Les Couche-tard versus Tout le monde en parle (4)

2018/09/23 | Par Claude G. Charron

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L’histoire du Québec est vraiment singulière. La défaite des Patriotes en 1837 et 38 avait permis à Londres de saisir enfin le fait que les évêques étaient leurs meilleurs alliés afin d’empêcher toutes récidives.  Ils ont donc donner pleine autorité sur ceux que, dans la volonté de les minoriser, on appelait déjà les « French Canadians ».

La paroisse, mais surtout l’école, permettront aux évêques de démontrer à la Couronne qu’ils ont vraiment les choses en mains du fait même qu’ils détiennent une entière autorité sur le régime scolaire des catholiques. Et quand survient le fort mouvement de laïcisation du début du vingtième siècle dans l’ancienne mère-patrie, les évêques prendront bien garde que le Québec en soit contaminé.

Même au niveau des collèges classiques, les enseignants surveillaient à ce que les livres des grands auteurs, qui étaient en train de transformer culturellement la France, n’atterrissent point sur les pupitres des élèves de ce côté-ci de l’Atlantique. Les évêques ont en cela été aidés par un grand nombre de religieux et de religieuses qui ont préférer s’exiler et venir enseigner au Québec plutôt que d’avoir à vivre avec le principe de la séparation de l’Église et de l’État prôné par Jules Ferry.

Dans les années quarante, le Canada anglais se sentant culturellement menacé par l’invasion de la radio étasunienne, décide de créer CBC/Radio-Canada. Assez paradoxalement, c’est plutôt l’autre Canada qui en profitera davantage surtout quand, dans les années cinquante, la télévision apparait.

Sans se soucier des répercussions que leur décision allait avoir dans l’avenir, les libéraux au pouvoir à Ottawa ont, par télé interposée, encouragé une ouverture au monde de la société québécoise quand ils ont laissé la gestion du Réseau français à une élite canadienne-française à tendance libérale. Ces gestionnaires ont par la suite permis à des artistes et artisans de concevoir une télévision ouverte sur le monde d’autant plus que, tout de suite après le retour de la paix en Europe, nombreux sont ceux parmi eux qui sont allés en France parfaire leur formation.

Les plus intellos d’entre eux sont devenus des habitués du Café de Flore ou Des deux magots avec espoir un jour de discuter avec Sartre, de Beauvoir ou Camus. D’autres, plus poètes et musiciens dans l’âme, ont davantage hanté les caves de Saint-Germain des Prés ne se fatigant jamais d’entendre les grands Ferré, Gréco et Vian chanter dans ces salles obscures et enfumées.


Finies les folies !

Ce ne fut pas la France du maréchal Pétain mais la France des bistros et des caves de la Rive gauche à Paris que Pierre Elliott Trudeau attaqua quand, le 20 octobre 1969 devant les partisans libéraux réunis à l’hôtel Reine Élisabeth de Montréal, il lança « Finies les folies! » en guise de conclusion de son baratin. (voir extrait sur YouTube). 

Quinze mois après le célèbre « Vive le Québec libre » du général de Gaulle, celui que ces dits libéraux avaient choisi pour remplacer le trop conciliant Pearson comme premier ministre, c’est sans ambages qu’il déclara qu’il allait faire le ménage à Radio-Canada :   « Je ne veux pas passer sous silence le travail énorme qui a été fait par les nouveaux directeurs depuis deux ans. (…) Ils sont en train de dresser l’appareil, il n’est pas sûr qu’ils vont réussir. Moi j’ai confiance, mais s’ils ne réussissent pas, on va les prendre nos responsabilités, nous au gouvernement. On va la mettre la clé dans la boîte. »

Au grand plaisir de ses supporteurs, il en vint ensuite à cibler le général de Gaulle : « On laissera pas diviser le pays ni de l’intérieur ne de l’extérieur. On ne permettra pas qu’un étranger vienne nous expliquer à nous ce que c’est que la constitution du Canada. (sic) »

Une telle accusation d’ingérence dans les affaires canadiennes, tout de suite après sa diatribe contre Radio-Canada, nous laisse bien voir que, de la part de Trudeau, il y a accusation directe contre les anciens dirigeant du Réseau français qu’il vient d’ailleurs de congédier en les accusant d’avoir laissé   progresser la volonté d’émancipation des Québécois.

Un message on ne peut plus clair :  Avec Trudeau, la Société Radio-Canada se devrait dorénavant de prôner le fédéralisme. Elle ne doit plus donner la parole à des gens qui ont « l’esprit mêlé ». Quand il s’agit de traiter des questions constitutionnelles, Radio-Canada aura dorénavant le devoir de se comporter comme une télévision d’État plutôt qu’un service public au service des citoyens. Cette institution a le devoir de donner la parole aux fervents du multiculturalisme et non à ceux qui prônent le biculturalisme prôné par Laurendeau. 


