Rupture définitive de Steven Guilbeault avec le mouvement écologiste

2019/10/16 | Par Collectif

L’urgence climatique n’échappe à personne de raisonnable et de responsable. Il y a un an, l’écologiste vedette Nicolas Hulot démissionnait du gouvernement Macron, incapable d’y exercer une influence significative dans le combat pour le climat. Il justifiait sa décision ainsi : « Je ne veux plus me mentir ».

C’est ce même devoir de vérité devant l’urgence climatique qui nous pousse à écrire aujourd’hui pour mettre les Canadiens et Canadiennes en garde contre les promesses des « voies ensoleillées » du Parti Libéral du Canada et contre le maquillage vert auquel se livre Steven Guilbeault qui se présente comme candidat dans Laurier—Sainte-Marie, une des circonscriptions les plus progressistes au Québec.

Nous, les signataires de cette lettre, cumulons ensemble plusieurs dizaines d’années d’expérience dans le mouvement écologiste québécois. Nous nous exprimons à titre personnel, mais nous connaissons intimement les forces et les faiblesses de notre mouvement, ses succès, ses échecs, les rouages de ses mobilisations et le processus laborieux menant à ses consensus.

Nous connaissons suffisamment le mouvement environnemental de l’intérieur pour pouvoir affirmer sans détour que depuis plus de quinze ans et sur de multiples dossiers, M. Guilbeault a adopté des positions non seulement contestables, mais parfois même totalement incompatibles avec l’atteinte des objectifs établis dans l’Accord de Paris —des objectifs fixés ... par un gouvernement conservateur !

Sur des projets aussi sensibles et critiques pour le climat que la centrale thermique du Suroît, l’exploitation des gaz de schiste au Québec, le port méthanier de Rabaska et plus récemment la cimenterie de Port-Daniel, les positions de Steven Guilbeault ont systématiquement contredit, contrecarré et parfois même saboté les efforts acharnés et les luttes patientes de dizaines de groupes écologistes ainsi que de centaines de milliers de citoyens, ceux-là même qui marchaient pour l’environnement à travers le Québec le mois dernier.

En dépit de tout cela, Steven Guilbeault agissait jusqu’à récemment à titre de co-directeur d'Équiterre, et si l’on pouvait questionner les vertus de ces compromis, on pouvait néanmoins raisonnablement croire en son engagement pour l'environnement.

Mais, aujourd’hui, le candidat libéral se présente pour un parti qui, malgré une opposition des Premières Nations suffisamment éloquente pour dissuader la pétrolière Kinder Morgan, a choisi d’engloutir 4,5 milliards $ de fonds publics dans l’achat de l’oléoduc du projet Transmountain.

Ce projet a pour but de permettre aux entreprises pétrolières d’augmenter l’exploitation des sables bitumineux, notoirement connu comme le pétrole le plus polluant et dangereux pour le climat.

Comment un véritable écologiste peut-il ignorer ainsi le consensus environnementaliste mondial qui réclame une sortie rapide de l’exploitation des sables bitumineux? Comment expliquer qu’il se range du côté de ces oligarchies qui sabotent toute initiative de transition écologique au Canada en toute connaissance de cause?

Dans une société comme la nôtre, Steven Guilbeault est parfaitement en droit d’avoir des ambitions de carrière et de pouvoir. Mais devant les compromis incompatibles que cela requiert, son devoir de transparence et de vérité est de renoncer à toute prétention écologiste.

Le choix de Steven Guilbeault de se porter candidat du PLC dans le contexte actuel est le dernier geste d’un long parcours qui l’a éloigné de l’écologie et de la lutte pour le climat. À l’opposé, le geste de Nicolas Hulot rappelle l’urgence d’agir et illustre notre devoir de vérité.

Nous, les signataires de cette lettre sommes conscients et conscientes que les règlements iniques imposés par le gouvernement Harper à Élections Canada devraient nous dissuader d’émettre notre point de vue, mais le coeur du problème est justement là : l’urgence climatique est une réalité, pas une opinion.

Signataires : AndréBélisle, Pascal Bergeron, Laurence Guénette, Alison Hackney, Henri Jacob, Bruno Massé, Martin Poirier, Anne-Marie Saint-Cerny

Témoignant à titre personnel, les signataires de cette lettre œuvrent ou ont œuvré au sein de : Action Boréale, Association Québécoise de Lutte contre la Pollution Atmosphérique (AQLPA), Coalition Verte, Coule pas chez nous, Fondation Rivières, Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE), Sauvons L’Anse-à-L’Orme, Société pour Vaincre la Pollution, Transparence

 

 

Crédit photo : montrealgazette.com