Congrès de la CSN : Jour 1

2017/06/07 | Par Richard Lahaie

Le 65e Congrès de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) s’est ouvert le 5 juin dernier au Palais des congrès de Montréal sous le thème Voir loin, viser juste. En ouverture du congrès, le président de la CSN, Jacques Létourneau, a rappelé la situation difficile que la centrale syndicale a connu lors de la période de changement d’allégeance syndicale.

Durant cette période de maraudage, la CSN a perdu quelque 22 700 membres. Jacques Létourneau a rappelé que « la CSN a perdu près du tiers de ses effectifs entre 1972 et 1976. L’épisode du conflit au Manoir Richelieu, marqué entre autres par la présence d’un agent d’infiltration dans nos rangs et par le consensus patronal et gouvernemental à vouloir tirer parti de la situation pour nous affaiblir davantage, est un autre moment douloureux que nous avons vécu. ».

Citant l’ancien président, Marcel Pepin, « Les motifs du départ de certains de nos adhérents devront être examinés sans panique, mais avec réalisme ». Jacques Létourneau s’est questionné sur ces départs. « Que s’est-il passé pour que des membres de syndicats affiliés à la CSN depuis des dizaines d’années décident de joindre d’autres organisations syndicales ? Pourtant nous disposons de tous les moyens, y compris sur le plan démocratique, pour faire face aux problèmes, pour corriger le tir le cas échéant, pour apporter des changements appropriés si les membres critiquent un aspect ou un autre de notre fonctionnement, de nos services ».

« Cependant, une forme de corporatisme est aussi présente dans nos rangs. C’est pourquoi il est de notre devoir de toujours rappeler que si, en effet, le syndicat doit répondre aux besoins de ses membres, à partir de leurs réalités, le syndicalisme à la manière CSN embrasse plus large et permet de mener des luttes qui ne seraient pas possibles autrement. Je parle ici des batailles menées par des syndicats pour les conditions de travail et de vie de leurs membres et des grandes mobilisations sur le front social et politique qui ont donné, par exemple, la loi sur l’équité salariale, les services de garde éducatifs, le régime québécois d’assurance parentale et plus loin de nous la loi anti-briseurs de grève », de poursuivre le président.

 

L’austérité du gouvernement Couillard

« Le Québec a été malmené. Les services publics et les programmes sociaux l’ont été dramatiquement. Les régions y ont goûté. Les travailleuses et les travailleurs aussi, du fait de la montée de la précarité, de la diminution du taux de syndicalisation et de l’effet des compressions dans les grands réseaux publics sur les conditions de travail », d’expliquer M. Létourneau.

« Les femmes ont particulièrement subi les foudres de l’austérité. Les groupes de défense et les organisations populaires ont été affaiblis par les politiques restrictives des libéraux de Philippe Couillard. En sabrant leur financement, ils ont menacé leur existence même. Les plus démunis ont subi une autre réforme de l’aide sociale et le gouvernement a nié la nécessité de hausser le salaire minimum à un niveau qui permettrait de sortir de la pauvreté », de poursuivre Jacques Létourneau.

« Avec la fronde contre les régimes de négociation et de retraite dans le secteur municipal et du transport collectif, des acquis négociés et convenus de bonne foi avec les municipalités et les sociétés de transport. Au bout du compte, l’adoption du projet de loi 110 a démontré que le point de vue des maires de Montréal et de Québec l’a emporté sur les aspirations des travailleuses et des travailleurs à obtenir de meilleures conditions de travail. Car le rapport de force est dorénavant déséquilibré, à l’avantage des villes », de s’indigner le président de la CSN.

 

Le Manifeste de la CSN

Lors du congrès, la CSN dévoilera un manifeste et un plan d’action qui sont le fruit d’une consultation qui s’est déroulée, auprès des syndicats affiliés, d’octobre 2016 à février 2017. En lançant cette consultation, la CSN avait deux grands objectifs : impliquer les syndicats dans les orientations et les actions à mettre en œuvre pour le prochain mandat, et améliorer les processus démocratiques. Cette démarche s’inscrit dans la lutte pour s’opposer à l’austérité.

« Nous avons neuf revendications regroupées sous cinq thèmes : sécuriser le revenu tout au long de la vie; développer l’économie et créer des emplois de qualité; lutter contre les changements climatiques; consolider nos services publics; renforcer la démocratie. Le manifeste a été élaboré autour de ces grandes revendications », d’annoncer Jacques Létourneau.

« Voir loin, c’est regarder en avant. C’est fixer l’horizon pour identifier les luttes à faire. C’est identifier avec qui on veut les mener, ces luttes. Pour viser juste, il faut regarder dans la bonne direction », de conclure le président de la CSN.