Débat en anglais : Bravo Lise Bissonnette !

2018/09/19 | Par Pierre Dubuc

Dans la chronique Grand angle sur l’actualité de l’émission Midi info, animée par Michel C. Auger sur les ondes de Radio-Canada, le chroniqueur de La Presse Yves Boisvert et l’ex-éditorialiste du Devoir Lise Bissonnette ont croisé le fer sur la pertinence du débat des chefs en anglais.

À Yves Boisvert qui réduisait l’opposition à ce débat à « une minorité bruyante », Lise Bissonnette a revendiqué haut et fort son appartenance à cette « minorité bruyante ». Pour Boisvert, on vient de créer une « sorte de jurisprudence », qui va faire en sorte que « parler en anglais à la minorité anglaise » sera désormais « une compétence nécessaire pour être premier ministre ».

Bissonnette de répliquer que c’était exactement là le problème. « Désormais, grâce à ce débat, on ne pourra plus devenir premier ministre du Québec sans passer un test oral en anglais », en soulignant à Boisvert, qui évoquait l’exemple du Nouveau-Brunswick, que, contrairement à cette dernière province, le Québec n’était pas une province bilingue. « Avec ce débat, on est en train d’imposer l’anglais comme langue officielle ».

Mme Bissonnette a donné l’exemple « de dizaines et dizaines de personnes du milieu universitaire qui se débrouillent très bien anglais, qui sont capables de lire des documents d’experts en anglais, et même d’écrire anglais, mais qui seraient incapables de tenir un débat de fond dans cette langue ».

Elle a souligné que Manon Massé avait été grandement désavantagée parce qu’elle n’avait pas été en mesure de bien expliquer le programme de son parti à cause de sa faible maîtrise de l’anglais et que « c’était injuste pour son parti ».

Lise Bissonnette s’en est également pris à l’arrogance de l’animatrice qui, à deux reprises, a obligé les candidats à répondre à des questions complexes, dont une sur le racisme systémique, par un OUI ou un NON.

L’ex-éditorialiste du Devoir a aussi été troublée par les propos de l’animatrice, qui est revenue à trois reprises avec l’affirmation : « Les anglophones du Québec se sentent comme des citoyens de seconde classe ».

« Pas un des quatre chefs n’a dit : Écoutez, Madame, ce ne sont pas des citoyens de seconde classe. Pas une seule mesure ne permet d’affirmer cela. Pas un des quatre, même pas Jean-François Lisée, qui a dit : c’est une affirmation douteuse ».

Mme Bissonnette a jugé que ce sont là des « attitudes et des angles qui relèvent de vieux réflexes québécois », laissant sous-entendre, à mots à peine couverts, que c’était là des réflexes de colonisés.

Nous pourrions ajouter qu’il était particulièrement suave d’entendre Jean-François Lisée, qui est lui-même à l’origine de ce débat en anglais, affirmer que « le français est la langue commune au Québec ». Tellement commune qu’il faut tenir un débat en anglais ! Cherchez l’erreur!

Un mot, finalement, sur la proposition de Jean-François Lisée de fusionner les réseaux des cégeps anglophone et francophone en un seul réseau bilingue.

La proposition Lisée a été formulée sur son blogue à la toute veille du Conseil national du Parti Québécois à la fin du mois de novembre 2009, où allait être débattue la proposition de Pierre Curzi d’étendre les dispositions de la Loi 101 au cégep.

La manœuvre de Lisée avait pour but de faire dérailler l’action menée par Curzi et ses partisans. Elle a cependant échoué et un consensus s’est alors dégagé à ce Conseil national en faveur de l’application des dispositions de la Loi 101 au cégep.