Feu, le biculturalisme d’André Laurendeau   

C’est lors de la rencontre des premiers ministres provinciaux avec leur homologue fédéral du 5 février 1968 que Pierre Elliott Trudeau exhiba le changement de cap qu’il voulait donner au PLC s’il devenait premier ministre. Avant qu’il fasse sa provoquante déclaration, celui dont il voulait prendre la place s’était montré plus conciliant envers le Québec : « Nul n’ignore ici que le Canada français est actuellement profondément mécontent de sa place dans la confédération. Il y a à cela des raisons complexes d’inégale importance. J’ai dit et le répète aujourd’hui que la plupart de ces raisons sont parfaitement fondées. »   

Tout-à-fait différente fut l’intervention du ministre de la justice quand son chef l’invita à prendre la parole : « Il faut reconnaître aux Canadiens français des droits linguistiques et culturels qu’ils ont raison de réclamer, mais dans un Canada à dix, il n’y a pas de place pour un Canada à deux. »

En ce 5 février 1968, le principe des deux nations venait d’être bafoué par un intellectuel pestant tout autant que son ami Paul Desmarais contre le nationalisme québécois. Il est certain que lors du congrès au leadership du Parti libéral du début d’avril, notre king maker avait su jouer dans les coulisses pour que ce soit son poulain qui succède au trop conciliant Pearson.  Il reste que, pour Trudeau, la tâche a été rendu facile d’imposer sa vision du Canada quand, le 1er juin, il apprit la nouvelle du décès d’André Laurendeau.  Il se pressa donc de contacter Jean-Louis Gagnon afin qu’il succède à feu le gêneur à la co-présidence de la Commission d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme. Tant pis s’il faut continuer à vivre avec ce damné dernier mot. Tant pis si les gens continuent appeler le machin Commission BB plutôt que Commission BM.


Le strict contrôle des journalistes de Radio-Canada

Suite à l’accession au pouvoir de Trudeau et la menace qu’il avait faite aux journalistes de les occuper « à un projet de vases chinois », il était évident que le grand patron se devait d’établir de nouvelles normes dans l’exercice de leur profession, à savoir ce qu’ils avaient le droit de dire et de ne plus dire à l’antenne.

Il est évident que le journaliste de Radio-Canada ayant couvert la première séance publique de la Commission BB aurait été rabroué si cette dernière avait eu lieu sous Trudeau. Ces séances avaient débuté à l’hiver 1964. J’ai eu l’occasion de visionner la captation que Radio-Canada en avait faite avant que celle-ci disparaisse de la Toile. Je me souviens de l’analyse qu’à la fin de l’audience, le journaliste (dont je ne le nom m’échappe) a fait de ce qui avait été dit par deux intervenants représentant des groupes dont les parents, venant de deux pays d’Europe centrale, avaient immigrés au Canada.    

De l’exigence des deux groupes de remplacer le volet enquête sur le biculturalisme par plutôt un autre sur le multiculturalisme, le journaliste déclara que le gouvernement était pris en souricière. Selon ces deux porte-parole l’argument du danger d’une potentielle sécession du Québec avancé par Laurendeau est fallacieux et aurait malheureusement convaincu le premier ministre Pearson afin que la Commission porte également sur le biculturalisme. Or, s’exclama le journaliste, voilà que deux puissants lobbys ethnoculturels menacent de boycotter l’enquête si on ne remplace pas le  biculturalisme par le multiculturalisme.    

Le journaliste avait un brin démontré qu’il appuyait le principe de biculturalisme.  La chose n’était en rien surprenante car nous étions à l’heure où le premier ministre Lesage clamait que Paul Gérin-Lajoie avait le droit de signer des ententes concernant l’éducation avec ses homologues à l’étranger. À l’heure où l’on s’apprêtait à publier Égalité ou indépendance, un livre rédigé par le chef de l’Opposition officielle. 


L’affaire de Virieux, première manifestation de ce contrôle

C’est avant même que Pierre-Elliott Trudeau soit davantage légitimé en sa fonction de premier ministre par le scrutin du 25 juin 1968, que s’est produite une première manifestation de ce contrôle de l’information à Radio-Canada. Il semblerait que le président de la Société Saint-Jean Baptiste de l’époque avait pris sur d’inviter le premier ministre du Canada à assister au défilé de la Saint-Jean du haut de la tribune d’honneur.  

Tant chez les nationalistes modérés que chez les indépendantistes, on considéra que le nouveau premier ministre du Canada n’aurait pas dû accepter l’invitation compte tenu du fait que, s’il avait réussi à succéder à Lester B. Pearson, c’était justement parce qu’il niait le principe voulant qu’il existe deux nations au Canada.

