Optilab : La centralisation des laboratoires biomédicaux publics

2017/02/03 | Par Richard Lahaie

Où s’arrêtera le bulldozer du ministre Barrette dans son saccage du système de la santé au Québec? Son projet Optilab, qui sert à centraliser les laboratoires régionaux dans onze méga-laboratoires établis dans les grands centres urbains, est dénoncé par les syndicats.

Dans la région de Lanaudière, les prélèvements vont tous être envoyés à Optilab de la Cité de la santé de Laval. Présentement, les analyses sont effectuées dans les deux laboratoires de la région, soit les hôpitaux de Joliette et de Terrebonne.

Le transport d’échantillons sur de grandes distances apportera des problèmes de sécurité, de stabilité, de traçabilité, des coûts importants et des délais additionnels pour obtenir les résultats d’analyses et établir un diagnostic. Il imposera des limites au travail multidisciplinaire entre les technologistes médicaux et les médecins spécialistes.

En entrevue téléphonique, Benoît Ladouceur de la CSN-Lanaudière explique que « le transport des prélèvements risque des dégradations et des pertes. Ils peuvent ainsi voyager de Saint-Michel-des-Saints jusqu’à Laval, soit une distance d’environ 150 km. Pour l’instant, on a aucune idée du moyen de transport qui sera utilisé pour le transfert des échantillons et il n’existe pas encore de système de traçabilité de ceux-ci ».

Dans presque tous les centres hospitaliers du Québec, il y a des laboratoires biomédicaux. Ils sont un élément essentiel du système de santé. On y réalise toutes les analyses biologiques requises par les professionnels de la santé.

Le déplacement de ces laboratoires, des régions vers les grands centres urbains, obligera les professionnels de ces laboratoires régionaux à déménager. « C’est plus de 70 postes qui seront délocalisés ou abolis dans la région de Lanaudière », d’ajouter Benoît Ladouceur.

Il explique que « ces emplois de qualité vont quitter la région au profit de Laval. C’est une perte économique de plus de 6 millions de dollars pour la région. Ces travailleurs de laboratoire ne dépenseront plus dans les commerces de leur localité ».

Une étude sur les répercussions du projet Optilab, réalisé par l’économiste Érik Bouchard-Boulianne, conclut la même chose pour les régions des Laurentides et de Lanaudière. Bien que l’étude ne porte que sur ces deux régions, les observations peuvent être appliquées à une autre région de la même taille.

La mobilisation contre le projet Optilab dans Lanaudière s’est fait entendre le 31 janvier dernier à l’hôpital Pierre-Le-Gardeur. En conférence de presse, la CSN, s’est déclaré contre le projet. « Les trop nombreuses zones d’ombre de ce projet, ainsi que ses effets néfastes sur la région devraient inciter les décideurs à plus de prudence. ».

De plus, la CSN estime qu’il est prématuré de procéder au changement d’employeur dès le 1er avril prochain, car les Centres intégrés de santé et de services sociaux concernés ont déjà admis que les établissements sont loin d’être prêts au déploiement d’Optilab.