementale, mais aussi économique, sociale et politique. Elle est le symbole de l’échec du modèle néolibéral promu par les gouvernements. Au Québec, le gouvernement Couillard s’est attaqué au modèle québécois avec ses politiques d’austérité en ne consacrant peu d’argent dans la protection de l’environnement.

La lutte contre les changements climatiques est le défi le plus urgent du 21e siècle. Des transformations majeures sont anticipées dans plusieurs secteurs de la vie humaine, dont les façons de produire, travailler, se déplacer et consommer.

Lors d’une intervention au micro, Sylvain Martin d’Unifor-Québec mentionne le projet de loi 104 sur l’électrification des automobiles. « Ce projet de loi dit que les entreprises qui produisent plus de 4500 véhicules, sur une période donnée, vont devoir s’acheter des crédits de carbone en produisant un certain nombre de véhicules hybrides ou électriques ».

 

Élaborer une véritable stratégie d’emploi

La production industrielle est la plus grande source d’émissions des GES. Cette situation laisse entrevoir des répercussions sur l’emploi dans les années à venir. En effet, les industries qui produisent le plus de carbone sont les alumineries, les cimenteries, les pâtes et papiers, la pétrochimie, la transformation alimentaire et les mines.

Envisager la fermeture de ces entreprises ne réglera pas le problème, puisque la production se poursuivra, malgré tout, dans un pays ayant des normes environnementales moins sévères et mènera à des pertes d’emplois ici.

Il faut donc miser sur des processus de production plus verts. Un travailleur de Cimenterie Lafage (Métallo 6658) est venu expliquer au micro « qu’à son travail, ils utilisent des techniques qui permet d’être moins polluant. Il y a du ciment sale de Chine qui entre au Québec grâce aux accords de libre échange et ce ciment sale est moins cher, ce qui menace nos emplois ».

 

Réduire les coûts humains et sociaux durant la transition

Pour la FTQ, il ne peut y avoir de transition juste sans la mise sur pied de mesures de protection sociale, s’il y a des pertes d’emplois en raison de mesures associées à la lutte contre les changements climatiques.

Les travailleurs touchés ne doivent pas être les seuls à en supporter les effets négatifs. Alexandre Fréchette, des Métallos d’Alma, a déclaré « qu’au Québec on fait des efforts pour l’environnement. La production québécoise d’une tonne d’aluminium équivaut à environ deux tonnes de GES, tandis que la tonne chinoise équivaut à 17 tonnes de GES. Il faut donc établir des barrières tarifaires ».

 

Instaurer un nouveau modèle de consommation

La société de consommation a permis une amélioration de la qualité de vie. Cependant, si tous les habitants de la Terre consommaient de la même façon que dans les pays industrialisés, les ressources de la planète s’épuiseraient rapidement. Cette surconsommation occasionne la production d’une quantité phénoménale de déchets.

Serge Bourgon, du Comité d’environnement des Cols bleus regroupés de Montréal section local 301, explique « qu’il faut regarder l’environnement dans un ensemble. Il faut prendre en compte les capacités de la Terre à produire de la nourriture et des ressources pour l’ensemble de la planète. Quand, en Amérique du Nord, on consomme plus de 75% des énergies et ressources de la planète, et que l’on ne totalise pas 15% de la population mondiale. Il faut revoir le partage à la grandeur du monde ».

 

Assurer la participation des travailleurs

Les travailleurs détiennent une expertise et des connaissances en ce qui a trait au fonctionnement et au processus de production de leur entreprise. Ils peuvent jouer un rôle extrêmement positif en proposant des solutions concrètes pour réduire les émissions de GES.

Serge Bourgon, du local 301, raconte « qu’il y a 25 ans, on récupérait et recyclait de façon raisonnable et responsable. Nous avions un bac divisé en sections où on mettait le carton d’un côté, le verre dans l’autre section et le métal dans l’autre. Aujourd’hui, on est revenu à une pratique, qu’on aurait jamais dû accepter, du recyclage pêle-mêle dans un bac unique ».