Sa présence fut considérée comme une provocation. En tant que président du RIN, Pierre Bourgeault invita les membres de son parti à envahir les abords de la rue Sherbrooke en face de la bibliothèque. De son côté, Reggie Chartrand invita les Chevaliers de l’indépendance à faire de même. Quoi de mieux ici que de se référer à cette excellente émission qu’est Aujourd’hui l’histoire pour comprendre ce qui s’est passé lors de ce que l’on a appelé le Lundi de la matraque. À l’occasion du cinquantième anniversaire de l’événement, le journaliste Jacques Beauchamps laissa le coloré Jean-Claude Germain raconter l’événement.

Mais le plus éclairant pour notre propos reste la narration du défilé qu’en firent Henri Bergeron et Gaby Drouin alors qu’œufs et tomates volaient en direction de l’estrade d’honneur. Malgré que le défilé ait été complètement paralysé par l’incident, Bergeron et Drouin n’avaient pas trop perdu le ton typiquement radio-canadien, un ton tranchant avec celui utilisé par Claude-Jean Devirieux.

Dès le début du Téléjournal qui suivit, ce dernier apparut au milieu des manifestants. Il semblait avoir eu une montée d’adrénaline tant l’avait secoué la violence policière qu’il vit tout autour de lui. Le journaliste se permit même de donner le numéro matricule d’un agent dont les agissements l’avaient scandalisé.  

Ce reportage valut une suspension à Devirieux. On est en droit de chercher qui avait pris la décision de sanctionner ainsi un journaliste dont le professionnalisme était fort apprécié de tous dans la salle des nouvelles. Ses confrères et ses consœurs furent tellement outrés qu’ils et elles ont tous décidé de ne pas œuvrer à la couverture de la soirée électorale du lendemain. Conséquence de leur boycott : Télé-Métropole n’ayant point, à ce que je me rappelle, les ressources suffisantes pour remplacer tout ce beau monde, il n’y eut point de couverture télévisée de cette importante soirée. Du moins dans la langue de Molière. L’opinion de Trudeau a sans doute ici joué.

Trudeau savait qu’il pouvait exister un certain degré de sympathie entre les journalistes et les manifestants, mais il savait tout aussi bien que celui qui allait être affecté pour couvrir l’événement au milieu des manifestants aurait à être très vigilant pour qu’en aucun cas, cette sympathie ne transparaisse dans son topo décrivant comment la violence avait débuté.  Et surtout comment par la suite les choses se sont déroulées.  

Très tôt arrivé sur les lieux, Claude-Jean Devirieux avait vite compris que la police appelée à « encadrer » les manifestants avait une toute autre idée en tête. Il l’avait surtout compris quand, arrivant discrètement sur les lieux, Pierre Bougault fut immédiatement empoigné par deux fiers-à-bras et jeté dans le panier à salade.

Suite à la description assez soporifique qu’avait faite Drouin et Bergeron du défilé, Devirieux ne pouvait, quelques minutes plus tard au Télé-Journal, rapporter que la police avait agi comme si elle était une police politique, mais il se devait au moins de signaler qu’elle avait usé d’une violence excessive envers un grand nombre de manifestants pourtant très pacifiques dans leurs comportements.  

Le geste de ces policiers était hautement politique et ne pouvait que plaire à leur patron alors assis à la tribune tout à côté de Trudeau.  Drapeau savait déjà jouer d’astuces s’il voulait que ce potentiel PM l’aide à trouver les fonds pour que les futurs jeux olympiques soit un succès. Ce dernier ne pouvait qu’admirer Drapeau qui, un an plus tôt, avait eu l’audace de dire à de Gaulle de se mêler de ses affaires. 

Vingt-quatre heures avant que l’on sache si la trudeaumanie allait permettre à celui qui en était l’objet de garder son poste - ou de se le faire enlever par le très terne Robert Stanfield - les patrons de Devirieux savaient qu’il n’était point nécessaire que Marc Lalonde leur donne un coup de fil avant d’agir. L’ombre de de Gaulle flottant toujours dans le paysage, Lalonde était convaincu qu’une suspension de Devirieux ne pouvait qu’aider davantage son poulain à remporter la mise le lendemain.    


Le fourbissement des armes en vue des batailles à venir

En ce 25 juin, la trudeaumanie avait fortement joué dans la victoire du Parti libéral et il semble qu’elle a également joué au Québec. Avec 56 libéraux élus dans la province contre seulement 4 progressistes-conservateurs, les électeurs québécois semblaient avoir fait confiance à ce French power que voulait instaurer l’équipe Trudeau à Ottawa. 

En ce même été, René Lévesque fourbissait également ses armes en vue des combats à venir. En août, il rencontra Gilles Grégoire, président du Ralliement nationale afin que ce parti se lie avec le mouvement Souveraineté-association afin que, dès l’automne, on puise mettre sur pieds un nouveau parti voué à l’indépendance. Lévesque percevait que la fracassante visite de de Gaulle de l’été précédent avait permis à de nombreuses personnes des régions rurales d’avoir assez confiances en elles pour songer à militer dans un parti souverainiste.

