États généraux de l’enseignement supérieur : reprendre notre place

2017/05/30 | Par Mario Beauchemin et al.

Mario Beauchemin, 3e vice-président, CSQ
Lucie Piché, présidente FEC-CSQ
Stéphane Lapointe, président FPEP-CSQ
Anne Dionne, présidente FPSES-CSQ
Suzanne Tousignant, présidente FPPC-CSQ
André Poulin, président SCCCUS-CSQ
Luc Caron, SPPRUL-CSQ
André Roy, SRFPUL-CSQ

Les 18, 19 et 20 mai derniers, près de 500 personnes provenant de plus d’une vingtaine d’organisations syndicales, professionnelles et étudiantes se sont réunies à l’Université Laval pour la tenue des premiers États généraux de l’enseignement supérieur (EGES). Ce rassemblement des forces vives de notre communauté nous a permis de poser des constats alarmants.

Ce que nous avons collectivement accompli depuis les années 60 afin de permettre aux Québécoises et Québécois d’accéder à l’enseignement supérieur constitue, à n’en point douter, une source de grande fierté. Le Québec s’est doté d’institutions remarquables – et remarquées à l’échelle internationale – qui ont démocratisé les savoirs et soutenu le développement de notre société.

Pourtant, les idéaux fondamentaux qui sous-tendent ces institutions sont aujourd’hui fragilisés et malmenés. L’égalité fait place à l’employabilité, l’accessibilité à la rentabilité, et ultimement nos consensus démocratiques s’effacent pour laisser toute la place à une conception utilitariste et dévitalisée de l’éducation.

La voix des femmes et des hommes qui animent et font vivre ces outils de développement collectif est ignorée, voire rejetée au profit des représentantes et représentants d’une élite économique dont la clairvoyance est inconditionnellement présumée. Ce phénomène dépasse le seul champ de l’enseignement supérieur, puisqu’on en ressent vivement les effets autant dans les secteurs scolaires que de la petite enfance.

À entendre certains de nos gouvernants, il ne s’agit là que d’une évolution normale et souhaitable dans un monde en constant changement. Relégués au rang de simples spectateurs, on nous demande de rester sur les lignes de côté et d’applaudir une course à la marchandisation de l’enseignement supérieur que personne n’a sanctionnée.

Or, le signal qui a émergé des EGES – de cette rencontre inédite entre le personnel enseignant, de soutien, le personnel professionnel, les étudiantes et étudiants –, c’est la nécessité de reprendre notre place, de réinvestir les lieux de pouvoirs, de lutter contre la précarité, de se réapproprier le langage qui prévaut au sein de nos institutions et surtout de réaffirmer notre légitimité d’action. Le temps est venu de revendiquer plus vigoureusement notre place dans l’espace public.

Rappelons-le, la conception de l’éducation que nous défendons n’est pas qu’hypothèse; elle a porté ses fruits et soutenu le développement de la société québécoise au cours des dernières décennies. Chaque étudiante et étudiant de première génération qui accède aux établissements collégiaux ou universitaires nourrit ce mouvement qui perdure. Il nous faut défendre les principes d’accessibilité, d’égalité en enseignement supérieur et veiller à ce que toute actualisation de nos pratiques respecte ces acquis.

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ), ses fédérations et ses syndicats de l’enseignement supérieur entendent donner suite à l’appel lancé lors des EGES. Nous comptons participer aux actions concertées qui s’annoncent en vue de faire de l’enseignement supérieur un enjeu majeur à la veille des prochaines élections provinciales.