Les vacances, c’est mieux qu’une pilule

2017/09/08 | Par Richard Lahaie

L’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) a rendu public, le 30 août dernier, une étude sur les conditions de travail.

Selon l’étude, faire passer le nombre minimal de semaines de vacances de deux à trois pour les premières années dans un même emploi et à quatre semaines après cinq ans serait un pas dans la bonne direction.

L’auteure de l’étude, Ève-Lyne Couturier, explique que «la prise de vacances permet de réduire l’absentéisme, le stress et le risque de burn-out. L’effet est rapide et significatif, mais limité dans le temps. Un mois après le retour au travail, on commence à remarquer un retour à la normale. Il faut donc reprendre régulièrement des vacances afin d’obtenir de meilleurs résultats».

«Rappelons, par ailleurs, que ce sont les personnes en situation précaire, qui exercent un travail aliénant et sans beaucoup de reconnaissance, qui sont généralement celles dont les conditions de travail incluent le minimum de vacances. C’est pour cette raison qu’il faut agir sur les normes du travail pour toutes et tous puissent en bénéficier», de poursuivre la chercheuse de l’IRIS.

On peut lire dans l’étude «qu’une personne qui change fréquemment d’employeur risque de ne jamais avoir la possibilité d’avoir des vacances. Une étude de 2009 révélait que plus du tiers des travailleurs et travailleuses au Canada n’ont pas utilisé l’ensemble des semaines de vacances dont ils disposaient».

«En Suède, une étude, qui s’est déroulé sur plus de 12 ans, a permis de voir que le nombre de personnes en vacances est inversement proportionnel à la distribution d’antidépresseurs. En effet, le fait qu’un nombre important de personnes prennent une pause du travail simultanément constitue un élément positif grâce aux liens que celles-ci tissent avec leur famille, leurs amis et leur communauté. C’est ce qui explique en partie l’effet positif d’en prendre et d’en prendre avec d’autres», de révéler l’étude.

Dans le tableau 1 intitulé «congés annuel 2017», on remarque que la Saskatchewan donne déjà accès à une troisième semaine dès la première année de travail et augmente à quatre semaines après 10 ans.

Vous remarquerez que dans ce tableau l’Ontario est présente à deux endroits. C’est qu’en mai 2017, un rapport a été déposé recommandant à l’Ontario d’offrir une semaine de plus de vacances après cinq ans de service. Puisque le gouvernement a accueilli favorablement le rapport, l’auteure a mis l’Ontario à égalité au deuxième rang. Toutefois, en attendant le changement, il se trouve en dernière place avec le Yukon.

«Les associations patronales telles que la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) affirment qu’une telle augmentation du temps de vacances couterait trop cher aux employeurs. Pourtant, les vacances ont un effet positif autant sur les employés que sur l’employeur, car il ne faut pas oublier le coût élevé, tant financier qu’organisationnel, de l’absentéisme et du présentéisme, qui est la présence au travail malgré une incapacité à faire adéquatement ses tâches», de spécifier l’auteure de l’étude.

«Au cours des 20 dernières années, le nombre d’absence au Canada a augmenté de 23,9%. Il s’agit d’absences autant en raison du climat, de maladies ou autres. Rappelons toutefois que ces congés ne sont pas automatiquement rémunérés. Les normes du travail au Québec ne font que protéger l’emploi, sans garantir le versement du salaire pendant l’absence.»

 

Pour ce qui est des jours fériés, présentés dans le tableau 2, intitulé «fériés annuels», le Québec se retrouve en dixième place avec ses 8 jours obligatoires. De plus, le mauvais rang du Québec s’aggrave si l’on compare le Québec avec les pays de l’Union européenne qui offrent entre quatre et cinq semaines de vacances et jusqu’à 14 jours fériés par année.

L’hiver dernier, le gouvernement Couillard a annoncé qu’il prépare une réforme des normes du travail pour permettre aux emplois atypiques d’être couvert dans la future mouture des normes du travail du Québec. Il serait bien qu’une augmentation des vacances et des jours fériés y soient également.