Suite surtout au lundi de la matraque, René Lévesque trouvait que le RIN était trop porté à faire des manifestations de rue. Il ne les appréciait guère. C’est la raison pourquoi il n’a pas d’offre de fusion à ce parti comme celle qui avait été faite avecle Ralliement nationale de Grégoire.  Pierre Bourgault avait beau cogner à la porte du Mouvement Souveraineté-Association, on ne lui répondit point. De guerre lasse, le président dut se résoudre à convoquer un congrès de dissolution du parti qu’il eut lieu le 26 octobre. Bourgault gagna contre Andrée Ferretti.  Le Parti fut dissout et les membres furent invités à adhérer de manière individuelle au Parti québécois qui, douze jours plus tôt avait été créé. À signaler ici le remarquable discours de René Lévesque à la toute fin de ce congrès de fondation.  

Ce fut en cette rentrée de 1968 que la crise scolaire de Saint-Léonard éclata. Les Italo-Canadiens de cette petite ville au nord-est de Montréal exigèrent de leur commission scolaire qu’elle permette à leurs enfants de suivre leur enseignement en anglais. Les commissaires s’y refusèrent et il arriva que ces parents récalcitrants firent pression auprès de Jean-Jacques Bertrand, le successeur de feu Daniel Johnson comme premier ministre, afin que celui-ci règle le conflit à leur avantage. Avec deux autres confrères députés, dont son ami Yves Michaud, Lévesque s’opposa à l’odieux projet de loi 63 permettant aux parents de choisir la langue d’enseignement de leur choix pour leurs enfants. Situation génocidaire pour le peuple québécois quand on sait qu’à l’époque, 90% de ces parents optaient pour l’anglais comme langue d’enseignement pour leurs enfants.


Le « Just watch me » de la Crise d’octobre

 Il valait la peine de voir le journaliste Tim Ralfe raconter dans quel contexte, Trudeau lui avait lancer ces trois petits mots, le 13 0ctobre 1970.  YouTube nous avait présenté ce petit bijou d’interview daté du 29 septembre 2000. Malheureusement, pendant l’écriture de ce texte, la vidéo est devenue « non disponible ».  Il nous reste au moins  l’extrait entier de l’interview de Ralfe avec le premier ministre. Trente ans plus tard à la CBC, Ralfe fit ressortir le côté jésuitique d’un Trudeau se sentant piégé.

Il l’était en effet, la preuve étant sa détermination à ne point répondre aux questions du journaliste qui, micro en main, l’avait obligé à lui parler dès la sortie de sa limousine, et l’a retenu plus de cinq minutes avant de le laisser s’esquiver à l’intérieur du Parlement.

Des réponses, Ralfe n’en eut point, car à chacune d’elles Trudeau renversa la situation en questionnant plutôt le journaliste, telle cette question: « Comment…? Vous êtes contre le fait que l’on protège les citoyens contre les terroristes? »

À la vue du déploiement de l’armée aux portes du Parlement seulement huit jours après l’enlèvement de Cross et trois jours après celui de Laporte, Ralfe craignait qu’on en vienne à ériger une sorte d’État policier au Canada.  Trois jours plus tard, le journaliste a enfin compris ce que Trudeau voulait dire par son Just watch me. Et que cela ne concernait que le Québec. Et surtout Montréal.

Dans la nuit du 16 au 17 octobre, des centaines de jeunes familles québécoises furent brutalement réveillées par de violents coups frappés à la porte.  S’empressant d’ouvrir, le père fut dès lors en face de gars en uniforme lui déclarant qu’en vertu de la Loi des mesures de guerre qui venait d’être votée à Ottawa, il était en état d’arrestation.  

Il y en eut 450 qui, la nuit du 16 au 17 octobre, ou les nuits suivantes, ont vécu le traumatisme. Il arriva que l’épouse elle-même était arrêtée, les enfants étant restés seuls. Et en pleurs.

Réveillés par le bruit des blindés qui sillonnaient les rues de Montréal au petit matin du 17, les gens ouvrirent prestement leur transistor afin de savoir pourquoi tout ce charivari. Ils apprirent que furent jetés en prison d’éminentes personnalités tels les Michel Chartrand, Gérald Godin et Pauline Julien. Décidément, Tim Ralfe pouvait être rassuré. Ce n’est pas dans le Canada anglais que les libertés fondamentales allaient pour un temps être mises en veilleuse.

Il est certain que, comme si on était en temps de guerre, une autocensure s’est naturellement instaurée parmi les journalistes de nos médias. Personne n’osa écrire que Trudeau avait décidé de profiter des deux séquestrations pour décapiter le nationalisme au Québec. Si, le 29 octobre 1969 devant ses partisans libéraux, le premier ministre avait déclaré que les idéologies étaient au moins permises au sein des partis politiques, cela semblait maintenant dépendre de quelle idéologie il s’agissait.


L’Après crise d’octobre à Radio-Canada 

Il se peut que ce soit à partir d’octobre 1970 qu’au Réseau français fut introduit le poste de rédacteur en chef délégué pour toutes les émissions d’information, poste n’existant pas au Service d’information de la CBC à Toronto. De toutes manières, s’il existait avant octobre 1970, la direction l’a davantage trouvé utile après cette fatidique date.    

Ce qui avait changé, c’est qu’avec le Finies les folies de Trudeau du 29 octobre 1969, la direction savait trop bien qu’elle avait maintenant l’obligation de mieux encadrer réalisateurs et journalistes appelés à faire des reportages sur les sujets de politiques canadienne et québécoise.   

Certes, étant donné que la décapitation du mouvement indépendantiste ne s’était pas produite avec la crise comme l’avait espéré Trudeau, il fallait bien couvrir les débats qui avaient cours au Parti québécois. Et on se devait également de souligner les excès de répression excessive utilisée pour annihiler complètement le FLQ, mais il fallait le faire dans des limites raisonnables et c’était le rôle de chacun du rédacteur en chef délégué de voir à ce qu’il en soit ainsi.

Il reste que, fort des fortes personnalités continuant à s’engager politiquement aux côtés de René Lévesque, le nationalisme continuait à croître au Québec. La jeunesse était gagnée à l’idée d’autant plus que les questions d’ordre linguistique prenaient de plus en plus le pas dans les discussions.

Si la chose dérangea profondément Pierre Elliott, elle dérangea tout autant son ami Paul Desmarais. Il fallait faire quelque chose. « Pourquoi ne pas travailler de concert à terrasser le mal absolu qu’est le nationalisme québécois » se sont peut-être-t-ils dit entre deux scotchs.  Un retour à la vieille alliance d’antan, quoi! Mais pas pour la même fin.


Nouvelle alliance entre télé d’État et La Presse

Il faut tout de go resignaler ici qu’en général, CBC/Radio-Canada n’est pas une télévision d’État. Mais sur les ordres de Trudeau, elle l’est devenue pour le Service d’information du Réseau français uniquement quand celui-ci avait  à traiter des questions d’ordre constitutionnel. Il est d’ailleurs à remarquer que, dans ces cas particuliers, tant Marc Thibault, le grand patron, ainsi que les rédacteurs en chef délégués qu’il avait nommés, ont toujours traité les cas litigieux avec parcimonie et doigté.

Il reste que le Service d’information n’est qu’une partie d’un tout qui s’appelle le Réseau français et que celui-ci gère également les émissions de divertissement et à caractères culturelles.

C’est surtout dans ce dernier service que Pierre-Elliott Trudeau, Jean Chrétien et Paul Desmarais vont tenter d’agir pour amener la population québécoise à considérer que le Canada est un beau pays et qu’il ne vaut pas la peine de le diviser.

Nos trois compères se rappellent comment, à l’époque, une émission de pur divertissement, comme Les Couche-tard, avait pu faire évoluer la société québécoise vers la modernité. Trop même ajoutèrent-ils avec dépit, car aucun garde-fou de la part d’Ottawa ne pouvait alors empêcher cette émission de souventes fois faire la promotion de l’émancipation collective des Québécois.  

 Il y avait donc déjà alors un flou entre d’une part, un Service d’information qui se doit absolument d’exercer un certain équilibre en ce qui concerne le temps d’antenne à accorder à chacun des partis politiques, et d’autre part, les émissions de pur divertissement dont il est difficile qu’elles répondent exactement à la règle d’équilibre entre les idées véhiculées par ses participants.  

Alors profitons de ce flou, s’est sans doute dit Paul Desmarais et consorts, pour que La Presse s’immisce dans ce genre d’émission pouvant donc en sous-main véhiculer le message que le Canada est « le plus meilleur pays du monde ».


Un flou personnifié par Michel C. Auger      

Avant d’atterrir à Radio-Canada, Michel C. Auger a œuvré dans moult médias. Ses deux participations à l’émission Tout le Monde en parle (TLMEP), celle du 9 mai 2010 et celle du 15 avril dernier, me permet d’exposer le flou qui a entouré sa présence lors de chacun de ces deux dimanches.  

Le TLMEP du 9 mai 2010 fut accablé d’une plainte venant d’une téléspectatrice soutenant que Michel G. Auger avait dérogé à sa fonction de journaliste en déclarant qu’il y eut « manque de contrôle de qualité quand Gérald Tremblay, Jean Charest et Stephen Harper avaient remplacé Jean Drapeau, René Lévesque et Pierre Elliott Trudeau ».  

Devant une réponse insuffisante à sa requête, Mme A.C. fit appel à l’ombudsman de Radio-Canada. Madame Julie Miville-Dechêne répondit une première fois à la plaignante en se déclarant en accord avec elle, mais tout en plaidant que Michel C, Auger avait admis qu’il avait fait une mauvaise blague.

Mais comme la dame avait été insatisfaite du jugement, Julie Miville-Dechêne se ravisa et donna   les raisons qui la portait maintenant à blâmer Auger. On peut lire cette révision sur le site de l’ombudsman en date du 9 juin 2010. Voici quand même ce qui, à mon avis est important à retenir.

Julie Miville-Dechêne répond comme suit à la plaignante : « Voilà toute la difficulté du mélange des genres pour les journalistes de Radio-Canada. Ils sont invités à des émissions où le but est de divertir. (…) Mais contrairement aux autres invités de Tout le monde en parle, les journalistes de Radio-Canada sont soumis aux Normes et pratiques journalistiques, même s’ils participent à une émission de variété. »

Et JM-D de conclure: « Dire à la blague qu’il y a un « manque de contrôle de qualité » chez les politiciens au pouvoir s’apparente à des opinions sur une question controversée.  Les Normes et pratiques journalistiques de Radio-Canada n’ont donc pas été respectées. »

Donc, de l’avis de l’ombudsman, ces dites Normes n’ont pas été respectées par Auger lors de son passage à l’émission du 9 mai 2010. Mais, comme il n’y eut aucune plainte lors de sa participation au TLMEP du 15 avril dernier, il aurait donc cette fois agi en conformité avec les Normes en vigueur pour un journaliste de Radio-Canada invité à participer à une émission de divertissement dans lequel il y a forcément mélange des genres.   

Je considère qu’il eut grand mélange des genres dans  ce TLMEP du 15 avril 2018 car nous étions avec un Michel C. Auger venu là pour y « déboulonner des mythes » dont au moins trois ressemblent comme deux gouttes d’eau aux questions qui hantent notre « minorité historique » et qui, de ce fait, deviennent des thèmes importants pour le PLQ. 

En fait, en ce dimanche 15 avril, ce TLMEP de Guy A. était aux antipodes des Couche-tard de Baulu et de Normand.


Un TLMEP bien contraire aux Couche-tard

Dans les années soixante, les Couche-tard était une émission de divertissement qui ne se souciait guère de ce que pouvait penser Robert Rumilly à propos du mélange des genres.

Toute diversifiante qu’elle était, l’émission avait un billet libéral qui ne pouvait que plaire aux patrons du Réseau français, des gens à l’esprit libéral se flattant du fait que le réalisateur Bissonnette faisait toujours en sorte d’inviter à l’émission des personnes qui, chacune en leur domaine, militait en faveur d’un Québec plus ouvert sur le monde.

On sait que madame Berthiaume, la patronne de Normand Hudon à La Presse, était d’accord avec les positions éditoriales de Jean Bissonnette et a encouragé son caricaturiste à se joindre à l’équipe des Couche-tard.     

Le Tout le monde en parle du 15 avril 2018 tourne le dos à ce qu’ont été les Couche-tard dans les années soixante et, ce faisant, à la Révolution tranquille. Le « journaliste » Michel C. Auger y est venu transmettre un message correspondant point par point à celui du Parti libéral de Philippe Couillard concernant principalement la question du français, de l’immigration et du Bonjour Hi, un programme politique tout-à-fait en accord avec le multiculturalisme prôné par les Trudeau père et fils.


Le profilage idéologique de TLMEP

Les jours qui précèdent le jeudi de l’enregistrement d’un TLMEP, question d’être cohérent avec la marque de l’émission, journaux, radio et télé sont méthodiquement épluchés afin de savoir quelles sont les personnalités dont on parle le plus en ville.    

Il reste qu’une des grandes préoccupations est celle de vérifier si, tout en étant fortement charismatique, un des potentiels invités aurait le défaut d’être un peu trop nationaliste québécois. Il est alors tout-à-fait plausible de penser qu’on donnerait alors aux recherchistes la tâche de dénicher une toute aussi autre personnalité charismatique qui serait apte à neutraliser le discours si peu pro-Canada du premier.  

Étant donné que Michel C. Auger a le profil du second plutôt que du premier, il ne fut aucunement nécessaire pour ce TLMEP du 15 avril, de dénicher quelqu’un qui viendrait le contredire dans l’opinion qu’il a d’une société québécoise coincée dans 25 mythes tenaces.  

Dès la première question de Lepage, Auger se met en train de « déboulonner » son premier mythe qui voudrait que le français soit en recul au Québec. « Y a 94,5 % des Québécois c’est le chiffre le plus élevé que l’on a jamais eu - qui seraient capables d’avoir une conversation en français. » 

Notre « analyste » ne parle que de la connaissance suffisante du français pour pouvoir se dénicher un emploi chez McDo, mais il confond ce simple rudiment avec l’objectif que s’était fixé Camille Laurin en 1977 : faire que le français devienne la langue commune publique de tous les gens vivant au Québec.

C’est tout le contraire qui est en train de se produire lui répond dans Les Faits sont têtus monsieur Auger,  un universitaire aussi chevronné que Charles Castonguay.  À notre journaliste vedette déclarant que serait en hausse la proportion des Québécois ayant le français comme première langue officielle parlée, Castonguay lui réplique qu’entre 2001 et 2016, leur poids baisse constamment. Cette proportion aurait passée de 85,0 à 83,7 %. C’est le poids de la minorité officielle de langue anglais qui est en hausse conclut-il.

Cet éminent professeur peut bien avoir une chronique sur le sujet dans L’aut’journal, il ne sait que trop qu’au lendemain de ce 15 avril, une recherchiste de TLMEP ne tentera pas de le contacter pour qu’à l’émission du 22, ou celle du 29, il puisse rectifier les faussetés de Michel C. Auger.    

Au lendemain du 15 avril, le cellulaire de Frédéric Lacroix risquait encore moins de vibrer car son pamphlet Apprendre à « voter  du bon bord » avec Michel C. Auger ne pouvait que déplaire à l’équipe de TLMEP. Lacroix a le défaut de trop rappeler l’espèce de relation incestueuse qui, surtout depuis le référendum de 1995, il existe entre Radio-Canada et La Presse.

Dans L’aut’journal, Lacroix donne les raisons subjacentes faisant que l’équipe de l’émission Médium large aurait, en ce vendredi 13 avril, accordé un gros 25 minutes d’antenne à Auger afin qu’il explique en quoi son livre, évidemment publié aux Éditions de La Presse, pourra être utile le matin du 1er octobre.

On peut comprendre. Du fait même que Castonguay et Lacroix ont tous deux jeté leur prose dans L’aut’journal - un hebdo de gauche et indépendantiste - ne pouvait pousser un seul recherchiste de TLMEP à se monter audacieux, mais un seul d’entre eux, aurait au moins pu signaler qu’un certain Marc Termote existe et qu’il a toute la compétence nécessaire pour qu’il rectifie les tirs mal ciblés d’Auger concernant l’immigration.  

En 2010, le démographe n’avait-il pas titré L’immigration n’est pas une solution démographique et économique. Ce fut lors d’un colloque organisé par l’IRÉC sur le thème Le Québec face à ses pénuries de main-d’œuvre.  

À propos des universitaires qu’on invite si peu à la télé divertissante, Marie-France Bazzo utilise présentement toutes les tribunes qui lui sont offertes afin de signaler que, nos grands médias refusent de programmer des émissions à l’intérieur desquels il y aurait des débats sur les questions importantes auxquelles notre nation est confrontée. Elle le fait sans trop se rendre compte qu’en ce faisant, elle risque de se brûler les ailes.


Le risque que court Marie-France Bazzo 

L’assassinat de Bazzo.tv, c’est le titre résolument provocateur que Mathieu Bock-Côté a voulu donner à son blogue du 18 janvier 2016.   

Ce fut bien d’un assassinat dont il s’était agi. Décidément, tout le flou entourant une émission de divertissement qui aborde des sujets sérieux apparaissait à nouveau avec la disparition de Bazzo.TV dès la fin de mai 2016.    

Si j’ai bien compris, les gens de Patrimoine Canada, auraient jugé que Bazzo.TV voguait trop vers la catégorie variétés et que, de ce fait, elle ne répondait plus aux critères qui, dans le passé, l’avait rendu acceptable à leurs yeux.

Quel faux-fuyant qu’une telle raison. On sait trop bien que ce qui agaçait le plus les mandarins à Ottawa, c’est plutôt la propension qu’avait la productrice à constamment inviter des universitaires afin qu’ils débattent entre eux des sérieux problèmes confrontant la société québécoise. Or, si Ottawa avait réussi en 1968 à récupérer le contrôle de ce qui se produisait au Réseau français, il se sentirent tout aussi légitimés d’exercer ce contrôle sur Télé-Québec.

Mais cette fin de Bazzo.TV ne fut que peccadille par rapport à ce que l’animatrice avait vécu un an plus tôt. Dans son texte du 29 mars 2015, Divergences et divorce entre Bazzo et Radio-Canada, Stéphane Baillargeon du Devoir décrit la tuile qui, quelques deux jours plus tôt, était tombée sur la tête de la « morning woman » de C’est pas trop tôt (PTT).    

Dans le volet numérique du Devoir expliquant ces dramatiques journées, on peut entendre une Marie-France Bazzo qui, le vendredi, 27 mars, annonce, la voix étranglée par l’émotion, qu’elle vit sa dernière semaine comme animatrice de CPTT.

Elle ajoute qu’elle quitte en raison de divergences quant à l’orientation de l’émission entre elle et la direction. Tout en espérant que ces divergences pourraient un jour s’estomper. Après avoir annoncé qu’elle retourne à sa maison de production, elle ajoute : « Je suis certaine de vous retrouver à la radio un jour… »

Ça n’a pas pris de temps après que « Mme Bazzo (ait) lâché sa bombette » dixit Baillargeon, pour que, la direction de la Société émette un communiqué. Et ce fut dans un langage sibyllin que Patricia Pleszczynska, directrice générale d’ICI RC Première, y écrit : « Nos orientations futures nous ont amenés mutuellement à tirer la ligne sur la matinale »   

Baillargeon signale que la rumeur avait circulé voulant que des membres de l’équipe de CPTT n’appréciaient guère que l’animatrice ne fusse pas aussi présente à l’émission que René Homier-Roy, son prédécesseur, mais il reste que l’orientation que le successeur de Bazzo a depuis donnée à l’émission nous porte à croire que ce fut bien plus les divergences d’orientation entre l’animatrice et la direction qui firent flopper CPTT.

