Budget insuffisant en éducation

2019/03/26 | Par Éric Pronovost

L’auteur est président de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ)

À la lecture du budget, on constate que l’éducation n’a pas obtenu les sommes qu’elle méritait. On s’attendait à plus. Il est temps que la vapeur soit renversée, car les années d’austérité ont affecté les services aux élèves.

Par contre, on en aurait voulu encore plus, car les besoins sont criants dans le milieu de l’éducation.  En augmentant le budget en éducation préscolaire, primaire et secondaire de 4,9%, le gouvernement comble les coûts du système qui seront de 4,1%. Je souhaitais des montants encore plus importants pour que les élèves obtiennent tous les services auxquels ils ont droit.

 

Ajout de classes spécialisées

L’ajout de 150 classes spécialisées permettra de répondre à certains besoins, mais étant donné qu’il y a 72 commissions scolaires au Québec, cela permet l’ouverture d’environ deux classes pour ces territoires. Le soutien de ces clientèles est indéniable, car les interventions doivent être adaptées.

Il faudra améliorer les conditions d’exercices si on veut attirer des techniciennes en éducation spécialisée et des préposées aux élèves handicapées dans ces classes. C’est en ajoutant des tâches complètes que ces classes d’emplois deviendront plus attirantes.

 

Augmenter les services de soutien

L’ajout de 600 personnels de soutien et professionnels permettra d’offrir des services à des élèves qui en ont besoin. La demande est encore plus grande dans nos milieux, car il arrive trop souvent que le personnel de soutien ne réponde qu’aux urgences, ce qu’on appelle « jouer au pompier », car on ne peut utiliser adéquatement toutes les bonnes techniques d’intervention. Lorsqu’on travaille avec des enfants, il est primordial de prendre le temps qu’il faut pour prévenir, pour outiller et pour aider. Ce n’est pas en surchargeant le personnel qu’on peut y arriver.

 

Activités parascolaires au secondaire

En ajoutant une heure d’activité physique, culturelle, d’engagement communautaire ou d’aide aux devoirs dans les écoles secondaires, on vient offrir une occasion de faire bouger les étudiants et de leur permettre de s’impliquer dans leur milieu. Les techniciens en loisirs ont développé une expertise exceptionnelle pour permettre à ces jeunes de s’accomplir.

Malheureusement, le nombre de techniciens en loisirs est trop variable d’un établissement à l’autre. Certaines écoles secondaires de 2 500 élèves ont la chance d’en avoir trois, alors que d’autres établissements comparables n’en ont qu’un seul. Si on veut une offre d’activités intéressantes, il faut qu’il y ait des ressources suffisantes.

 

Uniformisation de la taxe scolaire

La réduction du compte de la taxe scolaire sera compensée par un montant de 982 M $ qui aurait été bien profitable pour nos écoles. Avec un montant de près d’un milliard, nous aurions pu répondre aux besoins plus adéquatement.

 

Améliorer les bâtiments

Nos écoles bâties majoritairement dans les années 70 ont un besoin pressant d’être rénovées et l’augmentation de la clientèle nécessite de nouveaux établissements. En ajoutant 14 G $ sur dix ans en éducation, le plan d’investissement dans les infrastructures permettra de répondre à des besoins urgents.

Par contre, il y a déjà plusieurs commissions scolaires qui ont de la difficulté à trouver des entrepreneurs pour répondre à la demande. Le gouvernement aurait dû profiter de l’occasion pour permettre au personnel de soutien manuel d’effectuer davantage de travaux au niveau de l’électricité, de la plomberie et de la menuiserie. Ces gens ont déjà une expertise importante et coûtent deux à trois fois moins qu’un entrepreneur. Avec le même montant, les commissions scolaires en obtiendraient davantage.

 

Valoriser la profession

En éducation, il y a plusieurs catégories de personnels. Le gouvernement semble encore oublier le personnel de soutien en misant uniquement sur la valorisation des enseignants. Dans nos établissements, c’est grâce à la collaboration de tous les intervenants que nous pourrons améliorer les choses. Je comprends qu’il faudra encore longtemps rappeler au premier ministre que l’éducation, c’est aussi nous, le personnel de soutien scolaire.