Grève de la construction : Le gouvernement vote une loi inique

2017/05/31 | Par Richard Lahaie

La ministre du Travail, Dominique Vien, a fait adopter une loi spéciale pour forcer le retour au travail des grévistes de la construction. Cette loi inique est injuste et est nettement en faveur de la partie patronale.

La loi spéciale impose un retour au travail le 31 mai, une augmentation de salaire de 1,8% jusqu’à la conclusion d’une entente, une période de médiation de cinq mois (jusqu’au 30 octobre prochain) et en cas d’impasse à la fin du délai, le dossier fera l’objet d’un arbitrage.

La menace d’arbitrage est aussi inefficace que la menace d’une loi spéciale faite la semaine dernière par la ministre du Travail. Nous avons pu constater que la partie patronale voulait la loi spéciale qui lui est favorable et n’a pas négocié de bonne foi. Il est évident que la partie patronale ne négociera pas à nouveau de bonne foi.

Michel Trépanier, de l’Alliance syndicale de la construction, a déclaré aux médias qu’il craint que l’exercice de médiation puis d’arbitrage ne favorise la partie patronale. « Ils ont mis une belle petite liste d’épicerie pour être sûrs qu’on aille en arbitrage, a-t-il accusé. Et ils ont une méchante bonne chance de gagner, car la ministre peut déterminer les sujets qui sont soumis en arbitrage ».

La loi spéciale a fixé la hausse salariale à 1,8% pour cette année, ce qui est légèrement inférieur à la dernière offre patronale de 1,9% et très loin des demandes syndicales.

L’Alliance syndicale va contester la loi spéciale devant les tribunaux, car celle-ci fait pencher le rapport de force en faveur de la partie patronale. L’Alliance avait réduit ses demandes à quelques points tandis que l’Association de la construction avait présenté plusieurs dizaines de demandes. Cela veut dire que le processus de médiation et d’arbitrage tiendra davantage compte de demandes patronales que syndicales.

La contestation de la loi spéciale est justifiée. Notons que le droit de grève est maintenant constitutionnel suite à une décision de la Cour Suprême en 2015 dans la cause Saskatchewan Federation of Labour contre Saskatchewan (2015 CSC 4).

 

Photo : CSN-Construction