Les biocarburants : créateurs d’emplois en région

2017/03/17 | Par IREC

Dans le cadre de la transition énergétique de l’économie québécoise, le secteur des biocarburants (éthanol, biodiesel) est appelé à se développer. L’émergence de cette filière passe par la mise en place d’un système d’approvisionnement fiable et capable de répondre aux différents marchés énergétiques. À l’horizon de 2030, la filière des biocarburants, se déployant sur l’ensemble des régions québécoises, donnerait sa forme à un véritable modèle de développement régional.

 

Une substitution aux importations de pétrole

Nous proposons d’établir de nouvelles normes dans les produits vendus au Québec: exiger 20% de contenu biosourcé dans l’essence et 10% dans le diesel[1]. Avec ces mesures, le marché annuel québécois pour l’éthanol atteindrait entre 250 et 350 millions de litres (Mlitres) dès 2020 et environ 1 150 Mlitres en 2030, alors que le marché du biodiesel passerait de 80 Mlitres en 2020 à 220 Mlitres en 2030[2]. Donc, en 2020, le Québec aurait substitué l’importation de l’équivalent de 2 millions de barils de pétrole (annuellement) par des achats locaux de biocarburants, injectant du coup quelque 275 millions $[3] dans l’économie québécoise. En 2030, ces substitutions entraîneraient une injection annuelle de 1,3 milliard $.

 

Évolution des ventes de biocarburants au Québec

Source: estimations basées sur les calculs des auteurs.

 

Un créneau d’activité à plus forte intensité de main-d’œuvre

Les activités économiques liées aux carburants ne se limiteraient plus à l’importation et à la transformation du pétrole : de nouvelles activités associées au déploiement des carburants biosourcés seraient développées. Ce sont essentiellement les activités en amont (approvisionnement en matières biosourcées) qui représenteront les grands gisements de nouveaux emplois. Il s’agit d’une création d’emplois nette : jusqu’à maintenant, l’approvisionnement en pétrole relève exclusivement de l’importation.

Cet approvisionnement proviendra de tout le Québec : des régions agricoles et forestières (pour les résidus), côtières (les algues) et même des milieux urbains (les matières recyclables et putrescibles générées par ces milieux). Ce gisement d’emplois est doublement important : d’une part, il représente des activités de substitution aux importations; d’autre part, les activités couvertes sont beaucoup moins intensives en capital, donc plus intensives en main-d’œuvre. À titre d’exemple, comparons la productivité et l’intensité en main-d’œuvre des industries pétrochimiques et de la forêt : pour chaque million de $ de production, la pétrochimie crée 5 emplois alors que la foresterie en produit une trentaine. Autrement dit, si l’éthanol produit au Québec provenait totalement des résidus forestiers, nos scénarios de développement permettraient de créer autour de 3 500 emplois d’ici 2020 et au-delà de 17 000 à l’horizon 2030[4].

Pour plus d’informations sur le sujet, lisez la Fiche technique no 13 de l’IRÉC sur notre site : www.irec.net .

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[1] Les pourcentages de 20% d’éthanol (norme E20) et de 10% de biodiesel (norme B10) n’exigent pas de modifications pour les véhicules les plus récents.

[2] Si nos estimations sont plus basses que celles de l’industrie, c’est qu’elles tiennent compte des impacts des nouvelles normes d’efficacité énergétique des nouveaux modèles de voitures et de camions ainsi que des politiques en faveur de l’électrification des transports.

[3] Prix de référence WCS du baril de pétrole de 62$ en 2020 et de 74$ en 2030.

[4] Pour arriver à ce résultat, nous faisons l’hypothèse que la valeur ajoutée du secteur de la récolte et de la première transformation est équivalent à 0,53% de la valeur des ventes (voir Retombées économiques du secteur forestier, Québec 2007, ISQ).