
Ceux qui s’exilent derrière des formules voisines du « nous n’avons pas le choix » auront choisi de ne pas en avoir. Quant aux élus qui utilisent ce discours éteignoir, ils ont visiblement opté pour la mauvaise occupation : à quoi, au juste, sert un décideur qui dit ne pas avoir d’options?
La vraie politique reviendra en force le jour où il sera normal qu’une personne élue préfère garder ses convictions, au risque de perdre son siège, plutôt que de moduler ses principes selon les derniers sondages pour favoriser sa réélection. Autrement, cela donne des politiciens qui ont comme principale ambition de ne pas trop en avoir, au-delà de leur avancement personnel. Alors, qu’en politique les visionnaires tentent d’influencer l’opinion publique pour convaincre la population que leurs idées sont les meilleures dans l’intérêt collectif, les carriéristes tentent d’identifier l’opinion publique, pour redire à la population ce qu’elle veut entendre.
(…)
Ce sont l’audace et la clarté qui amèneront les gens à se réintéresser à la politique pour les bonnes raisons. Cela inclut le fait d’accepter le choix de la population devant des plateformes claires, et donc de faire autre chose de sa vie si les gens choisissent une autre offre. Cette étrange tendance à courtiser les nationalistes quand on est provincialiste ou à reporter le débat sur la souveraineté quand on est indépendantiste fait en sorte de dévaluer la politique. Elle est alors réduite à une simple stratégie, sans vision ni courage, selon laquelle la population est considérée comme de la marchandise électorale.
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Il y a par ailleurs un danger réel pour un parti dit de cause d’adopter les méthodes d’un parti de simple gouvernance du statu quo. Louvoiements, détours, contradictions et changements de cap fréquents illustreront bien assez rapidement l’incohérence de celui qui se prétend en faveur d’une cause, pour ensuite la subordonner à tout ce qui peut être payant à court terme.
(…)
Dans la même veine, un gouvernement qui promettrait de ne pas utiliser de fonds publics pour faire avancer un élément fondamental de sa plateforme oublierait à quoi servent précisément des élections. Sinon, qui d’autre que l’électorat décidera ce qui justifie ou non l’utilisation de son argent?
Jean-Martin Aussant. La fin des exils. Résister à l’imposture des peurs. Avec des œuvres de Marc Séguin. Atelier 10. 102 pages.
Photo : Radio-Canada.ca
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