Le Canada et le Venezuela : Que faire pour manifester notre dissension?

2019/03/04 | Par Pierre Jasmin

L’auteur est co-président d’honneur du Mouvement québécois pour la paix

Le site des Artistes pour la Paix a consacré plusieurs excellents articles (André Jacob, Christian Morin,…) pour tenter de corriger la propagande de guerre qui sévit dans nos médias, car il nous semble, en toute situation potentielle de guerre, de rappeler les faits.


Le Venezuela et ses alliés du 23 février

La situation tendue au Venezuela réclame une attention soutenue, que notre ministre des Affaires extérieures Chrystia Freeland a choisi de tenter de régler en tournant le dos au Mexique, pourtant notre plus proche allié de l’ALENA, et aussi aux Nations unies; or le Secrétaire général Antonio Guterres a blâmé les États-Unis de vouloir envoyer, sans en aviser le président élu Maduro, de l’aide humanitaire (que des sources autorisées croient contaminée par des armes). Maduro est appuyé principalement par la Russie, dont la ministre canadienne de descendance ukrainienne est l’ennemie mortelle.

Que faire pour manifester notre dissension face à la propagande? Le Mouvement Québécois pour la Paix, à l’initiative de Bill Sloan et Amir Maasoumi, a organisé samedi le 23 février une manifestation à Montréal. Malcolm Guy, membre exécutif du MQP, activiste social et politique ainsi que réalisateur et producteur de films chez Productions Multi-Monde, nous informe que la presque centaine de manifestants a marché du Carré Phillips à l’ambassade américaine, pour finir devant le complexe gouvernemental fédéral Guy-Favreau. Martin Duckworth, membre émérite des Artistes pour la Paix présent à la manif et cinéaste engagé récompensé par le Prix du Québec Albert Tessier 2015, signale «combien la manif a rassemblé pas mal de monde en appui au Venezuela, en particulier des Haïtiens», car on connaît les distributions généreuses de pétrole de Chavez à l’île, hélas aux prises avec une terrible crise économique et politique aggravée par la corruption de ses leaders.


Un front progressiste populaire en vue du 30 mars

L’appel d’un front progressiste populaire étendu à toute l’Amérique avait désigné le 23 février première étape, avant une seconde plus importante le 30 mars pour protester contre l’OTAN qui « fêtera » ses 70 ans. Il y aura rassemblement tout l’après-midi au Parc Lafayette devant la Maison Blanche à Washington, et il a été décidé que cette manif anti-OTAN comprendrait un important volet pro-Venezuela. On sait que la Colombie qui a à nouveau élu en 2018 un gouvernement de droite, en succession du président lauréat du Prix Nobel de la Paix 2015 Juan Manuel Santos Calderón, est devenue le premier pays sud-américain partenaire de l’OTAN. L’Amérique du Sud, Centrale et les Caraïbes s’étaient pourtant déclarées Zones Libres d’Armements Nucléaires grâce au traité de Tlatelolco (quartier de Mexico) entré en vigueur le 25 avril 1969, puis signé par 33 pays, Cuba étant le 33e pays adhérent en 2002.

Heureusement au début de la semaine dernière, la réunion en Colombie du Groupe de Lima avec le vice-président Mike Pence a reculé devant l’irresponsable intention du président américain Donald Trump d’entreprendre une action armée en vue d’imposer « l’aide humanitaire » au Venezuela. L’armée de Maduro a bloqué un des ponts provenant de la Colombie avec un grand concert pour la paix : pas étonnant de la part du pays qui a vu naître l’extraordinaire mouvement d’éducation musicale el sistema! Comme on l’a lu sur notre site, Noam Chomsky a dénoncé les plans d’invasion des États-Unis. Rappelons ses écrits où il dénonce le concept de « guerre humanitaire » ou du R2P (Responsability to Protect) du Canadien Lloyd Axworthy ou du Français Bernard Kouchner, à propos duquel la propagande a peu publicisé sa dénonciation par la Croix-Rouge : la ministre Freeland a largement subventionné les Casques Blancs syriens[1], qui mêlaient armes et aide, et elle s’acoquine maintenant avec le Groupe de Lima voulant utiliser la même tactique!

On peut endosser[2] la solidarité internationale contre l’OTAN qui tente de s’emparer d’un pays fragilisé économiquement par sa mauvaise gestion de son pétrole, extraordinairement envenimée par un blocus impitoyable par les États-Unis et leurs alliés brésilien d’extrême-droite et colombien.

Please donate to keep the United National Antiwar Coalition (UNAC) strong[3].

Signalons aussi l’organisme World BEYOND War [4].

Enfin, pour une opinion journalistique experte, on lira l’article du 21 février par John Pilger
THE WAR ON VENEZUELA IS BUILT ON LIES.