Est-ce qu’Alain Gravel a pris la barre de l’émission matinale montréalaise d’ICI RC Première dès la fin des fêtes pascales? Ce qui importe ici c’est que  Gravel le matin (GLM) est présentement une émission fortement aseptisée par rapport au C’est pas trop tôt de Bazzo.  Car on n’y procède dorénavant plus à des débats en direct avec des gens ayant des opinions contraires à propos de problèmes concernant l’actualité du jour.  

Avec CPTT, de tels débats étaient présentés immédiatement après le bulletin de nouvelles de huit heures. Au moment du plus grand afflux d’auditeurs à une émission matinale.

Débats en alternance. Je peux ici me tromper, mais je crois que les lundi et mercredi, Lise Ravary et Gabriel-Nadeau Dubois étaient appelés à croiser le fer sur le sujet chaud du jour, tandis que les mardi et jeudi, c’était au tour de Mathieu Bock-Côté et d’Yves Lapierre à s’exécuter. Le vendredi, Bazzo avait décidé de faire léger en confiant à l’humoriste Fred Savard le soin de faire mouche avec « un gars des sports ».

À mon humble avis, c’est avec cette initiative de débats que Marie-France Bazzo s’était irrémédiablement brûlé les ailes. Elle avait trop oublié que même si en 2015, il était plutôt en sourdine, le « Finies les folies » de Pierre-Elliott Trudeau était toujours en force.

Comment en effet les bonzes à Ottawa pouvaient accepter qu’à une émission matinale aussi hautement cottée puisse permettre à un des débatteurs de remettre en cause le multiculturalisme canadien? Ou la justesse de la Charte canadienne des droits et libertés ?

Procéder à de tels débats, surtout avec un aussi fort en verbe que ce Bock-Côté, n’était-ce pas aller à l’encontre de la Loi canadienne de la radio-télédiffusion qui stipule que Radio-Canada a pour mandat d’œuvrer à l’unité canadienne?


Processus de normalisation au 95,1

Nous avons en effet assisté à un tel processus à Radio-Canada ICI Première en mars 2015. « Il fut heureux que l’on ait déniché Alain Gravel pour remplacer Marie-France Bazzo », entendait-on murmurer dans les cercles du pouvoir à Ottawa. Tous se rappelaient comment Gravel avait aidé la Cause quand, à quelques jours du scrutin de 2014, le journaliste avait présenté son reportage à Enquête, où il révélait que le mari de Pauline Marois était impliqué dans un scandale de corruption.

Prenant aucun risque d’être pris avec une poursuite en libelle diffamatoire, je me dois de préciser que, le  18 février 2015, il y eut un premier blâme venant du Conseil de presse contre Radio-Canada dans cette affaire, mais que le 20 décembre 2017, ce blâme fut renversé par le même Conseil.   

Il reste que, depuis ce temps, Gravel s’est avéré un très bon gars ne faisant pas trop de vagues à son Gravel le matin. Comme il fallait bien qu’un analyste de l’extérieur commente l’actualité après le bulletin de nouvelles de huit heures, Gravel a tout de suite penser à Gabriel Nadeau-Dubois. Depuis la révolte estudiantine de 2012, GND est d’emblée reconnu comme progressiste. Mais pas trop nationaliste.

Mais au printemps 2017, GND annonce qu’il fait le saut en politique. Il faut donc le remplacer. Encore une fois, Gravel opte pour une valeur sûre. Il ne fera certainement pas trop de vagues avec le comédien Vincent Gratton. Celui-ci milite ardemment contre les paradis fiscaux, mais se garde bien de prétendre que le Québec y arriverait mieux en dehors du Canada. Quant à Marie Grégoire… tout va très bien, madame la marquise.

Mais on a beau s’intéresser au 95,1 qui se doit de toujours avoir de l’audace afin d’enlever un nombre imposant d’auditeurs au Arcand du 98,5, il reste que, depuis le chambardement politique qu’a pu causer en 2011 le passage de Jack Layton à Tout le monde ne parle, c’est de ce côté que nos bonzes à Ottawa espèrent un jour terrasser l’hydre séparatiste une fois pour toute.   C’est pour cela qu’on en vient à espérer qu’il survienne un Jack Layton Two au moment le plus favorable à Tout le monde en parle. Mais assez parler. Il faut bien en garder pour demain, dernier jour de ce feuilleton.