Enquête de l’IRIS sur l’accès à la vie associative pour les personnes en situation de handicap

2017/12/07 | Par Richard Lahaie

Le 4 décembre dernier, le Réseau québécois de l’action communautaire autonome (RQ-ACA) a dévoilé les résultats d’une recherche menée par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) sur l’accès à la vie associative pour les personnes en situation de handicap dans le mouvement d’action communautaire autonome.

L’objectif de cette recherche était de réaliser un portrait des pratiques d’accommodements à l’égard des personnes en situation de handicap des organismes d’action communautaire autonome (ACA), de mieux comprendre les raisons qui font en sorte que certains groupes n’offrent pas d’accommodements et de connaître les coûts supplémentaires engagés par les groupes offrant des accommodements.

« Lorsque nous faisons référence aux besoins directs d’accommodements liés à la participation à la vie associative, nous parlons d’interprétariat (langue des signes), d’accessibilité de l’information produite (médias substituts, médias numériques), d’accompagnement spécialisé (guide, aide à l’hygiène), de transport (location de véhicules adaptés), d’accessibilité physique ponctuelle de l’immobilier (location de salle accessible, rampe d’accès temporaire) et d’accessibilité physique permanente de l’immobilier (bâtiment, ouvre-porte, ascenseurs) », d’expliquer Francis Fortier, chercheur à l’IRIS.

La recherche s’appuie sur un sondage réalisé entre le 27 juin et le 22 août 2016 auprès de 1 058 organismes communautaires au Québec. La sélection des organismes s’est effectuée selon une méthode aléatoire. C’est-à-dire que le questionnaire était auto-administré via Internet par les organismes communautaires. 196 organismes ont rempli le questionnaire, pour un taux de réponse de 18,4%. Le sondage est représentatif avec une marge d’erreur de 6,8 %, 19 fois sur 20.

«Le faible taux de participation peut être attribué au fait que les gens ne se sont pas senti interpelé par les questions ou que la majorité des organismes étaient fermés pour les vacances d’été. Pour des raisons économiques, nous ne pouvions prolonger le sondage. Il faut comprendre que le sondage ne s’adressait pas uniquement aux organismes représentant des personnes en situation de handicap, mais à tous les organismes communautaires québécois. Le résultat donne malgré tout une tendance», d’analyser M. Fortier.

«Comme il y a plus d’organismes qui ne représentent pas les personnes en situation de handicap et pour assurer la représentativité du sondage, les résultats ont été pondérés. On a donné un poids différent aux réponses des organismes représentant les personnes en situation de handicap. Cette technique est reconnu par Statistiques Canada», de poursuivre Francis Fortier.

Les résultats du sondage démontrent que, pour les organismes ne représentant pas des personnes en situation de handicap, les formes d’accommodements les plus effectués sont l’accessibilité physique permanente de l’immobilier (23,3%), le transport (20,2%) et l’accessibilité physique ponctuelle de l’immobilier (19,2%). À leur trois, c’est le deux-tiers des accommodements.

Les résultats des formes d’accommodements pour les organismes représentant des personnes en situation de handicap sont pour le transport (22%), l’accessibilité à l’information produite (21%) et l’accessibilité physique permanente de l’immobilier (19%).

La recherche présente les différents types d’activité de vie associative dans lesquelles il y a des accommodements. Chez les deux types d’organismes, les activités principales sont les activités sociales et les assemblées générales.

Quelles sont les raisons qui font en sorte que des organismes communautaires n’offrent pas certains accommodements? La recherche présente trois raisons pour lesquelles des accommodements n’ont pas été effectués. La plus courante est le manque d’accès à une ou des ressources d’adaptation, la seconde est le manque de ressources monétaires et la troisième est tout simplement parce que ce n’était pas prévu.

Selon la recherche, les organismes représentant les personnes en situation de handicap dépensent en moyenne 12 366 $ annuellement pour effectuer des accommodements pour l’accès non discriminatoire à leur vie associative. Pour les autres organismes, cette dépense moyenne est de 1 312 $ annuellement.

Malgré le fait que les organismes d’ACA ne possèdent pas d’enveloppe spécifique afin de couvrir les dépenses liées aux accommodements effectués lors de leurs activités de vie associative, ceux-ci dépensent déjà environ 13,2 millions de dollars annuellement. Pour offrir un accès véritablement non discriminatoire à la vie associative des organismes communautaires, il faut y ajouter les coûts couvrant les accommodements qui n’ont pas pu être effectués (1,9 M$). Par conséquent, le coût annuel est d’environ 15 millions de dollars.

Cette recherche permet de jeter les bases de recommandations et de revendications concernant les mesures à mettre en place, tant dans les organismes qu’au niveau gouvernemental, afin que tous puissent participer pleinement et sans discrimination à la vie associative des organismes d’ACA.

L’enquête a été initiée par le RQ-ACA en collaboration étroite avec deux de ses membres, l’Alliance québécoise des regroupements régionaux pour l’intégration des personnes handicapées (AQRIPH) et la Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec (COPHAN), avec le soutien financier du Secrétariat à l’action communautaire autonome et aux initiatives sociales (SACAIS) et de l’Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ).